La chronique de Patrick Pilcer
09H04 - mardi 28 mai 2024

Le vrai problème de la France : le manque d’autorité à tous les étages. La chronique de Patrick Pilcer

 

Doit-on véritablement s’étonner de la montée inexorable du vote pour les courants populistes, et surtout autoritaristes, en France, élection après élection ?

Tous les jours, chaque citoyen ne peut que constater l’absence d’autorité autour de lui.

A l’École, qui a de l’autorité ? Qui respecte le maître, le professeur, le directeur ? A l’Hôpital, dans les services publics, dans les transports en commun, dans les magasins, dans la rue, qui respecte le personnel d’accueil, l’infirmière, le médecin, le pompier, le gendarme, le policier, le maire, le juge ?

Qui paie ses amendes, qui respecte les décisions de Justice, qui respecte la Loi ? En 2020, le taux de recouvrement des amendes (neutralisées des montants exceptionnels) était à peine de 48,7% ! Plus d’une amende sur deux n’est pas payée…

Seuls les « honnêtes gens » paient leurs amendes en fait. Seuls les « honnêtes gens » respectent les décisions de Justice, ils paient pour tous les autres, le savent et ne peuvent plus l’accepter. Ils ne peuvent plus accepter que, par manque d’autorité assurée et assumée, tout ce qui fait société autour d’eux, tout ce qui symbolise le vivre-ensemble, s’effondre tous les jours un peu plus.

Face à ce vide sidéral, les mouvements autoritaristes ont un boulevard devant eux. C’est une évidence quasi-biblique.

Ces mouvements populistes et autoritaristes font croire aux électeurs qu’avec eux, ce sera le retour de l’autorité et de la paix civile, la « Reconquista », la reconquête des Territoires perdus de la République. Ces mouvements jouent sur la peur et le repli sur soi que génère cette peur, et sur le vide créé par l’absence d’Autorité, pour prendre le pouvoir.

Ils manipulent les passions et les émotions pour outrepasser notre raison.

Mais il est urgent de rappeler aux électeurs tentés par l’aventure sans carte ni boussole ce que sont les régimes autoritaires.

Et il y a des constantes partout dans le monde, sous toutes les latitudes.

Quelles sont ces constantes des mouvements autoritaristes ?

La concentration du pouvoir aux mains de quelques-uns, l’absence de contre-pouvoirs, la fin de l’équilibre harmonieux entre le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir médiatique, la restriction des libertés individuelles, l’hypertrophie de la notion d’autorité – seule la puissance compte -, l’apathie de la population, la soumission et l’obéissance de tous les citoyens, et la répression pour tous ceux qui diffèrent de la doxa, qui pensent différemment.

Les autoritaristes ne veulent pas voir de tête dépasser, sinon ils la coupent ! Ils ne veulent voir que leurs têtes, et haro sur les minorités, toutes les minorités… un comportement qui les amène au suicide collectif, car nous sommes tous différents.

A quelques jours du scrutin européen, il est impératif que les citoyens français ouvrent les yeux avant l’abîme qui s’annonce devant eux.

Nous sommes la patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen, que diable ! Pas celle de Salazar, Franco, Mussolini, Poutine, Xi, Khamenei ou autre dictateur ! Réveillons-nous !

Il nous faut des hommes et des femmes qui comprennent les passions et les émotions de la société et les canalisent, les orientent par la raison pour tirer la société vers le haut, pour améliorer le vivre-ensemble, pour faire avancer, progresser nos citoyens, tous nos citoyens, les premiers comme les derniers de cordée, sans laisser l’un d’entre nous sur le bas-côté en raison de ses origines, ses orientations, ses choix de vie, ses revenus !

Et il est tout autant impératif de remettre de l’autorité partout, dès le lendemain de l’élection du 9 juin !

De l’autorité, pas de l’autoritarisme. Il faut que des hommes et des femmes politiques reprennent en main le pouvoir avec un discours de vérité, avec des paroles fortes, des paroles suivies d’actes forts, avec des résultats tangibles.

Que ce soit sur l’École, sur la laïcité, sur la santé, sur vivre dignement, et donc aussi vieillir, jusqu’à 120 ans et au-delà si possible, et mourir dignement, sur la Justice, sur l’immigration, sur la sécurité, sur la baisse de la dépense publique, sur la baisse de nos déficits et de notre endettement, sur notre défense, sur l’Europe, sur la francophonie, sur la place de notre pays dans le monde… sur tout !

Il nous faut, dès le 10 juin, changer de gouvernance. Nous n’avons pas besoin de « grands débats », de discours professoraux de 2 heures sans le moindre acte concret derrière. Nous n’avons pas besoin d’un « petit Bonaparte » qui affirme haut et fort qu’il faut faire « A » le matin et « non A » le soir mais qui est incapable de faire voter une loi ou de faire accepter la moindre réforme ! Bonaparte n’aurait pas craint d’être à la tête de la manifestation contre l’antisémitisme, de peur que les « banlieues » ne s’embrasent, et les populations silencieuses des « banlieues » auraient participé à cette belle manifestation.

Nous n’avons pas besoin d’hommes ou de femmes providentiels, nous sommes une démocratie forte.

Nous avons besoin d’hommes et de femmes politiques sincères, honnêtes, clairs, qui connaissent la France et les Français, qui s’engagent, qui font bouger les lignes. Des hommes et des femmes qui ne pratiquent pas l’exercice du pouvoir en solitaire, par le « je », mais qui le conçoivent comme un « nous », un travail d’équipe au service de tous et du bien collectif.

L’autorité ne se décrète pas. L’autorité vient de la reconnaissance par le peuple de l’engagement de ses dirigeants, de leur habileté à saisir les passions et les réalités telles que vécues par les citoyens, à expliquer, à décider, à réformer, à faire appliquer les lois, à les faire évoluer, à faire le bilan de leurs décisions, à sanctionner, à interdire, à faire progresser, à éclairer, à inventer, à réinventer, sans violence, sans pression, sans ultimatum, tout cela pour le bien commun.

Le 9 juin, non à l’autoritarisme, le 10 juin, oui à l’autorité et à une autre gouvernance !

 

Patrick Pilcer

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers