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14H26 - mercredi 17 janvier 2024

L’Afrique du Sud et son appréciation de « génocide » à géographie variable. Tribune de Jacky Mamou et Ilana Soskin

 

La procédure initiée par l’Afrique du Sud contre Israël pour des accusations de génocide est un crachat au visage des victimes du Darfour.

L’Afrique du Sud a déjà piétiné la Convention internationale de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide – qu’elle brandit aujourd’hui contre Israël. Elle a accueilli sur son sol le Président soudanais Omar El Béchir alors sous le coup de deux mandats d’arrêt internationaux de la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité et génocide.

En juin 2015, l’Afrique du Sud s’est ouvertement moquée des juridictions internationales. Elle a refusé de procéder à l’arrestation d’Omar Al Bashir président du Soudan et à la remise de celui-ci à La Haye pour être jugé par la CPI des crimes commis contre les civils du Darfour.

Cette trahison de ses engagements avait fait l’objet d’une condamnation de principe par la CPI. En effet le 6 juillet 2017 la Cour jugeait que ce pays avait manqué à ses obligations en n’exécutant pas la demande d’arrestation et de remise à la Cour du tyran, alors président du Soudan, qui lui avait été transmise de manière formelle dans les jours qui avaient précédé son arrivée en Afrique du sud.

L’Afrique du Sud s’inquiète-t-elle réellement du sort des victimes de génocide ?

Tout laisse à penser le contraire. Béchir était le responsable en chef des exactions de masse à l’encontre des populations.  Il était alors le chef des forces armées et des milices janjawid recrutées parmi les tribus arabes qui ont commis d’innombrables meurtres, des destructions de milliers de village. Le viol a été utilisé comme arme de guerre et d’épuration ethnique. Les violences sexuelles et les tortures étaient utilisées systématiquement. Ces violences qui ont causé plus de 300 000 morts et avaient pour but le déplacement forcé de 2,5 millions d’Africains noirs dans l’intention pure et simple de détruire leur présence dans la région.  

Le gouvernement de Prétoria continue à inviter des Soudanais meurtriers de masses, sans complexe. Récemment Cyril Ramaphosa, le chef de l’Etat sud-africain, recevait le général « Hemetti » – Mohammed Hamdan Daglo de son vrai nom. Celui—ci outre son passé génocidaire au Darfour chez les Janjawids est aussi considéré comme un des bouchers qui massacra à Khartoum les manifestants pacifiques demandant l’avènement d’un régime démocratique en 2019. En ce moment, il met à feu et à sang son pays dans une lutte de pouvoir contre le général Burhan, chef de l’armée régulière. Cette rencontre s’est soldée par une chaleureuse poignée de main.

Si l’Afrique du Sud se préoccupait de la question des génocides, elle aurait collaboré avec la justice internationale plutôt que d’offrir une impunité à un dictateur sous le coup de deux mandats d’arrêt. Elle ne participerait pas à l’opération de réhabilitation du meurtrier Hemetti.

Qui peut croire que la grande préoccupation de Ramaphosa soit le sort des lointains Palestiniens, alors qu’est dédaigné la plus proche tragédie des populations africaines du Soudan ? Son dessein est de gagner de la surface sur le plan international, auprès de ses amis des BRICS et de flatter le sentiment national en vue des prochaines joutes électorales où son pouvoir peut être menacé.

 

Jacky Mamou et Ilana Soskin sont cofondateurs du Collectif Urgence Darfour en 2004.

Jacky Mamou, médecin et Président du Collectif Urgence Darfour,

Ilana Soskin, avocat au Barreau de Paris et à la Cour Pénale internationale

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Michel Taube