Edito
13H19 - vendredi 19 juillet 2024

On ne change pas une équipe qui perd. L’édito estival de Michel Taube

 

Source : Assemblée Nationale

Qu’il était cocasse hier, pour la reprise des travaux de l’Assemblée nationale, de voir François Hollande revenir au Palais Bourbon : plus aberrant pour la séparation des pouvoirs, un premier ministre Gabriel Attal, certes démissionnaire, siéger dans les travées de l’Assemblée.

Des députés qui refusent nombreux de serrer la main d’autres députés, des regards assassins échangés entre eux, des insultes comme un Louis Boyard qui tweete sur « la République des pourris ».

Il en faudra de la fermeté et du sens du compromis paradoxalement pour tenir une Assemblée aux allures de chaudron. Heureusement Yaël Braun-Pivert a été et sera certainement une excellente présidente de la première Chambre du Parlement française : une main de fer dans un gant de velours. Il en faudra de la poigne !

Mais surtout, la France a échappé à la présidence de l’Assemblée par un communiste. Une France de droite gouvernée par un gauchiste, certes homme respectable et respecté, mais gauchiste tout de même ? C’eut été un petit séisme. La France est le dernier pays occidental à élire autant d’idéologues de l’ancien siècle.

Mais la principale leçon de cette élection de la présidente de l’Assemblée nationale, c’est que nous avons désormais un avant-goût du rapport de force qui va présider aux travaux de l’Assemblée nationale dans les prochains mois. En effet, se sont dessinés hier les possibles contours d’une alliance de circonstance entre les Républicains canal historique et la macronie. À eux deux, ils arrivent à avoir quelques voix de plus que le pseudo nouveau Front populaire.

Mais avec 221 voix, Madame Braun-Pivet est la présidente la moins bien élue de la Vè République. Elle aura bien du mal à tenir l’Assemblée. Déjà les attaques fusent et dénoncent un déni de démocratie : la macronie a perdu les européennes, les législatives et elle conserve la présidente de l’Assemblée nationale.

Alors, oui, d’une courte tête, par le jeu des alliances politiciennes, Emmanuel Macron sauve sa « majorité devenue minoritaire » mais plus que jamais la France semble ingouvernable.

Car la réalité est qu’on ne vote pas des lois, et surtout la loi de finances à l’automne prochain, avec 221 voix sur 577 députés.

Yaël Braun Pivet avait bien raison de dire hier dans son discours d’investiture : « l’Assemblée nationale est plus représentative que jamais, mais aussi plus divisée que jamais ».

Manifestement en macronie, on ne change pas une équipe qui perd.

 

Michel Taube

Directeur de la publication