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Claude Revel, bonjour. Merci d’avoir accepté de répondre à Opinion Internationale. Pourriez-vous présenter le GIE France Sport Expertise dont vous êtes la présidente ?
En novembre 2019, a été créé le groupement d’intérêt économique France Sport Expertise, dans le cadre de la filière sport qui avait elle-même été fondée en 2016. Nous réunissons aujourd’hui les principaux acteurs économiques du sport en France.
Notre GIE a vu le jour sous l’impulsion d’Olivier Junon, qui était et qui est toujours président de GLD20 et de quelques autres grandes entreprises, générant un chiffre d’affaires important dans le sport et dans les événements sportifs. Olivier Junon m’a demandé de prendre la présidence du GIE en janvier 2020.
France Sport Expertise est financé exclusivement par ses membres et ne reçoit aucune subvention publique. Ce qui permet à notre GIE d’être complètement indépendant.
Ses membres, sont des leaders mondiaux dans leurs domaines, grandes entreprises, PME et TPE incontournables des solutions de référence sur les marchés de l’économie du sport, de la conception de matériel sportif à la gestion des infrastructures, en passant par l’économie numérique et l’organisation des grands événements sportifs internationaux.
Cette coalition vise à développer le positionnement de nos entreprises vis-à-vis des donneurs d’ordre, qu’ils soient français ou internationaux. L’occasion également de construire des réseaux, y compris d’influence, dans le bon sens du terme, pour valoriser l’expertise de la filière sport française.
Que représente aujourd’hui la filière économique du sport ? Est-ce un marché important ?
L’Observatoire du sport de la BPCE, qui est membre du GIE, et qui fait autorité, évalue le marché national du sport à 77 milliards d’euros pour les ventes de services, générés par 113 000 entreprises et 330 000 employés.
Quant au marché international, il est évalué entre 600 et 800 milliards d’euros.
C’est un marché qui, évidemment, est en croissance et qui par conséquent commence à intéresser les fonds étrangers, les banques d’affaires…
Nous sommes dans une année olympique, et nous avons la chance historique que les Jeux vont se dérouler en France. Confirmez-vous que le marché économique du sport est en pleine expansion ?
Effectivement. Tout bouillonne. Qu’il s’agisse des infrastructures, au sens le plus large, des stades, des clubs, des piscines…, ou encore des infrastructures de télécoms. Les services sont aussi en pleine expansion, notamment liés aux sujets comme le bien-être, la santé…
La capacité d’exportation de la France est souvent considérée comme un maillon faible.
Dans le domaine du sport, les entreprises françaises, et plus particulièrement les membres de votre GIE, sont-elles des entreprises exportatrices ? Y-a-t’il une French touch de l’économie du sport qui s’exporte ?
Un organisme a été créé par la ministre Amélie Oudéa-Castéra qui s’appelle la French Sport Touch.
Les grandes entreprises françaises sont bien entendu présentes à l’international, que ce soit au niveau de leurs exportations ou de leurs investissements. Certaines de plus petite taille commencent à l’être également. Mais globalement, nous n’avons pas encore atteint le niveau attendu, comme le mériterait notre niveau d’excellence et de qualité.
Les donneurs d’ordres nationaux et internationaux sont de plus en plus exigeants. Ils attendent des offres personnalisées. Nos entreprises ont de véritables défis à relever pour se positionner et nous les y aidons.
Le GIE est très utile, parce qu’il permet d’avoir une intelligence collective et de travailler avec le soutien bienveillant et diplomatique de l’État. Tout en restant une structure indépendante. C’est important de le rappeler.
De nombreux pays étrangers dont les États-Unis, ont ce qu’ils appellent une diplomatie du sport. Depuis quatre ans, elle s’est énormément développée car le sport est un vecteur d’influence important. D’ailleurs, le soutien politique des Etats-Unis à leurs entreprises est considérable. Il en est de même chez les Néerlandais ou les Britanniques avec leur « UK Sport », qui est financé par le gouvernement. Sans oublier, tous les nouveaux pays, qui ont désormais accès aux compétions, dont les gouvernements ont immédiatement compris l’intérêt de soutenir leur filière sportive.
Les entreprises françaises spécialisées dans le sport ont-elles profité des Jeux olympiques de Paris 2024 ? Vous aviez dit, dans une interview à L’Équipe en 2022 « qu’il fallait tirer le maximum des Jeux de Paris 2024 ».
Dans cet article que vous citez, il était fait état des Jeux de Londres de 2012 pour lesquels 94 % des contrats avaient été remportés par les entreprises britanniques.
Il était naturel de demander au comité olympique de Paris 2024, d’être attentif sur le sujet. Les JO de 2024 sont une occasion unique de promouvoir les entreprises françaises.
A priori, nous avons été entendus puisqu’environ 80 % des contrats ont été remportés par des entreprises tricolores. A confirmer cependant, si c’est en chiffre d’affaires ou en nombre d’affaires. Ce n’est pas la même chose.
Mais globalement, c’est positif. Les entreprises de l’hexagone doivent être au cœur de de l’économie des JO de Paris 2024. C’est doublement essentiel, à court terme, pour le marché intérieur, mais aussi à moyen et long terme, pour l’export. Avoir comme référence, Paris 2024, c’est une vitrine stratégique.
Pouvez-vous nous confirmer que pour les prochains Jeux olympiques – Milan, Los Angeles, Inde peut-être -, les entreprises françaises de la filière sport seront dans les appels d’offres pour décrocher des marchés ?
Nous sommes sur les rangs, et même dans les starting-blocks. Notamment pour Milan, où les appels d’offres sont en cours de finalisation. Quant à Los Angeles, les premières relations s’initient. Mais vous comprendrez que je ne vais pas détailler ces points. C’est le secret des affaires. Une loi d’ailleurs que j’avais contribué à faire passer quand j’étais déléguée ministérielle à l’intelligence économique.
Ce qui est certain, c’est que nos entreprises françaises ont des expertises exceptionnelles. Pour certaines, elles sont les seules à vraiment les maîtriser comme toutes ces démarches éco-responsables, environnementales.
Que laissera l’héritage de Paris 2024 ?
Vous avez raison de parler d’héritage de Paris 2024. On y tient beaucoup. L’héritage à l’international, ce sera la vitrine que nous aurons montrée. L’héritage dans les formations qui auront été dispensées. L’héritage dans les nouvelles pratiques innovantes qui auront été mises en place et dans les programmes de sensibilisation et d’accompagnement à la pratique sportive pour le plus grand nombre.
Au fond le sport, c’est que du business ?
Pas du tout ! Tous les pays ont compris que le sport, ce n’est pas seulement de l’économie ou une pratique. C’est aussi un objet social qui véhicule des valeurs. Un outil politique qu’il faut absolument savoir gérer car il a une influence sur de nombreux autres sujets comme la santé ou l’éducation.
Il ne faut plus être cloisonné dans la gestion du sport. Il faut avoir cette vision multidisciplinaire et transverse. Ce peut être un atout politique énorme qu’il est essentiel d’utiliser de manière intentionnée.
Le sport doit être appréhendé sous toutes ses facettes. : économique, sociétal, géostratégique… C’est un outil exceptionnel.
Terminons sur cette formule : Vive Paris 2024, vive le sport !
Merci, Claude Revel.
Propos recueillis par Michel Taube