Tous les deux ans, le débat s’invite à nos tablées. N’imaginons pas qu’il accapare les méninges des français mais généralement, le verdict déclenche une pluie d’invectives. Qui portera le drapeau bleu, blanc, rouge, de notre délégation, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques ? L’enjeu dépasse largement le cadre du sport.
La femme et l’homme élus porteront le drapeau national mais aussi le boulet des symboles. Le débat commence à s’enflammer !
Le Président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), David Lappartient, et la Présidente du Comité paralympiques et sportif français (CPSF), Marie-Amélie Le Fur, supervisent le processus de désignation des quatre porte-drapeaux pour les Jeux Olympiques et Paralympiques (1 homme et 1 femme pour chaque évènement).
Le CNOSF et le CPSF ont exigé un cadre éthique encore plus ambitieux et strict. Les fédérations olympiques et paralympiques qualifiées peuvent communiquer les noms d’athlètes motivés et idoines, dans la limite d’une femme et d’un homme par fédération. Les candidats ne manquent pas, pourtant l’exigeant cahier des charges tarit beaucoup d’espoirs.
L’athlète doit respecter et incarner la Charte des valeurs, avoir déjà participé aux Jeux sans avoir été désigné porte-drapeau, répondre à des critères d’exemplarité. Le duo se compose d’athlètes issus de deux sports distincts.
La consultation a occupé ce mois de mai.
Vidéos de motivation à l’appui, les candidats passent au rayon X pour validation.
La publication de la liste, prévue en juin, précède l’élection, réservée aux seuls sportifs sélectionnés pour les épreuves de Paris 2024. Verdict à la mi-juillet.
Lors de la précédente olympiade, à Tokyo, la France adhère à l’incontournable formule de la mixité, insufflée par le CIO. Clarisse Agbegnenou, incontestable star du judo, partage la prestigieuse mission avec le héros malheureux de Rio, le gymnaste Samir Aït Saïd.
Nos deux champions succèdent alors aux porteurs esseulés, Teddy Riner, Laura Flessel (devenue ministre), Tony Estanguet (devenu président de l’organisation Paris 2024), Jackson Richardson, David Douillet (devenu ministre), Marie Josée Pérec… tous icônes du sport international.
Un homme tient une place exceptionnelle dans l’histoire de la mission de porte-drapeau. Le lanceur de poids et du disque Jules Noël, qui porta le drapeau français en 1932 à Los Angeles et en 1936 à Berlin. Mort à 37 ans, alors que son patriotisme l’avait conduit à intégrer une unité combattante en 1940, il demeurera le seul à avoir porté le drapeau à deux reprises.
La pression mise sur nos futurs porteurs tiendrait presque plus à la nécessité d’être digne de leurs prédécesseurs qu’à l’exigence d’incarner le symbole.
Alors creusons-nous la tête pour définir les profils souhaitables : encore un judoka, ça fait beaucoup non ? Forcément un ancien médaillé olympique ? Un représentant de la diversité des origines de nos athlètes ? Un sympa ? Un champion d’un sport qui le mérite, individuel ou collectif ? Un ancien confirmé ou un jeune rayonnant ?
La liste s’affine : le volleyeur star champion olympique en titre, Earvin Ngapeth. La lanceuse de disque Mélina Robert-Michon, 45 ans, médaillée d’argent à Rio en 2016, prête pour ses 7e Jeux. Estelle Mossely 31 ans, première boxeuse française à être sacrée aux Jeux. Le nageur Florent Manaudou, quadruple médaillé olympique. Les basketteurs NBA Nicolas Batum et Evan Fournier. Les footballeuses Wendy Renard et Eugénie Le Sommer… sans oublier les handballeurs, un sujet complexe sur lequel nous reviendrons.
Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »