Le 11 avril 2019, le peuple soudanais se levait et faisait chuter le dictateur Omar el Bechir. Depuis cette date, de coups d’États en tentatives de conciliation, l’instabilité politique s’est installée dans le pays, avec un tournant dramatique pris le 15 avril 2023 : ce jour-là, la milice rebelle des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti » attaque la capitale Khartoum.
La riposte des Forces armées soudanaises (FAS) régulières dirigées par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane est terrible : depuis lors, l’ensemble du pays est plongé dans le chaos de la guerre civile, les deux camps faisant l’objet d’une nouvelle enquête pour Crimes de Guerre de la part de la CPI, ouverte le 11 avril 2024. L’ONU dénombre plus de 8 millions de réfugiés, dont 1,6 millions à l’étranger (notamment au Tchad), avec des besoins humanitaires colossaux.
La communauté internationale, notamment la France, s’est fortement mobilisée pour soutenir dès 2019 la transition démocratique. Emmanuel Macron a organisé à Paris au mois de mai 2020 la Conférence internationale d’appui à la transition soudanaise. L’heure n’est hélas plus à soutenir la démocratie naissante mais à répondre à l’urgence humanitaire : l’Union européenne, la France et l’Allemagne organisent ce 15 avril à Paris une conférence humanitaire pour lever des fonds et attirer l’attention sur ce conflit occulté par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient.
Aider les Soudanais, condamner les exactions, œuvrer à la fin du conflit, ce n’est pas seulement essayer de mettre un terme à un intolérable massacre, aux côtés de tous les humanitaires mobilisés : c’est aussi un enjeu de stabilité globale. Derrière les deux camps qui s’opposent au Soudan, manœuvrent toutes les puissances intermédiaires du monde arabe, des Émirats Arabes Unis et leurs alliés saoudiens à l’Iran, qui s’efforce de souffler sur toutes les braises de la région. Aider les Soudanais, c’est lutter contre cinquante nuances d’islamisme.
Michel Taube