L’annonce d’Éric Ciotti de proposer une alliance entre Les Républicains et le Rassemblement National marque un tournant inquiétant pour la droite républicaine française. Cette décision, qui serait certainement désavouée par les grandes figures historiques de la droite française comme Charles de Gaulle, Jacques Chirac et Simone Veil, trahit les principes fondamentaux sur lesquels notre démocratie s’est construite.
Charles de Gaulle, l’homme du 18 juin, qui a incarné la résistance et la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale, n’aurait jamais accepté une telle alliance. De Gaulle a toujours défendu une vision républicaine et inclusive de la France, refusant tout compromis avec les forces extrémistes. Son héritage repose sur une conception noble et exigeante de la politique, où l’unité nationale et la dignité humaine étaient des piliers inébranlables. Jacques Chirac a toujours combattu les idées du Front National avec une ardeur implacable, conscient du danger que représentait la banalisation de l’extrême droite.
Simone Veil, survivante de la Shoah et figure emblématique de la lutte pour les droits des femmes, aurait été horrifiée par cette proposition. Elle, qui a passé sa vie à combattre l’intolérance et la haine, n’aurait jamais accepté de voir son parti flirter avec des forces politiques contraires aux valeurs de liberté, égalité et fraternité.
Depuis qu’Éric Ciotti a annoncé une « alliance » entre Les Républicains et le Rassemblement National, en vue des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains, la droite LR est au bord de l’implosion. Divisée entre ses cadres qui, d’un côté, sont publiquement montés au front, et ses sympathisants qui, de l’autre côté, ne s’y sont pas montrés particulièrement hostiles.
La base aura-t-elle raison du sommet ? Tandis que le président des Républicains confirme, ce mardi au « 13H » de TF1, que seuls les « militants » pourraient le pousser à quitter la tête du parti, il voit ses plus proches collaborateurs lui claquer la porte au nez et quitter en masse une structure qui semble perdre son identité.
Dans cette cacophonie, on se demande si l’annonce d’Éric Ciotti ne ressemble pas à une mauvaise satire politique. Imaginez un instant Charles de Gaulle s’adressant à Éric Ciotti : « Vraiment, Monsieur Ciotti ? Vous avez décidé de trahir les idéaux pour lesquels nous avons tant combattu ? Vous êtes prêt à vous allier avec ceux qui prônent la division et la haine ? »
Peut-être qu’Éric Ciotti pense être le visionnaire d’une nouvelle droite, mais en réalité, il semble plutôt incarner un fossoyeur des valeurs républicaines. En reniant l’héritage des grands leaders de la droite française, il précipite son parti dans une aventure périlleuse, où la quête du pouvoir justifie toutes les compromissions, même les plus ignobles.
Le désaveu de cette décision ne vient pas seulement des caciques du parti, mais aussi d’une grande partie de la société française qui refuse de voir la République se teinter de l’obscurantisme du Rassemblement National. Les Républicains, jadis bastion de la droite républicaine et modérée, risquent de se transformer en un satellite impuissant d’une extrême droite revigorée.
La droite française, si elle veut survivre et rester fidèle à ses idéaux, doit se ressaisir et retrouver le chemin tracé par ses illustres prédécesseurs. Sinon, elle court à sa perte, entraînée par des leaders aveuglés par l’ambition et déconnectés des valeurs fondamentales qui ont fait la grandeur de la France.
Sofiane Dahmani,
Étudiant, chroniqueur à Opinion Internationale