Edito
07H50 - lundi 8 avril 2024

Bienvenue dans le tour du monde des délégations olympiques…

 

BERMUDES JO 2018 (capture d’écran)

Le 26 juillet 2024 dans la soirée, le défilé des drapeaux du monde entier déclenchera les premiers émois Olympiques. Ils seront 206 à se succéder sur la Seine ou, – plan B possible, au Stade de France, pour la cérémonie d’ouverture.

206 délégations ? L’Organisation des Nations Unies reconnaît 193 pays, seulement.

Mais qui donc s’invite aux Jeux Olympiques ? Tenez-vous bien, les superstitieux : il y a 13 drapeaux intrus !

Avant de nous lancer à la Une d’Opinion Internationale dans un savoureux « Tour du monde des délégations Olympiques » jusqu’à la fin de l’été, rappelons les conditions à remplir pour participer à l’épreuve.

Ces délégations représentent officiellement, non pas un pays mais un Comité National Olympique (CNO) qui est affilié au Comité International Olympique (CIO), la seule habilité à valider la présence des participants.

Certaines nations ne possèdent pas la reconnaissance de tous les membres de l’ONU. C’est le cas du Kosovo (pays d’ex Yougoslavie, non reconnu par la Serbie et ses pays alliés) et de Taïwan (non reconnu par la Chine), nous y reviendrons. Ces pays appartiennent au mouvement Olympique et défileront ainsi sur le fleuve parisien, devant les caméras du monde entier.

La Chine soulève d’ailleurs des problématiques singulières pour le CIO, avec ses deux régions administratives, Hong-Kong  et Macao. La première possède son CNO mais doit porter officiellement la dénomination « Hong Kong Chine », la seconde attend toujours sa reconnaissance olympique, même si certains de ses athlètes ont déjà pu s’aligner aux Jeux Paralympiques.

Sur nos 13 intrus, il nous reste 10 énigmes……

Au même titre que les Fédérations Internationales, les CNO forment une composante de l’environnement planétaire du sport. Leur mission consiste à développer, promouvoir et protéger le Mouvement olympique sur leur territoire. Le CIO et ses CNO incarnent inévitablement le rôle de médiateur politique et s’imposent comme des relais précieux pour l’ONU.

Ainsi, la présence d’une délégation de la Palestine aux Jeux Olympiques symbolise cette idée.

Autre exemple, Aux Jeux olympiques, comme dans toutes les compétitions internationales, Taïwan est dénomée « Taïpei chinois », du nom de sa capitale. Une règle imposée depuis 1981 par Pékin,  Taïwan peut ainsi afficher son existence aux yeux du monde mais subit une humiliation  celle de ne pouvoir arborer son drapeau, remplacé par celui de son comité national olympique. Lorsqu’un de ses athlètes remporte une médaille d’or, il ne peut écouter son hymne national, c’est celui de l’ olympisme qui retentit. Les Taïwanais, se sentent forcément dépossédés de leur identité nationale.

Le cas des deux Corées aux Jeux d’hiver de 2018, à Pyeongchang, prouve – parfois – la force diplomatique de l’Olympisme. Après 70 ans de séparation et des tensions toujours extrêmes, les Corées du nord et du sud ont défilé ensemble sous un même drapeau lors des cérémonies d’ouverture et de clôture.

Enfin, la Russie et la Biélorussie, participeront à Paris 2024 sous bannière neutre, en raison du conflit en Ukraine, une décision qui revient au seul CIO, en relais des équilibres internationaux. 

Il nous reste à évoquer les neuf territoires propriétaires d’un CNO qui bénéficient de leur indépendance olympique par le fait que celle-ci a été obtenue avant 1996. Pierre de Coubertin souhaitait lors de la création de l’évènement qu’une équipe n’émane pas forcément d’un pays indépendant, mais d’une différence géographie sportive ou politique. Néanmoins, depuis 1996, le CIO n’accueille plus que les comités représentant « un État indépendant reconnu par la communauté internationale ».

Quelques régions du monde défileront donc de nouveau à Paris : Les Bermudes et les Îles Caïmans (archipels appartenant au Royaume-Uni) le Guam et Porto Rico (territoires non incorporés des États-Unis) les Îles Cook (archipel associé à la Nouvelle-Zélande), Aruba (île néerlandaise), les Îles Vierges américaines d’une part et Britanniques d’autres part, enfin, les Samoa américaines complètent cette liste de privilégiés.

Seul un pays reconnu par l’ONU ne participe pas aux JO : le Vatican, plus petit État du monde nourrit cependant le projet de créer un Comité national olympique.

Enfin, dans l’actualité chaude de nos délégations, notons que la commission exécutive du CIO a confirmé l’objectif d’avoir une équipe afghane respectant la parité femmes-hommes aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Le projet devrait aboutir et apporter un peu d’espoir à ce peuple. 

Notre défilé peut commencer dans « Opinion Paris 2024 ». Soyez attentifs : de belles histoires se profilent derrière les drapeaux.

Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »

Michel Taube

 

 

Directeur de la publication