Edito
07H55 - jeudi 15 août 2024

Débarquement de Provence : une fierté française et africaine. Le billet estival de Michel Taube

 

Le chef de l’Etat préside aujourd’hui jeudi 15 août 2024 les cérémonies du 80ème anniversaire du débarquement de Provence à la nécropole nationale de Boulouris puis au large de Toulon sur le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude.

Ce débarquement est l’oublié de l’histoire de la Seconde guerre mondiale. Si le débarquement de Normandie qui avait eu lieu deux mois auparavant, le 6 juin 1944, est dans toutes les mémoires (le cinéma y a grandement contribué), celui de Provence est bien moins connu.

Et pourtant, le débarquement de Provence a été certainement le plus grand fait d’armes de l’armée française qu’avait reconstituée le Général De Gaulle depuis son départ à Londres en juin 1940.

Le débarquement de Provence, c’est une fierté française parce qu’il a été largement piloté, orchestré et réussi par des troupes françaises et des troupes africaines françaises.

Sous le commandement du général Jean de Lattre de Tassigny, l’Armée B, qui deviendra plus tard la 1ère Armée française, était composée d’une grande partie des forces terrestres impliquées dans le débarquement de Provence. Composée principalement de soldats français, cette armée compta environ 250 000 hommes, dont une grande majorité provenait des colonies françaises d’Afrique du Nord.

La participation des forces françaises au débarquement de Provence a non seulement renforcé les Alliés, mais elle a aussi permis à la France de réaffirmer son rôle dans la libération de son propre territoire. Cette opération a marqué le retour effectif de l’armée française sur le sol métropolitain après plusieurs années de combat depuis l’exil.

C’est pourquoi ce Débarquement a redonné sa fierté à la France.

 

Une victoire africaine

Mais cette fierté française est aussi une fierté franco-africaine car il faut insister sur l’intense mobilisation de l’empire colonial français de l’époque, soldats d’Afrique du Nord, tirailleurs d’Afrique subsaharienne, dissidents antillais, Français libres venus du Pacifique, jeunes Pieds-Noirs appelés sous les drapeaux, résistants évadés de France par l’Espagne et ayant rejoint le Maghreb. Ces troupes comprenaient des unités de tirailleurs sénégalais, algériens, marocains et tunisiens, ainsi que des unités de goumiers marocains. Elles formaient la 3e division d’infanterie algérienne (DIA), la 9e division d’infanterie coloniale (DIC), et la 1ère division blindée (DB), entre autres.

Cette commémoration a une diversité des visages, une diversité des langues, des origines, des religions, une diversité au pluriel donc, qui est unie pour la France et la liberté.

Dans ce contexte, une participation africaine de haut niveau est attendue à la cérémonie internationale qui se déroule aujourd’hui à Boulouris, avec la présence de 6 chefs d’Etats et premiers ministres de pays africains et une vingtaine d’officiels de haut niveau d’Afrique et de l’Océan indien (en plus de la présence d’Albert II, Prince souverain de Monaco) : – M. Brice Oligui NGUEMA, Président de la transition de la République gabonaise ; M. Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, M. Faure GNASSINGBE, Président de la République togolaise ; M. Faustin-Archange TOUADERA, Président de la République centrafricaine, M. Azali ASSOUMANI, Président de l’Union des Comores, M. Aziz AKHANNOUCH, chef du gouvernement du Royaume du Maroc.

 

Ce jour de mémoire s’inscrit dans le cycle du 80ème anniversaire de la libération de la France qui avait débuté en Corse. Il s’est poursuivi avec un hommage aux héros étrangers de la Résistance qui, à l’instar de Missak Manouchian qui a été panthéonisé, sont allés jusqu’au sacrifice ultime. Les victimes de la Shoah avec les enfants d’Izieu, des victimes de la barbarie nazie à Tulle et à Oradour où le président s’est rendu, la volonté des Français libres rappelée à l’île de Sein et le 6 juin dernier en Normandie et en Bretagne, la mémoire de nos alliés et des Français qui ont contribué à notre libération a été honorée. Cet itinéraire mémoriel se poursuivra samedi à Bormes-les-Mimosas comme chaque année depuis son élection puis à Paris le 25 août, jusqu’à Strasbourg en novembre et Colmar en février 2025, libérée il y a quatre-vingts ans par la même armée du Maréchal de Lattre de Tassigny.

Rappelons aussi que la Corse a célébré fin juillet les quatre-vingts ans de la disparition d’Antoine de Saint-Exupéry, l’aviateur-écrivain, auteur du Petit Prince, qui avait décollé de l’île méditerranéenne avant de s’abîmer en mer lors d’une reconnaissance aérienne pour les Alliés.

 

La mémoire au présent

Comme chaque année, le chef de l’État ne manquera pas de convoquer l’histoire pour parler de l’actualité : il fera appel au courage, à cet esprit de résistance, à cette fierté française dont nos aïeux on fait preuve dans les pires heures tragiques de notre histoire.

Une nation, un peuple, une grande nation, un grand peuple ont besoin de convoquer les grands moments de l’histoire pour pouvoir faire corps, et pour pouvoir donner à nos concitoyens et notamment à notre jeunesse, des raisons d’espérer, des raisons d’être ambitieux, des raisons de se sentir pleinement Francais.

Cette invocation de l’histoire est tout aussi importante et, franchement a plus de sens, que d’invoquer le succès des Jeux olympiques pour tenter de faire nation autour de sportifs.

 

Michel Taube

 

Le replay de l’édito de Michel Taube sur CNEWS et le commentaire de Nathan Devers (à partir de 1:00:50) :

 

Pour aller plus loin
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