La chronique d'Emmanuel de Reynal
10H45 - lundi 17 juin 2024

Fronts populistes ou front républicain ? La tribune d’Emmanuel de Reynal

 

Au lendemain du désastre des élections Européennes, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et de redonner la parole au peuple. Sa majorité relative n’était plus en mesure de conduire les réformes du pays. Le Parlement, déjà « bordélisé » par la NUPES et « Bardélisé » par le RN, n’avait plus les moyens de dégager le moindre compromis ; il s’orientait inexorablement vers le blocage et la rupture.

Cette dissolution est apparue comme une déflagration politique majeure. En quelques heures à peine, elle a rebattu les cartes d’un jeu qui n’avait pas bougé pendant des décennies : tractations, ralliements, alliances contre nature, baisers de Judas, compromissions, calculs savants… ont rapidement façonné un nouveau paysage français autour de trois grands blocs :

  • Le bloc radical de droite, conduit par le Rassemblement National
  • Le bloc radical de gauche, conduit par LFI
  • Le bloc centriste républicain, conduit par la majorité présidentielle

 

C’est désormais entre ces trois blocs qu’il faudra choisir. Deux d’entre eux sont des attelages baroques et populistes car leur ressort est avant tout d’opposer le peuple aux élites politiques, économiques et médiatiques, ce qu’ils font avec le succès qu’on leur reconnaît. Le troisième se veut pleinement républicain.

Au sein des deux premiers blocs, personne n’est d’accord sur rien : l’Europe, l’économie, les retraites, la politique étrangère, le nucléaire… Faute de pouvoir consolider leurs programmes faits de carpes et de lapins, ces fronts de droite et de gauche se contentent d’engranger leurs points en puisant dans les peurs et les frustrations populaires, seules zones de consensus. Et c’est plutôt facile, car on a tous des frustrations. On est tous ballotés par des forces positives et des forces négatives. On est tous aussi le jouet des guerres hybrides qui envahissent nos algorithmes populistes. La guerre de Russie ne se déroule pas qu’en Ukraine. Elle pollue notre démocratie en infectant nos réseaux, en polarisant notre société, en instrumentalisant nos élus par mille moyens ; Jusqu’à l’Azerbaïdjan qui ouvre généreusement ses portes séditieuses à nos députés NUPES ! Ces drôles de guerres qui, tranquillement, enfantent droite et gauche recomposées, chacune plus rivale que l’autre dans l’incohérence et la radicalité. En définitive, ces deux blocs populistes se nourrissent de nos colères, alors que le centre Républicain peine à réveiller nos espoirs.

Mais force est de constater que pour gagner des voix, c’est bien plus efficace de parler à notre émotion plutôt qu’à notre raison. L’une est sexy, l’autre est fade. L’une rêve, l’autre compte. L’une clashe, l’autre évalue. En d’autres termes, pour gagner, il faut d’abord être « contre » ; contre la finance, contre l’Europe, contre les médias, contre les immigrés, contre les patrons, contre Macron, contre les autres… Être systématiquement contre, c’est ce que font très bien les fronts populistes NUPES et RN !

A l’inverse, le centre républicain tente de cultiver une pensée de compromis, qui cherche à unir plutôt qu’à cliver, qui veut être « pour » avant d’être « contre ». Mais en politique, être « pour », c’est bien plus difficile que d’être « contre ».  A l’heure de twitter et de TikTok, ça marche moins bien ! La pensée positive nuancée n’est pas « banquable ». Ce qui marche, hélas, c’est la radicalité et la démagogie. Ce qui marche, c’est de pointer du doigt les boucs émissaires. Ce qui marche, c’est de raser gratis avec des chèques non provisionnés de plus de 200 milliards d’euros, avec des folles promesses de faillite. On peut le regretter, mais c’est comme ça.

Le 29 juin, si vous écoutez d’abord vos frustrations, vous voterez peut-être pour un candidat du RN ou de la NUPES fraîchement rebaptisé « Front Populaire ». Vous voterez avec colère en acceptant des mensonges comme promesses. Si en revanche, vous écoutez votre désir d’unité, votre esprit de compromis, votre envie de construction, vous voterez pour la République.

Pour ma part, j’entends les frustrations. Et même si je n’ai pas toujours été d’accord avec la majorité présidentielle sortante, l’espace qui me sépare d’elle est mille fois moins important que celui qui me sépare de chacun des deux fronts populistes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Même s’il reste à cette majorité républicaine d’immenses défis à relever, même si tout n’a pas été parfait, je lui reconnais des succès que d’aucuns refusent d’admettre : la baisse des impôts, la baisse du chômage, la restauration de l’attractivité française, la gestion de la crise Covid, la réindustrialisation du pays, le renforcement de l’Europe…

Je voterai donc pour le candidat le plus en phase avec la vision claire que je me fais de la République, et, du fond de mon cœur, quel que soit le résultat, je ferai des vœux d’unité française.

 

Emmanuel de Reynal

 

 

Hommage à Desmond Tutu

Emmanuel de Reynal rend hommage à l'archevêque et au militant pour les Droits de l'Homme Sud-Africain, Desmond Tutu, décédé le 26 décembre 2021.
Emmanuel de Reynal