Chaque année le défilé du 14 juillet voit défiler les troupes militaires et les forces de sécurité devant le Président de la République, le gouvernement (même démissionnaire) et les corps constitués.
L’armée et la nation : dans un pays où la suppression du service militaire a distendu ce lien pourtant vital, il est bon de rappeler que la France est une puissance nucléaire et une des rares armées au monde prêtes à envoyer des troupes sur des théâtres d’opération extérieures. On se souvient du Sahel où des compatriotes sont morts dans la lutte contre l’islamisme avant d’être contraints de s’en retirer. Et on peut s’émouvoir de la puissante tentation du repli sur soi qu’illustre le refus d’une partie de l’opinion publique d’envoyer des troupes en Ukraine en cas de nécessité.
Mais la nation a besoin de retisser ses liens distendus avec bien d’autres corps de la société que les forces armées… Et si désormais le défilé du 14 juillet devenait militaire ET civil permettant chaque année aux Français les plus méritants de saluer le drapeau français devant tous les Français ?
On se souvient qu’en 2020, quelques infirmiers, logisticiens, commerçants, nos fameux premiers de cordée, avaient été associés au défilé du 14 juillet qui se tenait entre deux vagues Covid fatales. Ce qui avait été annoncé comme un 14 juillet des premiers de cordée, notamment pour les soignants, n’avait finalement guère changé de nature.
En 2014 et en 2021, quelques jeunes avaient dansé et entonné la Marseillaise à la Concorde en clôture du défilé… Nous nous souvenons plus particulièrement de ce merveilleux défilé du 14 juillet 2014 qui avait marqué le coup d’envoi officiel de la célébration du centenaire de la grande guerre. La totalité des 80 pays qui avaient vu des soldats ou des ouvriers participer à l’effort de guerre en 14-18 avaient défilé, drapeaux en tête, aux côtés de l’armée française. Mais le défilé n’avait pas été que militaire : en clôture de la parade des armées, 250 jeunes âgés de 20 à 25 ans, venus de ces 80 pays, s’étaient livrés à une chorégraphie magique imaginée par le chorégraphe José Montalvo. Ces jeunes, habillés de noir et blanc, avaient procédé à un lancer de colombes, symboles de paix [notre photo].
Nous nous souvenons de ce témoignage du jeune Julien Vincent, de nationalité australienne, qui nous avait confié : « la France, bien qu’elle ait, si j’ai bien compris, ses problèmes et ses doutes, représente toujours pour nous, à l’autre bout du monde, une grande présence, une culture, une histoire, une langue très belle. Elle doit maintenir sa présence dans le monde ».
Un défilé à la composition plus variée, mêlant soldats, policiers, pompiers, mais aussi des maires, des enseignants, des scientifiques primés, des médecins, des chefs d’entreprises ayant réussi, des dirigeants d’associations, des artistes (Aya Nakamura et Michel Sardou ensemble ?) donnerait des couleurs à cette tradition bien française.
Car notre conviction est que la France se meurt de ce que ses symboles les plus forts, – la devise républicaine, le drapeau, la Marseillaise – , ne sont plus vénérés, entonnés par nos jeunes concitoyens. Un pays dont la jeunesse ne salue pas le drapeau national se meurt à petit feu… Il faudrait changer les modes de commémoration de nos valeurs : gerbes et minute de silence devant la tombe du soldat inconnu, défilés militaires sont nécessaires pour y associer la jeunesse, mais il faudrait multiplier des modes plus festifs et innovants de commémoration.
Au fond, une nation, c’est une armée de citoyens, et au premier rang desquels les femmes et les hommes qui inventent tous les jours la France de demain.