Les salauds qui ont froidement assassiné et blessé gravement des agents pénitentiaires, au vu et au su de tout le monde, à commencer par le détenu Mohamed Amra qui doit certainement en être le commanditaire, devront être jugés avec la plus grande sévérité.
Certes, mais quelle doit être la peine pour ces criminels ?
L’auteur de ce lignes est le fondateur d’Ensemble contre la peine de mort. Comme disent les Tables de la loi : “tu ne tueras point”. A la seule exception du droit de guerre qui permet la mobilisation des femmes et des hommes pour aller au combat sauver la patrie (ce qui entraîne nécessairement le sacrifice ultime comme on le voit tragiquement en Ukraine), l’État, la collectivité, la société n’ont pas le droit de vie et de mort sur autrui.
Mais l’auteur de ces lignes a toujours eu un différend avec Robert Badinter et bon nombre de militants dits des droits humains : doit-on substituer à la peine capitale une peine alternative ?
Je pense qu’une peine de prison à vie incompressible est indispensable contre ceux qui, avec préméditation, deviennent des assassins d’enfants et d’aînés, de représentants de l’autorité publique, et contre les terroristes religieux ou politiques qui tuent des civils innocents.
Et si vous voulez convaincre plus de citoyens d’être contre la peine de mort ou de ne pas souhaiter son rétablissement, assurez-vous que ces assassins, qui par leur crime ont rompu le contrat social, ne sortiront jamais de prison. Mieux, du fond de leur cellule, ils devront travailler pour la société sans jamais rien attendre d’autre que d’être nourris et abrités.
La justice devra être très ferme pour que l’échelle des peines soit enfin dissuasive pour de futurs possibles assassins qui y réfléchiraient à deux fois si, envisageant de passer à l’acte à leur tour, ils savaient qu’ils encourent une peine de prison à vie.
Certes, la justice n’est jamais totalement dissuasive pour une raison simple : le criminel qui est passé à l’acte s’est dit, – ce en quoi il a souvent bien tort – “j’échapperai à la police”. C’est pourquoi les moyens de la police judiciaire doivent être sans cesse renforcés.
Et, ne les oublions pas, la Justice doit apporter aux victimes non une réparation (les veuves et les enfants des deux gardiens assassinés ne retrouveront jamais leur bien-aimé) mais une compensation symbolique (et matérielle) forte par le fait de savoir que leur bourreau ne sortira jamais libre.
Je ne suis pas pour une justice des victimes et ce n’est pas ce qu’elles réclament elles-mêmes le plus souvent. Dans mon combat contre la peine de mort, l’organisation américaine “Murders families victims for reconciliation” comme la regrettée Françoise Rudestzki en France, fondatrice notamment de SOS Attentats, étaient à nos côtés.
Mais le député Philippe Schreck, Président du Groupe d’études « Prisons et conditions carcérales » de l’Assemblée nationale et membre de la Commission des lois constitutionnelles, a bien raison d’écrire à la Une d’Opinion Internationale : “Les criminels sont bien entendu des monstres innommables. J’émets le vœu qu’ils soient arrêtés ou neutralisés et qu’ils ne ressortent plus jamais d’une cellule de prison au sein de laquelle ils n’auront que le droit de compter les semaines qui passent.”
Pour l’heure, toute notre solidarité va aux familles endeuillées, blessées, et aux personnels pénitentiaires, maillon faible à la mission pourtant vitale de l’administration pénale.
Michel Taube