Le début des épreuves des Jeux Olympiques de Paris 2024 marquera au jour près les 69 ans de la fin de la guerre de Corée, l’armistice mettant fin aux hostilités ayant été signé précisément le 27 juillet 1953. A compter de cette date, le pays donne naissance à l’une des plus intransigeantes dictatures communistes au Nord, et à l’un des fleurons économiques de la société occidentale au Sud.
Aujourd’hui encore, la tension reste vive entre les deux Corées, malgré tout ce temps passé : la guerre semble pouvoir se déclencher à la moindre étincelle. Dans l’actualité, lorsque est évoquée la relation entre les deux pays, les termes présents sont « accrochages », « missiles », « conflits », « séparation »… des mots bien éloignés des valeurs olympiques. Pourtant, la compétition sportive a réussi l’exploit de rassembler les deux pays le temps des Jeux.
Tout commence lors des Jeux olympiques de Sydney en l’an 2000 : le public y est témoin d’un événement porteur d’une forte symbolique lors de la cérémonie d’ouverture. Pour la toute première fois depuis leur division, les deux pays ont décidé de marcher ensemble et sous un même drapeau ! Il a été créé spécialement pour l’occasion et représente la péninsule en un seul tenant, bleu sur un fond blanc. C’est une image inédite qui marque le début du siècle. Cela se reproduira en 2004 et en 2006 pour les JO d’Athènes et Turin.
Pour le Comité olympique, c’est un bon début, mais selon ses membres, le sport peut accomplir encore plus. Malgré les tensions entre les deux camps qui continuent de grandir et après plus d’une décennie, de nombreuses négociations et discussions, les deux délégations vont dépasser les espérances de beaucoup. En plus de défiler ensemble, la Corée du Nord et la Corée du Sud vont concourir dans une même équipe lors des Jeux d’hiver de 2018 qui se déroulent justement à PyeongChang, en Corée du Sud ! C’est sur la glace et autour d’un palet de hockey que des joueuses nord-coréennes ont rejoint des joueuses de la délégation du sud.
Cette nouvelle équipe, qui se forme deux semaines avant le début de la compétition, doit rapidement s’organiser, ce qui représente un grand défi en raison de la différence de culture de ces pays si proches mais si différents. La langue, par exemple, pose un problème : les joueuses n’utilisent pas les mêmes termes techniques et ont du mal à communiquer sur le terrain, mais aussi en dehors ! Dès le début de la compétition, les matchs prennent une forte portée politique et certaines joueuses se sentent utilisées comme des pions.
Au final, l’équipe ne gagnera pas un seul match, mais sa présence aux Jeux est déjà considérée comme une victoire par les plus optimistes : un petit pas vers la paix et un espoir de réconciliation. Pour les pessimistes, ce n’est qu’une illusion et de la propagande orchestrée par la Corée du Nord, qui n’envisagerait aucune entente cordiale durable…
Évidemment, le sport ne parviendra jamais à régler tous les conflits géopolitiques. Mais il permet ponctuellement des rapprochements symboliques entre frères ennemis. La Corée du Nord ne présentera pas de délégation à Paris 2024, aucun athlète nord-coréen n’ayant pu gagner sa place par le biais des sélections. La Corée du Sud tentera de s’accrocher au top 10 des meilleures nations grâce à certains sports majeurs dans la péninsule, comme le tir à l’arc et le Taekwondo.