La place de la femme restera d’ailleurs l’un des sujets clivant au début de l’Olympisme moderne. Le baron Pierre de Coubertin ne les intègre pas au programme de la première édition en 1896 : « Je n’approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics, ce qui ne signifie nullement qu’elles doivent s’abstenir de pratiquer un grand nombre de sports mais sans se donner en spectacle » déclare le père fondateur des JO.
Bien que bannies des Jeux olympiques de l’Antiquité, les femmes luttent ardemment au début du XXème siècle, derrière la féministe française Alice Milliat, présidente d’un club omnisport féminin. Cette championne d’aviron milite courageusement et réclame en vain, l’admission des sportives à toutes les épreuves des Jeux Olympiques d’Anvers en 1920. Face au refus, elle relance en 1922 les Jeux olympiques féminins de Héra, au stade Pershing à Paris. Un succès populaire ! Le Comité international olympique reconnaît alors l’évidence et ouvre l’accès aux femmes à Amsterdam en 1928.
Les concurrentes s’alignent dans les compétitions de gymnastique et d’athlétisme, où survient une première controverse.
L’Allemande Lina Radke triomphe dans le 800 mètres mais déchaîne les passions en raison de son manque de féminité. Le début d’un long feuilleton.
Un siècle plus tard, en ce mois de juin 2024, le journal L’Équipe consacre un grand dossier à Maho Ba-Villemagne boxeur transgenre. Boxeuse dans une première partie de sa carrière, il vient d’obtenir sa licence FFB pour affronter des hommes et combattra pour la première fois en tant que tel, le 6 juillet à Marseille : « La boxe m’a accueilli hyper bien. Sauf des anonymes sur les réseaux sociaux, j’ai reçu de nombreux messages d’encouragement de boxeurs, d’entraîneurs. C’est le plus important pour moi. ».
Nos sociétés modernes évoluent et challengent en permanence les Jeux sur la question du genre.
La double championne olympique du 800 mètres d’athlétisme, la Sud-Africaine Caster Semenya crée la polémique en 2019. Les instances sportives internationales estiment qu’elle est « biologiquement un homme », alors que son hyperandrogénie est officiellement reconnue. Quelle valeur conservent ses deux médailles d’or ? La sportive crie à l’injustice !
La légendaire recordwoman du décidément très symbolique 800 mètres, la tchèque Jarmila Kratochvílová, déclencha quant à elle, une vague de suspicions pour dopage, en raison d’une musculature surdéveloppée. Sa masculinité ajouta au malaise autour de la reconnaissance de sa domination.
Les femmes trop masculines modifient-elles l’équité sportives ?
Comme le chante « Indochine », faut-il reconnaître un troisième sexe ? Par exemple, les tournois d’escrime féminin et masculin devraient-ils cohabiter avec un troisième réservé aux transgenres ? Non. Les critères du degré d’appartenance au « 3éme sexe » semblent indéfinissables.
Tout comme le mélange des genres. Les wokistes les plus véhéments n’y modifieront rien.
Par exemple, à un mois et demi des épreuves de Paris 2024, l’équipe de France de judo féminin s’active à l’INSEP pour préparer le grand rendez-vous où elle peut de nouveau régner sur la discipline. Au cours de ce stage intensif, certains juniors masculins viennent offrir la réplique à nos championnes séniores. Ils ont 16 ans et incarnent l’avenir du judo français. La confrontation propose aux championnes françaises un défi physique plus exigeant que les habituels combats. Naturellement, aucune femme n’aurait pu rivaliser avec ses homologues hommes séniors. De toute évidence, la différence physique conditionne la genrification des combats.
En cyclisme, cette semaine, la championne des Pays Bas du contre la montre s’est imposée sur 18km à une moyenne de 44,36 km/h. Impressionnant ! Ce sont les chronos d’un Bernard Hinault dans les années 80. La performance des femmes évolue et atteint des niveaux records. Cependant elle s’accompagne d’un phénomène quasi semblable chez les hommes. Le champion masculin néerlandais réaliserait sur la même distance, une moyenne supérieure aux 50 km/h. Malgré les avancées, la victoire d’une femme sur un homme, à même niveau mondial, reste inenvisageable dans la mesure où la prestation physique conditionne le résultat.
Mais il n’est pas question de hiérarchiser la performance. Le CIO souhaite d’ailleurs réserver une place identique dans la légende de son épreuve aux femmes et aux hommes. Pour cela il détient deux armes redoutables : la mixité et la parité.
Frédéric Brindelle
Journaliste, chef de rubrique « Opinion Paris 2024 »