Ce 8 mai célébrait la victoire de la lumière sur les ténèbres.
Ces longues années de paix exigent que nous n’oubliions jamais.
Ces longues années d’insouciance imposent que nous allions tous, un jour, en pèlerinage là-bas…
A Auschwitz Birkenau.
S’il y a des voyages qui vous empêchent longtemps de parler et d’écrire, où les mots restent d’abord muets, notre devoir d’homme libre et de parents nous impose de transmettre, chacun à son niveau, l’indicible catastrophe humaine qui a failli emporter le monde.
Il est difficile de s’exprimer parfois…
Aller là-bas, c’est fouler le terrain de guerre où le « génie du mal », non, le « génie du bien humain » s’est battu contre le « génie du mal humain ».
Car il y eut là-bas des héros qui l’emportèrent sur les bourreaux.
Ce sont les enfants.
Car, là-bas, vous perdez pieds, emporté par un paradoxe irréel, une extraordinaire tempête des sentiments contradictoires qui vous rendent muets, vous déstabilisent, vous font vous effondrer en larmes pour certains, blêmir pour d’autres, vous marquent à jamais pour tous.
Vous ne comprenez pas tout de suite, mais c’est au bout de la réflexion que vous réalisez ce paradoxe terrible qu’il y a là, devant vous, le bien qui l’a quand même emporté sur le mal.
Que dans cet espace exigu de la honte c’est, au bout du chemin, cette conclusion contradictoire que l’esprit l’a emporté sur le glaive.
Que les 6 millions de victimes juives n’ont pas permis aux bourreaux de gagner la guerre.
Et que les âmes des disparus, les survivants de la barbarie, ont su rallumer la lumière au milieu des ténèbres.
Là-bas, vous comprenez que toutes les facettes humaines ont été portées à leur paroxysme dans un génie étourdissant.
Et si nous sommes là pour écrire et lire ces mots, c’est que ce 8 mai incarne la victoire du « génie du bien humain » sur le « génie du mal humain ».
Et cela vous rend presque fou… Je suis devenu fou, fou de rage, en comprenant cela. Fou de rage contre les nazis d’aujourd’hui.
Là-bas, vous comprenez que ce sont les enfants qui ont le plus résisté avec des dessins retrouvés qui vous déchirent le cœur, le ventre, le cerveau, l’âme !
Allez-y tous…
Allez-y !
Allez admirer en silence les dessins d’enfants qui sont terriblement beaux ! Ils sont un éclair de lumière dans le noir absolu. Ils sont une élévation dans ce chaos créé par les adultes.
Ils sont une gifle à tous les adultes.
Ils sont l’espoir au milieu du désespoir, la raison face à la déraison, ils sont le beau au milieu du laid.
Ces dessins nous rendent absurdes, ridicules…
Ce 8 mai veut dire que nous devons tous amener nos enfants là-bas, tous.
Daniel Aaron
Chroniqueur