Ce précieux sésame incite les jeunes les plus défavorisés à s’inscrire dans un club grâce à l’octroi d’une aide de 50 euros.
L’idée naît dès la fin de la période du COVID. Le confinement dépeuple nos associations sportives, certains sports de contacts, comme le judo, affolent les parents, traumatisés par les contaminations. Les sports collectifs capitulent face à l’exigence de distanciation. D’après une enquête du CNOSF, les clubs auraient en moyenne perdu 26% de leurs licenciés en raison de la crise sanitaire.
En 2021, à l’heure de la re-socialisation, l’appréhension, le scepticisme et parfois le rejet provoquent la sédentarisation et l’éloignement. Les jeunes tardent à revenir dans les clubs. Le ministère de tutelle, relayé par le CNOSF dégainent le « pass’sport ». Il y a urgence, l’épidémie pourrait sacrifier une génération entière de sportifs. L’opération s’adresse aux 6 – 30 ans, bénéficiaires des allocations, de rentrée, d’éducation enfant handicapé, ou adulte handicapés boursiers, d’une bourse sur critères sociaux de l’enseignement supérieur. Les aspirants sportifs éligibles obtiennent une aide de 50 € pour l’inscription à un club, une association sportive ou une salle de sport. L’opération cumule l’objectif de les encourager à maintenir une activité physique et celui de limiter les pertes d’adhésions dans les associations sportives.
Voilà maintenant quatre ans, que le sport français s’appuie sur ce tremplin.
Jusqu’à présent, 3,7 millions de personnes ont saisi l’opportunité.
Les présidents de clubs constatent à l’usage, qu’une large partie de leurs adhérents répondent aux critères d’éligibilité. Certains parviennent ainsi à relancer leurs activités surtout s’ils communiquent sur l’opération. C’est le secret de sa réussite. D’ailleurs, les adhésions aux « pass’sport » varient selon les régions. Certaines, comme les pays de la Loire ont relayé l’opération par moulte canaux, grâce aux Comités régionaux ou départementaux du CNOSF. Le « pass’sport » s’y est imposé. D’autres comme l’Ile de France tardent à généraliser l’utilisation à cause de la densité de population, des communes, des clubs, des pratiques. La tâche demandera plus de temps. Ajoutons à cela le frein que cause la multitude des institutions sportives dans notre pays. Les uns et les autres s’observent et se demandent à qui la mission revient. Le projet tarde à avancer.
En cette année olympique et paralympique, le gouvernement exige une montée en puissance de l’utilisation du « pass’sport ». Depuis le 1er juin dernier, les bénéficiaires du dispositif peuvent de nouveau l’activer et l’utiliser pour la prochaine saison. La Ministre lance pour l’occasion une nouvelle formule. Un site internet (pass.sports.gouv.fr) relooké, la mise en place d’un QR code, la création d’une start-up d’État, doivent propulser le nombre des bénéficiaires à 2 millions sur l’année.
À partir du 1er septembre, tous les clubs pourront, d’un simple scan de QR code, téléverser et valider, moyennant 3 clics, le « pass’sport » d’un jeune licencié qui lui, se contentera de le présenter au moment de l’inscription dans l’un des 84 000 clubs, associations ou salles de sport, partenaires.
La France se construit-elle de futures générations en pleine santé, capables de gagner des médailles sur les terrains du monde entier ?
La période post Jeux Olympiques s’annonce déterminante pour en évaluer la probabilité. Beaucoup d’enfants s’identifieront aux champions de Paris 2024. Les médailles françaises déclencheront des vocations. Grâce au « Pass’sport », les parents envisageront l’inscription de leurs progénitures, les personnes handicapées s’autoriseront à rejoindre des clubs, évalueront la discipline la plus adaptée à leurs envies et possibilités, des disciplines jusqu’à présent confidentielles, attiseront la curiosité… Les associations sportives devraient être prises d’assaut.
Les éducateurs sportifs se préparent, les dirigeants de clubs anticipent. Tous livrent la même réticence. Dans de nombreuses villes, les infrastructures ne permettent pas de multiplier les créneaux horaires pour entraîner de nouveaux licenciés. La complexité pour se déplacer avec un véhicule personnel ou par les transports en commun de nos jours, limite l’amplitude horaire qu’une famille peut consacrer au sport. Les coûts financiers liés à l’inflation limitent les dépenses. Les étudiants parviendront-ils à concilier leurs emplois du temps avec les entraînements ?
Notre société se réorganise après l’ouragan COVID. Ses maux y ont été exacerbés. La pratique du sport n’échappe pas à ce constat. Une réflexion profonde de notre mode de vie s’impose pour que nos ambitieuses politiques ne s’asphyxient pas, à la fin du sprint de l’été.
Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »