Opinion
10H34 - jeudi 1 août 2024

Soyons radicalement de gauche et refusons la gauche radicale ! La chronique de Baptiste Ménard

 

Nous en sommes donc là… Oui, la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au soir des résultats des élections européennes, a provoqué un choc dans le pays.

Dans ce contexte, la gauche, face au score de Jordan Bardella aux élections européennes et la peur de voir le Rassemblement National obtenir la majorité absolue, a construit une nouvelle alliance, celle du Nouveau Front Populaire.

Cette alliance, chacun le sait, s’est constituée dans une grande incertitude, dans la précipitation mais aussi dans une forme d’autorité.

À titre personnel, et comme beaucoup de mes camarades, je n’ai jamais caché, mon souhait de construire une alliance différente de la gauche, sur les bases du bon score, de notre candidat Raphael Glucksmann, avec les radicaux de gauche, les écologistes, les communistes, et tous les humanistes partageant nos valeurs et convictions. Une alliance permettant d’envisager la victoire, dans la clarté, la cohérence et dans le respect de l’identité de chacune des formations.

Emmanuel Macron souhaitait une clarification de l’état des forces politiques dans notre pays. On aurait espéré qu’après les mauvais résultats de la majorité qu’il représente, il comprenne que les Français désavouaient la politique qu’il mène depuis maintenant près de 7 ans. On aurait espéré que face aux scores importants du Rassemblement National, il prenne conscience que l’urgence était de le combattre et non de le légitimer davantage.

Avec cette dissolution, le Président Macron a surtout obtenu la confirmation de la poussée du RN dans l’opinion publique bien que contenue grâce au front républicain, ainsi qu’à la subsistance de deux autres blocs, celui des gauches, et des centristes.

Le Nouveau Front Populaire s’est donc révélé être une alliance disposant d’une forme d’efficacité pour éviter la majorité au Rassemblement National sans pour autant le faire reculer. Il existe une réalité, et que nul ne devrait nier, c’est que même si le nouveau front populaire est arrivé en tête, il n’a pas obtenu la majorité absolue.

Le NFP a connu ses propres difficultés et notamment au moment de trouver une candidature d’un premier ministre, en l’occurrence celle de Lucie Castets, dont nul ne conteste cependant ici, les qualités politiques intrinsèques.

Mais nous nous sommes écharpés, presque désavoués devant l’espoir qu’avait pu susciter le résultat au soir du 7 juillet. 

Nous aurions pu, nous aurions dû nous épargner cette séquence catastrophique, car nous savons bien que le choix et la nomination du locataire de Matignon, est de la responsabilité du Président de la République, même s’il doit refléter l’état des forces en présence au sein de l’assemblée nationale.

À cet égard, l’interview récente du président Macron était quelque peu surprenante. En effet, il a demandé aux partis politiques et aux parlementaires de résoudre la situation politique qu’il a lui-même générée.

Nous ne sommes pas dans une série Netflix, où chacun s’octroie le droit d’écrire le scénario qu’il souhaite. Alors que la situation politique du pays est préoccupante, les déclarations de Jean-Luc Mélenchon le 7 juillet dernier à 20h05 ont contribué à cornériser la gauche dans son ensemble. Quel sens y avait-il à revendiquer une victoire totale avec moins de 200 députés pour le NFP, alors même qu’en 2022, nous avons affirmé la défaite du camp présidentiel avec 250 députés ?

Je dénonce la stratégie du bruit et de la fureur du fondateur de LFI qui condamne la gauche à l’opposition et donc à l’inaction. Il ne le fait que dans le but de servir son propre récit, celui d’une énième candidature qu’il envisage au second tour face à Marine Le Pen et qui n’aurait que pour conséquence de permettre la victoire de la seconde sur lui-même. Il l’a enfin avoué, dans une interview dans la presse étrangère.

 

L’enjeu pour notre pays est donc désormais de trouver les moyens de bâtir une coalition ou a minima un accord pour construire un gouvernement qui répondra aux besoins de nos concitoyens.

C’est pourquoi, la stratégie orchestrée par Jean-Luc Mélenchon n’est pas la bonne. Il nous faut la dénoncer, car elle ne sert les intérêts personnels d’un homme ambitieux qui a échoué par trois fois à accéder à l’Élysée. Il faut également dénoncer ces discours qui essentialisent les uns et les autres, qu’ils résident en banlieue ou dans la ruralité. Alors même que nous savons bien, que les identités des concitoyens sont désormais le fruit de plusieurs hybridations.

Je conteste la lecture mélenchonienne de la société qui se cornérise dans l’histoire et le passé, qui pense des identités complètement figées et donc faussées. Au fond, dans des identités unifiées, unitaires et donc fantasmées.

C’est pourquoi, la gauche aurait été plus utile aux Français et au pays, en déterminant une plateforme politique avec nos 10 premières mesures, et en affirmant une feuille de route programmatique ainsi qu’une méthode pour gouverner.

Nous devons construire cette alternative de gauche républicaine, digne et responsable, tant attendue par nos concitoyens.

Nous devons répondre à toutes les préoccupations des habitants – y compris sur des sujets, que nous avons laissés trop longtemps et à tort à l’extrême droite : qu’il s’agisse de sécurité, de patrie, de république, au fond de notre creuset commun.

Cette gauche républicaine et démocrate doit donc intégrer le régalien aux questions sociales et sociétales. Quid de l’Europe de demain ? Comment faire commun ? Comment faire rêver à nouveau cet idéal européen et avec quelles politiques publiques ? Comment repenser les relations Europe- France, Europe-Afrique ? À travers des partenariats adultes entre pays indépendants et matures ?

Alors que la France reçoit les jeux olympiques, que nous avons tous éprouvé de nombreuses émotions lors de la cérémonie d’ouverture, j’estime que l’heure est à la concorde autour des valeurs de l’olympisme et de la volonté de donner de notre pays, la France, la meilleure image qu’il soit possible de délivrer.

 

Baptiste Ménard
Adjoint au Maire de Mons-en-Baroeul, Président de « Lueurs Républicaines »