En comparant la politique d’Israël en Palestine à la guerre d’Algérie menée par la France, Rima Hassan dévoile son vrai visage : elle n’est pas rentrée dans la vie politique en France uniquement pour défendre la cause palestinienne mais bien pour nourrir le procès de la France et des Français. Et cela ne fait que commencer !
Et du social au communautarisme islamique assumé, Rima Hassan serait-elle le choix gagnant de LFI et de Mélenchon ?
C’est à croire que la nouvelle tête de liste de la France insoumise aux élections européennes ne serait plus Manon Aubry alors qu’elle est, dans son style, une bonne candidate : elle avait déjà été tête de liste de LFI en 2019, elle a de la répartie, elle a déposé un peu plus, beaucoup plus, d’amendements au Parlement Européen que Jordan Bardella. Bref elle était parfaitement légitime pour porter les couleurs de son parti cette année.
Mais non voici que Manon Aubry est totalement éclipsée par la nouvelle égérie des Insoumis, cette inconnue il y a encore un mois. Elle est dans tous les médias. Le nouveau phénomène médiatique de la politique française.
Tout sauf un phénomène que médiatique
Rima Hassan est tout sauf un phénomène médiatique, elle est bien plus que cela. Elle est le symptôme, le symbole, une illustration de plus parmi d’autres faits signifiants d’une mutation très profonde des Insoumis dans la politique française.
L’extrême gauche était pendant des décennies le porte étendard d’un marxisme socialiste qui a traversé tout le XXe siècle et le début du XXIe siècle à gauche, ce qui remonte au Congrès de Tours en 1920, ligne politique qui aujourd’hui est abandonnée pour un nouveau combat.
Et Rima Hassan est la Che Guevara, non de la cause palestinienne mais de la cause victimaire des Français issus de la diversité.
Car le nouvel électorat socle de LFI, ce sont les Français de confession musulmane et/ou Arabe, et/ou d’origine africaine prisonniers d’une victimisation et d’une « France perçue comme pays de racistes dégénérés » que porte LFI à longueur d’année.
Pour LFI, les nouveaux damnés de la terre, les nouveaux ouvriers exploités par le système, ce sont les musulmans, les Arabes et les Africains enfermés sciemment par LFI dans leur identité culturelle, religieuse ou géographique d’origine.
Au fond ce dont Rima Hassan est le nom ce n’est pas la Palestine mais les damnés communautarisés de la terre.
Le sort du peuple palestinien n’est qu’un prétexte, une étincelle pour entretenir, raviver la conscience identitaire des Français soit de confession musulmane, soit Arabes, africains d’origine soit d’extrême-gauche en quête d’idéalisme et de causes à défendre.
Le tournant de 2019 et de la marche contre l’islamophobie
Cette dérive identitaire, communautarisme, islamiste, remonte à loin, au point de bascule de cette manifestation du 10 novembre 2019, la marche contre l’islamophobobie, qui avait réuni des dizaines de milliers de participants dans les rues de Paris, et qui s’était terminée place de la République par des Allahu Akbar, et un discours clairement assumé de la part de Jean-Luc Mélenchon d’alliance entre son socialisme marxiste et l’islamisme libéré.
Le deuxième moment fondateur, c’est bien entendu le 1er tour de la présidentielle et le vote musulman en faveur de Mélenchon en 2022.
La présidentielle de 2022 a servi de détonateur de cette mutation : avec un score très très élevé de 21,95% et une remontada dans les derniers jours que les sondages n’avaient pas vu venir ! Et surtout il est ressorti de toutes les études, – un sondage du quotidien La Croix en atteste par exemple – que Jean-Luc Mélenchon a bénéficié d’un vote musulman massif et assumé : à plus de 69 % nos concitoyens de confession musulmane disent avoir voté Mélenchon.
LFI a donc fait un choix gagnant en misant à fond sur le vote communautariste islamiste, anti israélien et antisioniste pour consolider un socle solide d’électeurs acquis d’élections en élection.
LFI surfe tout simplement et assume pleinement une loi démographique et démocratique (la démocratie, c’est la loi du nombre) que la population française de confession musulmane est aujourd’hui en France importante. Nous avons la plus grande communauté musulmane d’Europe et le nombre de musulmans peut être estimé entre 5 à 10 millions de Français, selon les critères que l’on peut utiliser.
Certes, beaucoup de Français de confession musulmane, et/ou Arabes, et/ou d’origine africaine refusent cette victimisation, cette « France perçue comme pays de racistes dégénérés », bref refusent de voter Mélenchon, et préfèrent la macronie, LR voire la droite nationalistes. Malheureusement ces Radouan Kourak, ces Sofiane Dahmani, ces Eurydice Ndong, pour ne citer que trois de nos chroniqueurs vedette, sont devenus minoritaires parmi leurs coreligionnaires.
Car tant d’études qualitatives montrent que les jeunes Français de confession musulmane sont majoritairement pour un islam rigoriste et victimaire, que la charia est une loi supérieure aux lois de la République.
Et ces Français, ils vont aller voter pour Manon Aubry, pardon pour Rima Hassan, le 9 juin aux élections européennes.
Ces Français de la diversité vont de plus en plus voter
Mélenchon et consorts font un travail de labourage des banlieues, des quartiers, des réseaux sociaux. Ils manient l’outrance et la provocation pour capter l’électorat identitaire communautaire des banlieues.
Si dans les banlieues le taux de participation a historiquement toujours été faible, on constate en effet que le taux de participation d’élection en élection y augmente et que le travail de militantisme, de quadrillage par des travailleurs sociaux, par des associations cultuelles, cultuelles, sportives, caritatives a commencé à faire son effet dans ces quartiers populaires et à convaincre des jeunes qui n’étaient pas intéressés par la politique de s’inscrire sur les listes électorales et de voter.
L’illustration, le symbole de cette augmentation de la participation électorale dans les quartiers, c’est le vote à Nanterre lors de l’élection présidentielles de 2022. Jean-Luc Mélenchon y a fait un carton électoral avec 47,04% des suffrages exprimés et surtout un taux de participation élevé (une abstention de 26,63% pour une moyenne nationale de 27%).
Si la France avait voté comme Nanterre, Mélenchon serait président de la République.
Nanterre, capitale de mai 68 il y a 57 ans devenue capitale des damnés de la terre communautarisés aujourd’hui : même parcours que Mélenchon !
Nanterre, c’est donc cette ville où s’est noué fin juin 2023 le drame de la mort de Nahel et le sort que l’on connaît pour les deux policiers impliqués : dès le déclenchement des premières manifestations, les leaders LFI étaient à Nanterre. Car Nanterre c’est la capitale de leur électorat communautariste.
LFI ne risque-t-il pas de perdre sa base sociale, socialiste dans cette stratégie identitaire ?
La bataille est déjà perdue !
Mélenchon abandonne peu à peu le discours social pur et dur pour une raison simple : le discours social, socialiste, a été confisqué et accaparé par Marine Le Pen et le Rassemblement National. Aujourd’hui les ouvriers, les travailleurs, les personnes d’origine modeste votent, beaucoup plus RN qu’Insoumis ou communistes.
Bref la bataille sociale est perdue pour la gauche et a été captée par une droite nationaliste sociale, pour ne pas dire socialiste, qui a aujourd’hui le vent en poupe et ce depuis la montée des années Le Pen.
Autant renoncer définitivement aux ouvriers et séduire les Français issus de la diversité.
Si l’échec de la NUPES est dû au refus des communistes et de certains socialistes de céder à cette tendance communautariste, il faut dire que les Ruffin, Corbière et autres Autain, les défenseurs aussi de la laïcité et de la cause des femmes libres, sont isolés et marginalisés par la ligne dure, mélenchonienne incarnée par Mathilde Panot et Manuel Bompard.
De tout cela Rima Hassan est le nom et elle est promise donc à un grand avenir…
Au final, certains se prendraient ils à rêver que la candidate des Insoumis à la présidentielle 2027 voire en 2032 soit, si ce n’est pas Jean-Luc Mélenchon, Rima Hassan ?
Michel Taube