Jean Marc Governatori, dans votre dernier livre qui vient de paraître, vous vous en prenez assez « vertement » à Sandrine Rousseau, Marie Toussaint et Marine Tondelier que vous appelez « les fossoyeuses de l’écologie politique ». Pourquoi cette attaque en règle ?
Nous vivons dans un paradoxe terrible, une impasse dangereuse dont il faut sortir. J’ai démontré, dans mes précédents ouvrages, d’une part que l’écologie est un projet de société complet, d’autre part que les autres systèmes expérimentés conduisent à des impasses environnementales, financières, sanitaires… Par conséquent il est capital que l’écologie prenne le pouvoir en France pour montrer l’exemple à l’Europe et au monde.
Mais en même temps, avec les dirigeantes actuelles d’EELV, l’écologie est en danger de mort car l’ancienneté de ce parti dans le paysage politique français les rend certes très médiatiques mais la population croit que l’écologie c’est eux.
J’ai été tête de liste EELV en 2020, je les connais bien et je sais de quoi je parle. C’est comme si, nous écologistes, étions assis sur une branche morte.
J’en suis parti pour donner une chance à l’écologie d’être enfin représentée à la hauteur des espoirs que cette noble cause suscite.
En pointant ces trois femmes, ne craignez-vous pas de passer pour un misogyne ou un sexiste ?
Votre question est vraiment intéressante : c’est incroyable qu’en 2024 lorsqu’on regarde des politiques, on voie leur sexe ou leur couleur de peau !
La seule chose qui m’intéresse chez les politiques, ce sont les résultats. Et comme je ne fais pas de la politique pour raison alimentaire, je suis indépendant financièrement, je ne fais pas des propositions pour plaire. Là, mon problème c’est qu’il faut une écologie gagnante, qu’EELV est dirigé par ces femmes et j’aurais pu citer Cyrielle Châtelain, présidente des députés EELV à l’Assemblée nationale. Il se trouve que ce sont des femmes. J’aurais évidemment émis les mêmes critiques s’il s’agissait d’hommes. Le fait est que ces dames sabotent l’écologie politique et son image en France. Les faits, rien que les faits.
Que vous inspire cette prise de position récente de Sandrine Rousseau sur la dette de la France ?
Cette prise de position traduit une des différences notables entre EELV et Écologie au Centre.
Ils vivent dans un monde parallèle dans lequel ils veulent entrainer les Français. Nous, les écologistes centristes que je représente, sommes dans le monde réel. Nous ne négocions pas avec la réalité. Nous ne mentons pas au citoyen.
Cette volonté de déresponsabiliser pour plaire est une stratégie mortifère qui empêche toutes solutions. Puisque selon EELV le problème n’existe pas. Et si le problème existe, c’est forcément la faute aux ultra riches ou à Macron. Le RN fait pareil avec les immigrés ou Bruxelles.
Supprimer le principe de co-responsabilité qui nous tient à cœur, c’est voler le pouvoir du peuple. Vouloir ignorer un problème réel crée des problèmes plus graves comme une notation financière de la France qui se dégrade engendrant une hausse des taux d’intérêts donc moins de revenus pour la personne handicapée ou la maman qui élève seule son enfant.
En un mot, nos concitoyens qui se sentent écologistes ont enfin un choix : EELV ou Ecologie au centre et le 9 juin, il faudra faire le bon choix dans l’intérêt de la France et de l’Europe.
Pourquoi EELV ne peut pas porter le logiciel écologiste au moment où le dérèglement climatique, la sécheresse, sans parler des catastrophes humaines qui se multiplient, convertissent de plus en plus de citoyens à l’écologie ?
Le présent est le fruit des actions passées : à force de déclarations fautives et d’actions et d’inactions désolantes, EELV a condamné l’écologie politique à être une simple force d’appoint de l’extrême gauche. Il est vital que l’écologie centrale se substitue à l’écologie sectaire d’EELV.
Quelles propositions les plus emblématiques vous démarquent d’EELV ?
Nous voulons d’abord préciser que mener une action politique c’est orienter les budgets mais aussi donner des informations importantes. Par exemple, rappeler le caractère indispensable de la valeur responsabilité est déterminant dans ce qui nous arrivera. Faire croire, pour avoir des votes, que ce qui nous arrive est la faute des immigrés, de Bruxelles, ou des ultra-riches est une grave faute.
Une autre différence capitale que nous avons avec EELV est que, eux, ont un accès quotidien aux médias, par conséquent aux consciences mais aussi qu’ils sont en situation d’impact sur le pouvoir par les députés qu’ils ont en France grâce à Mélenchon et par les députés qu’ils ont au Parlement européen grâce à leur ancienneté. Par exemple : l’élection au Parlement européen est à la proportionnelle, le premier groupe n’a que 25% des voix, ce qui implique qu’un groupe dynamique et ouvert qui disposerait de quelques dizaines de députés pourrait souvent bâtir des majorités. Mais le problème de fond est que EELV comme le RN bâtissent des murs par leur idéologie alors que l’action politique éclairée bâtit des ponts.
Pour ce qui est de nos propositions, les plus emblématiques et qui en même temps nous démarquent d’EELV, nous proposons de faire de l’économie circulaire l’économie reine : on recycle tout, on répare tout d’ici 2030. L’évaluation et la publication annuelles de l’empreinte environnementale de chaque région et de chaque ville de plus de 100 000 habitants sont aussi parmi nos priorités. L’abandon du projet de tout électrique des automobiles pour préférer une limite de poids des véhicules à 1 tonne et la mise en place généralisée d’agro-carburants (algues et déchets verts) pour 2035 montre notre pragmatisme.
Nous n’avons rien contre la production de richesses et l’enrichissement individuel tant qu’il se fait dans le respect du bien commun. Ainsi, en tant qu’ancien chef d’entreprise qui a réussi dans les affaires, je veux associer les milliardaires et les plus grandes fortunes à l’investissement et à la gestion, dans une région choisie par eux, sur un des postes suivants : agriculture bio, économie circulaire, énergies renouvelables et rénovation énergétique. Je veux aussi rendre publique l’évaluation annuelle de l’’empreinte environnementale de chaque banque par ses prêts et de chaque entreprise de plus de 500 employés par ses produits et actions.
Vous seriez prêt à débattre avec Marie Toussaint devant un parterre d’associations et de militants écologistes ?
Il est indispensable pour le bien commun que les deux écologies se parlent et s’enrichissent de leurs expériences et de leurs visions.
Votre livre est aussi un programme politique pour les élections européennes : comment le résumez-vous ?
Je démontre le caractère indispensable de la prise de pouvoir écologiste, sa capacité à associer le fondement de la pensée de gauche, la fraternité, et le fondement de la pensée de droite, la responsabilité. J’y explique ma vision de l’environnement, de l’immigration, de la sécurité des biens et des personnes…
Vous vous dites centriste : au fond, vous pourriez être candidat sur la liste de Madame Valérie Hayer et sous les couleurs d’Emmanuel Macron ?
Certainement pas, l’intelligence requiert d’analyser une liste, sa ligne politique et ses résultats passés : lorsqu’on voit l’image dégradée de l’Union Européenne en France et la situation environnementale, financière, sanitaire et sociale, force est de constater que la macronie a échoué en Europe comme en France.
Avec L’alternative aux fossoyeuses de l’écologie politique, vous publiez votre 16ème ouvrage. Pourquoi ce besoin d’écrire ?
Il est capital que les personnalités politiques nationales réfléchissent et démontrent qu’elles ont du fond. Celui qui écrit a lu, s’est documenté, bref s’est forcément plongé dans ses sujets. Par conséquent écrire est une clé pour servir la mission du politique : contribuer au bien commun.
Avec ce livre, avec ma candidature aux élections européennes sous les couleurs d’Ecologie au centre, je veux rendre l’écologie désirable car il est capital de démontrer aux Français que la sécurité des Français, c’est l’Union Européenne et que la souveraineté de la France, c’est l’Union Européenne.
Il faut quitter le monde fictif de la macronie, du RN et d’EELV pour pénétrer le monde réel. Le monde est infesté de géants plus ou moins belliqueux, une Chine et une Russie nucléarisés et dictatoriales, des États-Unis omnipotents, des multinationales et des milliardaires américains qui maîtrisent des points vitaux pour le bien commun. L’Union Européenne offre donc la bonne dimension d’action et pas que du point de vue environnemental.
Propos recueillis par Michel Taube