Jusqu’au 29 août, Opinion Internationale vous invite à un tour du monde estival : chaque jour, nous vous proposons de visiter un site touristique qui est aussi un lieu de mémoire, un moment où s’est jouée l’histoire des libertés.
Inanda : c’est en Afrique du sud que le leader de la future Inde indépendante forgea sa doctrine pacifiste.
L’ANC y a pris naissance et Gandhi y vécut : le township d’Inanda se situe dans une vallée proche de la ville balnéaire de Durban sur la côte est sud-africaine. Peu cité par les livres d’histoire, c’est pourtant là que le destin de l’Afrique du Sud et de l’Inde s’est en partie joué. Il est des lieux où l’histoire se concentre et les événements se télescopent.
La ville vit tout d’abord un illustre Indien y faire ses armes : à côté de l’hôpital qui porte son nom, se situe le Phoenix Settlement, premier ashram fondé en 1904 par Gandhi qui y vécut 10 ans. Il y élabora son idéal de résistance passive avant de rentrer en Inde. La maison fut détruite en 1985 lors de violents affrontements entre Indiens et Africains. Reconstruite à l’identique en 2000 et classée au patrimoine national, elle abrite aujourd’hui des documents et des photos de Gandhi.
A côté de la maison se trouve l’imprimerie du journal Indian Opinion, créé en 1904 par Gandhi, et dans lequel les Indiens se servaient de leur plume pour protester contre le pouvoir colonial. Ce journal inspira en particulier les leaders de la résistance à l’apartheid, notamment un certain John Dube.
L’Afrique du sud doit beaucoup ensuite à Inanda : le lycée Ohlange d’Inanda – the Ohlange Institute – abrite le musée consacré à John Dube (1871-1946) fondateur de la première école noire et, dès 1912, premier président de l’African National Congress (ANC). Lors des premières élections démocratiques en Afrique du Sud en 1994, Nelson Mandela avait choisi de voter dans cet endroit pour lui rendre hommage : « … J’ai déposé mon bulletin dans l’urne près de sa tombe, fermant ainsi le cycle historique, car la mission qu’il avait entamée quatre-vingt-deux ans plus tôt était sur le point de s’achever. »