Au sortir de la crise du monde agricole et après l’effet « waouh » provoqué par la nomination de Gabriel Attal, plus jeune Premier ministre de la Ve République, puis celle de Rachida Dati, très belle « marque » issue de la droite, au sein d’un groupe resserré de quinze ministres, la nomination du reste du gouvernement était attendue avec impatience.
Tout d’abord il s’agissait de répondre à quelques objectifs bien précis, à commencer par doter certains domaines particulièrement importants de l’action publique de titulaires identifiés et à plein temps. Mission accomplie dans le Logement, secteur déjà en crise dans lequel Guillaume Kasbarian devra trouver des solutions audacieuses, dans les Transports avec Patrice Vergriete, spécialiste reconnu du sujet, et dans la Santé bien sûr avec Frédéric Valletoux, confronté à la difficile équation des pénuries de soignants dans la médecine de ville et des difficultés multiples de l’hôpital.
Il s’agissait aussi d’extraire Amélie Oudéa-Castera du supplice que ses premiers mots maladroits la condamnaient à subir indéfiniment si elle restait à l’Éducation nationale. Elle pourra de nouveau se consacrer aux Sports, un milieu dans lequel elle est appréciée, ainsi qu’évidemment à l’organisation des Jeux Olympiques, l’événement majeur en France et dans le monde en 2024. L’avenir nous dira si le retour au gouvernement de l’Aveyronnaise Nicole Belloubet est la solution qu’attend le pays : elle aura le mérite dans un premier temps, spécialiste de la question en tant qu’ancienne rectrice, d’apaiser les syndicats de l’Éducation nationale et, issue de la gauche, d’envoyer un signal inespéré à cette aile de la macronie qui semblait en voie de disparition. Ce n’est pourtant pas là qu’on l’attend, c’est sur le déploiement de la nouvelle politique dessinée par Gabriel Attal lors de son passage rue de Grenelle.
En réalité, sans nouveaux débauchages de poids lourds de la droite et moyennant le coup de sang de François Bayrou, qui a claqué la porte du gouvernement sans y être entré (et dont la relaxe « au bénéfice du doute » dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Modem a été remise en cause par l’appel du parquet), ce remaniement relève davantage d’une réorganisation technique que d’une réorientation forte, qui n’avait pas lieu d’être quelques semaines seulement après la nomination de Gabriel Attal. L’effet « pschitt » que dénoncent certains trahit plutôt une déception face à l’absence de spectaculaire de l’opération qu’une analyse politique, qui n’appelait en réalité rien de tel.
Une route dégagée ?
À présent, le gouvernement Attal est au complet, et au-delà des analyses a priori sur la pertinence de telle ou telle nomination, il semble pour la première fois depuis longtemps qu’aucun secteur n’ait été oublié dans la définition des attributions des nouveaux entrants. Les nouveaux ministres délégués et secrétaires d’État auront un rôle important à jouer aux côtés de ministres de plein exercice qui étaient déjà là. Gabriel Attal promet un gouvernement d’« actions et de résultats » : au-delà de la banalité du propos, il est parvenu à en faire de réels marqueurs de sa méthode. Il a lui-même rappelé les prochaines échéances : concrétiser les engagements pris auprès des agriculteurs, mettre en place un « plan antistups » destiné aux villes moyennes et proposer une nouvelle loi sur l’économie qui contribuera à « lever les carcans qui brident les Français ». Autant de sujets qui devraient permettre au gouvernement de sortir de sa posture défensive.
Les tracteurs sont rentrés sur les exploitations : à la nouvelle équipe de faire en sorte qu’ils y restent et de s’attaquer enfin à tous les autres problèmes du pays.