Il en faut du courage pour prendre la décision de débrancher le malade. Surtout pour quelqu’un qui s’est toujours exprimé contre l’euthanasie. Tous ceux qui ont été confrontés à la mort d’un proche le savent : seule l’expérience fait naître une conviction. Et c’est à cela que vous faîtes face avec beaucoup de courage, Monsieur Ciotti. Les Républicains est un parti en état de mort cérébrale depuis des années, 2012 précisément avec la défaite de Nicolas Sarkozy.
Les militants et électeurs n’ont jamais aimé cette marque inspirée de la fascination de l’ancien président pour les États-Unis. Luttes intestines, trahisons, consanguinité : les stigmates grandissaient au fur et à mesure que se rétrécissait la base électorale. L’absence de colonne vertébrale idéologique a accru la dérive. Il était temps de mettre fin à cette agonie.
Dès 2017, j’ai affirmé qu’Emmanuel Macron avait été porté au pouvoir afin de mettre fin au règne du CNR (Conseil National de la Résistance) qui administre la France depuis 1946 grâce à un consensus et une alternance entre centre gauche et droite gaulliste. Outil très utile à l’époque, il a permis de redresser la France d’après-guerre en instaurant la retraite par répartition, la sécurité sociale, le paritarisme syndical et quelques autres mesures sociales essentielles dans un pays exsangue à l’équilibre démographique caractéristique des périodes d’après-guerre. Cette instance a permis de rebâtir le pays s’est délitée avec le temps pour devenir un boulet qui nous empêche désormais d’entrer de plain-pied dans le 21ème siècle. Le droit social est devenu contre-productif, le syndicalisme ultra-minoritaire a provoqué la désindustrialisation du pays du fait de son absence de représentativité, la sécurité sociale en déficit chronique ne soutient plus un système de santé qui craque de partout et la retraite par répartition est devenue un système totalement inégalitaire, facteur de paupérisation du fait du décalage entre le niveau des prélèvements et celui des pensions. La seule réponse apportée à ces questions : une tentative de «réarmement démographique» par une politique migratoire de peuplement en décalage totale avec la capacité de notre pays à accueillir dignement, fournir du travail et intégrer.
Courage Monsieur Ciotti,
Persévérez dans le respect de la volonté du peuple. Quand un parti dit majeur fait 6% des suffrages à une élection nationale, quand il est en décroissance continue depuis des années, le mieux qu’il ait à faire est de se taire et se faire petit au lieu d’insulter les électeurs du Rassemblement National en parlant de cordon sanitaire comme s’ils étaient des virus. En démocratie, on ne fait pas barrage à la volonté du peuple, on l’accompagne et la respecte. Voir le visage défait, rongé par la panique de Messieurs Wauquiez et Retailleau qui, bien qu’étant bien plus radicaux que le RN dans leurs idées et convictions conservatrices, sont prêts à tout pour préserver le contenant de leurs ambitions personnelles quitte à faire gagner la gauche. Entendre Catherine Vautrin qui avait quitté LR pour devenir ministre d’Emmanuel Macron parler de trahison à votre sujet serait cocasse si les enjeux n’étaient pas dramatiques.
Courage, Monsieur Ciotti,
Persévérez dans ce respect de la volonté du peuple car c’est le grand changement attendu depuis tant d’années. Que les politiques fassent enfin passer l’intérêt général avant leur statut individuel.
Fabrice Haccoun
Essayiste, auteur de Rallumons les Lumières aux éditions de l’Archipel, et entrepreneur du numérique.
Auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, Fabrice Haccoun accède en 2014 au grade de Colonel (Réserve Citoyenne) de la Gendarmerie Nationale (DGGN). Magistrat Honoraire (Conseil des Prud’hommes de Paris), membre du Conseil Stratégique pour l’attractivité (Présidence de la République), il intervient régulièrement dans les médias sur les questions sociales, économiques et sociétales telles que l’emploi, l’identité, la diversité et les valeurs républicaines.
Fabrice Haccoun est chevalier dans l’ordre national du Mérite.