Les élections européennes ont toujours été un bon cru pour les partis écologistes, portant des préoccupations environnementales au cœur du débat politique pour des électeurs souvent conscients que les solutions sont européennes.
Le parti Europe Écologie les verts, les fameux EELV, a su ces dernières décennies s’approprier le sujet jusqu’à en devenir « le garant officieux ». Au grand dam de la cause écologiste vu son programme de gauche radicale, de culpabilisation généralisée.
Ainsi, allié de la France Insoumise mélenchoniste, EELV a opéré progressivement une mue, jusqu’à devenir aujourd’hui le parti garant du wokisme avec Sandrine Rousseau, Marie Toussaint, Marine Tondelier… Vive la cancel culture, le débat sur le genre, la négation de la laïcité autant que de la culture chrétienne de la France… L’écologie portée par ce parti désormais situé à l’extrême gauche de l’échiquier politique n’est autre que punitive.
Pour les Européennes de 2024, la donne a changé : le dérèglement climatique a converti des millions de citoyens au respect de l’environnement et pourrait les transformer enfin en électeurs verts si l’offre politique est réellement verte et non pastèque, c’est-à-dire rouge dès que l’on gratte un peu.
Or qui sont les candidats écologistes aux prochaines européennes ?
Une foison de candidats verts se disent sur les rangs. Mais combien seront-ils à l’arrivée ? Combien ont un programme sérieux ? Et combien ont les moyens de se payer une campagne nationale pour un scrutin de liste à un tour sur une seule circonscription : la France ?
Le Mouvement écologiste indépendant, l’Union des Centristes et écologistes, L’écologie au Centre… Autant de partis qui se revendiquent écologistes et anti EELV, et prônent pour certains « une écologie responsable », pour d’autres « une écologie de droite ou du centre ». Leur point commun : leur ambition d’être les fossoyeurs d’EELV et les nouveaux porte-drapeaux de cette nouvelle écologie, seule à même de rassembler ces nouveaux électeurs potentiels.
Rivalités d’ego
Parmi ces candidats, Jean Marc Governatori, en rupture de ban avec EELV, élu niçois, chef d’entreprise nommé 2 fois meilleur gestionnaire de France, laboure la France depuis vingt ans et a écrit une quinzaine de livres pour l’écologie. Il multiplie les conférences de presse locales comme en témoigne son site Internet, avec chaque fois les délégués locaux de son parti.
On retrouve aussi Antonio Duarte qui se revendique propriétaire du nom « les écologistes », plusieurs fois allié à Renaissance, il se défend pourtant d’être macroniste. Il dit souhaiter axer sa campagne sur les questions de souveraineté européenne plus que sur l’écologie qu’il considère comme un moyen d’obtenir des résultats en matière de politiques européennes.
Le vice-président de la région île de France, l’Alsacien Yann Wehrling entend également mener une liste écologiste avec les soutiens de partis régionalistes, mais aussi animalistes. Leur modèle de ligne est celui des Grünen allemands.
Iris Nakov, avocate, sera tête de liste du Rassemblement écologiste pour le vivant, l’Europe et les territoires, liste soutenue par le candidat à l’élection présidentielle de 1988, cet autre Alsacien Antoine Waechter.
Tous ces partis font le même aveu : « Ce qui les rassemble est plus grand que ce qui les sépare ». Mais pourquoi ne font-ils pas une grande alliance utile de l’écologie responsable en mesure de faire bloc face à EELV et de ravir leurs sièges d’eurodéputés ?
Ils estiment tous être en meilleure position que les autres pour mener le combat. S’il y a bien eu de nombreuses tentatives d’alliance pour former une liste unique, elles ont toutes échoué car ils butent sur le nom de la tête de liste.
De plus, les différences stratégiques et les rivalités personnelles entre les dirigeants des différents partis écologistes contribuent également à cette fragmentation. Les luttes internes pour le pouvoir et les désaccords sur les priorités politiques affaiblissent la capacité du mouvement écologiste à présenter une vision cohérente et unie aux électeurs.
L’équation financière
La clé de l’alliance est en réalité financière : le coût moyen d’une campagne pour les élections européennes étant de deux millions d’euros, ils ne reçoivent aucun ou très peu de financement public.
Souvent ces mouvements ne comptent que très peu d’adhérents avec des cotisations très faibles…
Antonio Duarte assure qu’il trouvera les financements nécessaires mais reste évasif lorsqu’on le consulte.
Yann Wehrling, un tantinet utopiste, allié de sept petits partis groupusculaires, pense que la somme de leurs comptes permettra le financement d’une campagne : les comptes de ces partis avoisinent selon nos informations entre 0 € pour les uns et quelques financements publics d’à peine 100 000 € annuels pour les autres, problématique similaire chez Iris Nakov.
Marine Cholley, d’Equinoxe, petit parti créé en 2021, et dont ce sera donc la première tentative européenne, manque de moyens financiers par rapport au budget nécessaire.
La situation est différente pour Jean Marc Governatori qui dispose d’une fortune personnelle générée par son passé d’entrepreneur. Dans la catégorie des écologistes anti EELV, il est le seul qui financièrement est en mesure de mener campagne.
Un petit effort, Mesdames, Messieurs !
En conclusion, la fragmentation des partis écologistes anti EELV entraînerait une dispersion des votes et une dilution de leurs chances d’atteindre la symbolique barre des 5% indispensables pour obtenir des élus au Parlement européen.
La division des partis écologistes responsables aux élections européennes risque de permettre à EELV de garder sa position dominante, au moment même où une demande électorale d’une écologie pragmatique émerge.
Alors qu’elle peut affaiblir l’influence politique d’Europe Écologie les verts, une alliance des partis écologistes offrirait également la possibilité d’enrichir le débat politique et de mieux représenter la diversité des opinions environnementales.
Pour réaliser pleinement leur potentiel, les partis écologistes doivent travailler ensemble pour surmonter leurs différences et présenter une vision unifiée et convaincante aux électeurs.
Face à Marie Toussaint, il faudra un rival écologiste et un seul pour offrir une alternative et supplanter enfin les écolos pastèques par des écologistes responsables.
Laurent Tranier
Rédacteur en chef d’Opinion Internationale, chef de rubrique Opinion Ruralités, et fondateur des Éditions Toute Latitude