Edito
07H10 - mercredi 8 mai 2024

Le 9 juin, comment garantir le plus d’influence pour la France en Europe ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Posons-nous un peu et faisons l’effort de raisonner sur notre prochain vote européen. Dans le brouhaha et le chaos qui nous entourent, mettons un peu d’ordre dans nos idées.

Il est assez surprenant, voire sidérant, qu’à chaque élection européenne, l’attention des électeurs français se concentre sur les sujets très locaux et pas sur les vrais enjeux européens, sauf peut-être en 1979, pour le premier Parlement, grâce à l’aura et à l’intelligence de Simone Veil.

Si on écoute les électeurs aujourd’hui, beaucoup souhaitent envoyer un message à Emmanuel Macron ou au Gouvernement sans passer par la Poste ou WhatsApp. Un vote sanction en somme, même de la part de citoyens qui, lors du prochain scrutin présidentiel, affirment qu’ils voteront alors, néanmoins, pour un candidat du Centre et du Centre Droit. Et ce vote sanction se porterait, à aujourd’hui en tout cas, un peu vers la liste Glucksmann et beaucoup sur la liste Bardella.

Ces électeurs oublient pourtant l’essentiel dans le vote du 9 juin.

Les futurs élus iront siéger à Strasbourg et Bruxelles et rejoindre les rangs de leurs alliés européens. Il n’y aura pas un groupe politique PS, LR, Renaissance ou RN mais un groupe du Parti Populaire Européen (avec les élus LR), une Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (avec PS et Place Publique), un groupe Renew Europe (avec Renaissance, Parti Radical, Modem, et alliés), un groupe Identité et Démocratie (avec le RN), etc…

Autrement dit, notre vote du 9 juin n’enverra pas au Parlement Européen un vote sanction mais des élus qui devront préserver les intérêts de notre pays au sein d’une Europe à 27 pays, comme un peu plus de 700 députés démocratiquement élus par les citoyens de ces 27 pays.

Une fois le vote passé, chaque groupe politique européen n’aura que faire de savoir que 10 élus RN ne sont là que grâce à un vote sanction ou que Renaissance ou LR aurait dû en avoir 10 de plus. Cela d’autant que ce vote ne changera strictement rien aux équilibres actuels à l’Assemblée Nationale et au Sénat, dans nos Conseils régionaux ou dans nos Mairies. Cela ne changera rien aux choix politiques de notre gouvernement. Un coup d’épée dans l’eau, en vérité !

Le résultat réel d’un vote sanction sera, en fait, une perte de sens du vote, et, surtout, une moindre influence de chaque nouveau député français au sein de chaque groupe européen, et c’est cela le plus grave.

Formulons cela autrement : le 9 juin, ce que chaque électeur doit cibler, c’est comment faire en sorte que l’influence de la France en Europe soit la plus grande possible au sein du futur Parlement.

Le vote Glucksmann a essentiellement un sens franco-français. Avec des alliances contre-nature, le PS d’Olivier Faure a été vidé de sa substance. Ce qui fut autrefois un parti phare français et européen a été réduit à la taille d’une cabine téléphonique. Voter Glucksmann, c’est donc permettre d’éjecter l’actuelle direction et faciliter la reprise en main par François Hollande, Bernard Cazeneuve, Carole Delga et leurs proches. C’est déjà pas mal, mais au niveau européen, mieux vaut attendre que cette reprise en main soit actée, que la page Faure soit vraiment tournée, que cela ne lui offre pas une bouée de sauvetage. Car, pour le moment, ce PS a perdu toute crédibilité nationale et européenne, et donc toute influence.

Cela écarte bien sûr totalement le vote RN, car les élus RN seraient dans le groupe Identité et démocratie avec l’Afd allemand, la Ligue italienne et les autres partis populistes d’extrême droite nationaliste. Il n’y aura aucune cohérence idéologique entre ces élus, même s’ils sont tous nostalgiques de quelque chose. Leur nostalgie ne porte pas pour autant sur la même idéalisation du passé. Certains sont pro-Poutine quand d’autres sont atlantistes, tous anti quelque chose, contre l’Autre parce que Autre. Surtout, aucune alliance n’est possible avec les partis de gouvernement, et donc aucune chance de faire voter la moindre loi. Aucune influence !

Mais après tout, ces partis populistes ne cherchent pas des avancées européennes ni une plus forte croissance européenne. Ils souhaitent uniquement bloquer l’Europe, la rétrécir. Ils ne sont capables de penser qu’à l’intérieur de frontières étriquées, incapables du fameux « think outside the box », une aptitude qui pourtant nous fait tous progresser.

Voter RN ce n’est pas obtenir plus d’influence pour notre pays mais juste offrir à des populistes sans réel programme économique un pouvoir de nuisance !

Quel véritable intérêt pour l’étudiant à Bordeaux, l’agriculteur du Berry, l’infirmière en Lorraine, le chef d’entreprise dans l’Aisne, le retraité à Cannes ou la femme de 50 ans au chômage et au RSA à Perpignan ? Aucun, strictement aucun. Cette dame au chômage aura au contraire encore plus de mal à trouver un emploi !

Reste alors, au bout de l’analyse rationnelle du champ des possibles, le vote Renaissance et le vote LR, le vote porté par Valérie Hayer ou celui porté par François-Xavier Bellamy. Deux votes qui contribueront à augmenter l’influence de la France en Europe. Deux votes rationnels.

Et si l’on veut optimiser l’effet de ce vote du 9 juin, le vote pour Valérie Hayer est encore plus rationnel car il permet une meilleure coordination entre le travail de la majorité parlementaire en France et notre influence au sein du Parlement Européen. C’est finalement la meilleure garantie pour augmenter l’influence de la France en Europe.

Mais surtout, le 9 juin, votons !

Vive la République, Vive la France !

 

Patrick Pilcer

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale