Le journaliste Hugo Clément déclarait récemment : « La gauche a kidnappé l’écologie à partir des années 1990 » en réponse à la violente polémique suscitée par son débat avec Jordan Bardella, tenu en avril 2023 dans le cadre du Grand Déb at des Valeurs par Valeurs actuelles.
Une mise au point salutaire…
L’écologie peut-elle être au centre ou à droite ?
Les premiers responsables politiques français à agir concrètement pour la protection de l’environnement furent De Gaulle, Pompidou et Giscard avec en particulier la création du ministère de l’environnement, l’instauration du principe du pollueur payeur et la création des parcs naturels régionaux dans les années soixante suivie lors de la décennie suivante par les premières actions en faveur de la protection du littoral…Les premières mesures efficaces, qui sont toujours en vigueur, pour protéger l’environnement furent donc le fait d’hommes politiques situés à mille lieux de la dérive de l’écologie incarnée par Sandrine Rousseau !
L’écologie politique, de par son appel récurent aux limites, présente incontestablement un tropisme conservateur…La motivation première des écologistes sincères n’est-elle pas de conserver le capital de nature, l’esthétique des paysages ainsi que le patrimoine architectural et traditionnel afin de pouvoir le transmettre intact ou amélioré aux générations futures ? Cet élan initial clairement conservateur était magnifiquement incarné par un programme télévisé très suivi entre 1971 et 1978 intitulé « la France défigurée ».
Ce programme, présenté par Michel Péricard, avait pour objet de lutter contre « la France moche ». La France des panneaux publicitaires, des décharges sauvages et autres constructions inélégantes…Ces préoccupations, très largement partagées par la population, sont bien entendu transpartisanes.
Mais comme le souligne l’historien Philippe Buton en affirmant dans la revue française d’histoire des idées politiques que « L’écologie n’appartient pas au patrimoine idéologique de la gauche », cette posture plutôt conservatrice est naturellement plus congruente avec un positionnement au centre ou à droite de l’échiquier politique.
Qu’en est-il de l’écologie dans les autres pays européens ?
En Suisse, les verts libéraux sont à 8% au niveau national et passent des accords de gouvernement avec la droite…Cette situation se reproduit en Irlande, en Autriche, en Slovénie et en Lettonie. Huit des Länders allemands sont gouvernés par des accords droite/Grünen…Et quand les partis écologistes Européens passent des accords avec la gauche, il s’agit d’une gauche sociale-démocrate proche du positionnement d’Emmanuel Macron.
Ces partis écologistes européens qui forment des coalitions avec le centre et la droite engrangent avec régularité des scores substantiels aux élections. Ces partis défendent une politique ordo libérale favorable aux entreprises. Les écologistes allemands et autrichiens viennent d’ailleurs de voter une baisse importante de la fiscalité des PME…Pourrait-on imaginer cela en France ?
En France, Jean Marc Governatori, militant de longue date de l’écologie au centre, est le porte-drapeau de cette alternative enfin crédible et audacieuse aux gauchistes d’EELV et à d’autres groupuscules waechtériens ou autres. Le 9 juin, lors des élections européennes, il faut espérer que le fondateur d’Ecologie au centre dépassera ces sectaires pour offrir aux Français enfin un choix écologiste.
Cette déclaration d’amour des écologistes européens à l’égard des entreprises n’est pas sans fondement, elle est même fort pragmatique puisque toutes les études internationales montrent que la performance environnementale d’un pays croit avec sa liberté économique…Ce qui signifie que les entraves bureaucratiques, la centralisation excessive et les impôts dissuasifs sont en réalité les ennemis de l’environnement.
Nos voisins savent que moins polluer et réussir notre transition énergétique est une entreprise ambitieuse mais réalisable. Une entreprise qui nécessitera beaucoup d’argent et d’adaptations…Un tissu dense de PME qui innovent et créent des richesses en est la clé de voute.
La relocalisation des industries européenne est indispensable afin de pouvoir produire tout en respectant les standards environnementaux les plus stricts du monde, en développant les circuits courts et l’économie circulaire. Ces relocalisations ne seront possibles qu’à la condition de créer un écosystème économique favorable aux entreprises.
L’écologie responsable peut être un grand projet de société motivant
Les rapports du GIEC ne parlent pas de décroissance mais du nécessaire découplage entre le développement économique et la dégradation de l’environnement… Il n’est pas question de produire moins mais de produire mieux, en consommant moins de ressources et en rejetant moins de polluants dans la nature.
C’est parfaitement possible et c’est déjà en cours de réalisation en Europe.
Georges Pompidou, dont la France commémorera les 50 ans de sa disparition le 2 avril prochain, faisait, lors d’une interview donnée à la revue Réalité, une prophétie qui est d’une actualité étonnante : « Je suis de ceux qui pensent que dans cinquante ans la fortune consistera à pouvoir s’offrir la vie du paysan aisé du début du XXe siècle, à bien des égards, c’est-à-dire de l’espace autour de soi, de l’air pur, des œufs frais, des poules élevées avec du grain, etc. On y ajoute des piscines et des automobiles, mais ce n’est pas une modification fondamentale, il reste le besoin d’air, de pureté, de liberté, de silence ».
L’écologie peut être un grand projet motivant qui allie développement humain et respect de l’environnement, réindustrialisation et préservation de la beauté. Un projet commun qui peut nous recentrer sur l’essentiel : Conserver notre art de vivre et offrir à nos enfants la possibilité de vivre bien, durablement.
Loïc Rousselle est professeur de physique-chimie, porte-parole national du parti Écologie au Centre, dont Jean Marc Governatori, co-président, est candidat aux élections européennes du 9 juin.