Edito
10H30 - mardi 28 mai 2024

Marion Maréchal, Manon Aubry, Marie Toussaint et François-Xavier Bellamy sont sur un vélo… L’édito politique de Michel Taube

 

La place centrale qu’occupent désormais les sondages dans la vie politique transforme chaque élection en une métaphore de compétition sportive, une sorte de course dont les participants franchissent la ligne d’arrivée le jour du scrutin. Place au direct…

L’élection européenne du 9 juin, la désormais classique Paris-Strasbourg, accueille 38 équipes au départ. 38 listes, c’est considérable, c’est un record ! C’est… beaucoup trop. Beaucoup trop pour que chacune propose un programme complet et sérieux, beaucoup trop pour que chaque électeur-supporter puisse consciencieusement analyser leurs offres… Et, ajoutons-le, combien d’entre elles prendront-elles seulement le départ en finançant la mise en place de leurs bulletins de vote et de leurs affiches dans les milliers de bureaux de vote du pays ?

On retrouve, bien sûr et sans surprise, les équipes des principaux partis politiques bien connus de tous : nous y reviendrons. Également au départ, les représentants de formations parfois anciennes mais plus discrètes (comme le PRG), qui se rappellent à notre souvenir à l’occasion de ce scrutin de liste qui leur offre une visibilité inhabituelle lors de la « campagne officielle ».

Également bien sûr, une poignée de grandes thématiques qui commencent à nous être familières, sont portées par le « Parti animaliste », le « Parti pirate », Francis Lalanne, Jean Lassalle ou les défenseurs de l’espéranto. Enfin, des variations sur le thème de l’environnement (en particulier l’Écologie au Centre de Jean Marc Governatori, qui pourrait in fine faire jeu égal avec EELV), des nuances plus ou moins assumées de l’extrême gauche ou de l’extrême droite et même des listes communautaristes complètent le gros du peloton : celui qui, le soir du scrutin, ne comptera aucun élu et se répartira la poignée d’électeurs (et les financements publics qui vont avec) dont ils auront su piquer la curiosité et le vote.

Les champions sont connus : le grand favori est le tenant du titre Jordan (Bardella, RN), qui s’est échappé au premier kilomètre de course et gère sans rien dire une grande avance sur ses deux principaux concurrents, lesquels sont peut-être sur le point de se regrouper pour se disputer la deuxième place. Ce serait une grande victoire pour Raphaël (Glucksmann, Place Publique / PS) et un moindre mal pour Valérie (Hayer, Renaissance / macronie) dont la performance s’annonce d’ores et déjà mitigée.

Mais ce n’est pas là que se noue l’essentiel de la dramaturgie ! C’est juste après, entre la quatrième et la septième place. Et pas tellement pour le classement : l’ordre d’arrivée prend moins d’importance que la réalisation des fameux « minimas », ces pourcentages qui vous qualifient, même péniblement, au Parlement européen ou qui vous éliminent, radicalement et pour 5 ans, de son paysage. Et les minimas, comme chacun le sait, sont fixés à 5% des votes.

Au-delà, vous êtes élu, avec les 5 à 8 ou 10 premiers de vos coéquipiers, en fonction de votre résultat exact. En-deçà, vous disparaissez corps et bien, et vous plongez votre formation politique dans une crise qui peut lui être fatale.

Rien que d’y penser, cela donne la chair de poule à François-Xavier (Bellamy, LR), Manon (Aubry, LFI), Marion (Maréchal, Reconquête) et Marie (Toussaint, EELV)…

D’après l’institut IFOP, le 24 mai, François-Xavier et Manon étaient en tête de ce petit groupe avec 7,5%, suivis de Marion à 6% et de Marie, vraiment en difficulté avec à peine plus que les 5% des intentions de vote… Sachant que la marge d’erreur peut aller jusqu’à 2% dans un sens ou dans l’autre. Autant dire qu’aucun de ces quatre candidats n’a de certitudes et que la moindre défaillance peut leur être fatale… Les derniers kilomètres de l’épreuve s’annoncent terribles.

Les concurrents devront prendre des risques calculés : pour le plus grand plaisir des citoyens-téléspectateurs, les derniers jours de campagne devraient être animés, chacun cherchant à montrer son maillot sans brûler prématurément toute son énergie.

Cela incitera-t-il Marie à parler d’environnement ? Marion à se brouiller avec sa tante ? François-Xavier à décider s’il est pour ou contre l’Europe ? Enfin, Manon promettra-t-elle un État palestinien de l’Atlantique à l’Oural ?

Nous nous retrouvons pour le sprint final après la pause… ne zappez pas le 9 juin et rendez-vous le soir-même à 20h !

 

Michel Taube

Directeur de la publication