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13H34 - lundi 19 août 2024

Ce qu’aurait fait le maître des horloges. L’édito-fiction de Michel Taube

 

Retrouvez Michel Taube, dans Face à l’Info sur CNews, le 19 août, qui éditorialiste ce sujet. Début de son intervention à 4 mn du début de l’émission.

Petit récit de politique-fiction pour mesurer ce que la France a perdu depuis qu’Emmanuel Macron n’est plus le maître des horloges…

Lundi 10 juin 2024 à 20h : au lendemain du triomphe du RN et de la raclée infligée à la majorité macronienne aux élections européennes, Emmanuel Macron s’adresse aux Français…

« Mes chers Compatriotes, Françaises, Français,

Le vote des Français hier ne pourra rester sans conséquences. La majorité de nos compatriotes exige davantage de fermeté en matière de lutte contre la délinquance, de respect des valeurs républicaines ou encore de contrôle de l’immigration. Mais les Français veulent aussi plus de justice sociale, de lutte contre les inégalités, de services publics efficaces, ce qui implique une meilleure affectation de la dépense publique qui ne peut être un puits sans fond. Rien n’est en effet gratuit, et la dette publique de la France est payée directement par les Français, n’en déplaise aux adeptes de l’argent magique, aux affabulateurs, aux menteurs.

Après les Jeux olympiques et paralympiques, des décisions importantes seront prises. Je tirerai les conséquences, toutes les conséquences que la Constitution me permet d’employer, pour répondre à l’appel des Français exprimé le 9 juin.

Mais l’urgence et le rang de la France, qui sera observée dans le monde entier dans les prochaines semaines, nous commandent de réussir tous ensemble le défi de Paris 2024.

Nous devons tous ensemble relever un défi aussi immense qu’exaltant. Si nous réussissons à faire des Jeux olympiques, une immense fête, la France et pas seulement Paris, en sortira gagnante, victorieuse même, avec des effets positifs à long terme. Dès la cérémonie d’ouverture, nous offrirons aux Français et aux téléspectateurs du monde entier le plus beau spectacle dont ils puissent rêver. Le rêve deviendra réalité grâce à la magie des Jeux.

Après une campagne électorale pénible et parfois nauséabonde, l’heure est aux réjouissances, l’heure est aux Jeux olympiques, chez nous, pour vous. Et il sera temps au lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques et de la rentrée d’ouvrir un nouveau chapitre de la vie politique française. »

Mardi 10 septembre 2024, au surlendemain de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, Emmanuel Macron s’adresse aux Français :

« Mes chers compatriotes, Françaises, Français,

On nous disait que c’était criminel d’organiser une cérémonie d’ouverture des JO sur la Seine et de maintenir les mêmes sites olympiques sur les plus belles places de Paris pour les para-athlètes.

On décrivait les Français, ou ils se décrivaient parfois eux-mêmes comme prisonniers d’un pessimisme chronique, en butte au renoncement, à la déprime, à l’autoflagellation. Nous avons organisé les plus beaux Jeux de l’histoire, le monde entier le reconnaît, et nos athlètes ont ramené plus de médailles que jamais dans l’histoire du sport français. Nous pouvons tous être fiers de nous. Je suis fier de vous.

Au soir des élections européennes du 9 juin, je vous avais annoncé des changements, afin de tenir compte du message de dépit adressé par une majorité de Français. Ici de l’inquiétude, là de la déception, parfois de la colère. Je vous l’avais indiqué dès le 9 juin : vous exigez davantage de fermeté en matière de lutte contre la délinquance, de respect des valeurs républicaines, de contrôle de l’immigration, de justice sociale, de lutte contre les inégalités, de services publics qui doivent être plus équitables et plus efficaces, car l’argent magique n’existe pas.

Je pourrais considérer que cette élection n’est qu’européenne, et achever mon mandat avec une majorité relative, mais vous avez tous constaté à quel point il est difficile de faire adopter la moindre loi, que les partis les plus extrémistes ne connaissaient que l’obstruction de principe ou la pagaille.

Depuis le début de l’année 2024, malgré le talent du premier ministre Gabriel Attal, le rythme d’adoption des lois et des réformes a fortement baissé. Cela ne peut plus durer.

J’ai décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Les 6 et 13 octobre prochains, les Français éliront une nouvelle Assemblée nationale. Dans cette attente, le gouvernement sera chargé de gérer les affaires courantes.

La Constitution de la Vème république instaure un régime parlementaire, et non présidentiel, même si le président de la République, élu au suffrage universel direct, y joue un rôle plus puissant que dans les autres démocraties parlementaires. Mais le pouvoir de légiférer appartient au Parlement. Évidemment, s’il reste de nombreuses tâches à accomplir, ce qui a déjà été fait par la majorité sortante est considérable.

J’en suis fier, et nous aurons l’occasion d’y revenir durant la campagne électorale qui s’annonce. La majorité présidentielle, même désavouée le 9 juin, peut être fière de son bilan.

Et le succès des Jeux olympiques nous a donné raison : la France est grande lorsqu’on fait confiance aux Français.

J’appelle les Français à me donner une majorité qui me permettra d’achever ma mission en tenant le plus grand compte de ce que vous avez exprimé lors des élections européennes et plus encore de ce que vous exprimerez durant les prochaines élections législatives.

Mais je suis aussi prêt à travailler avec tous les républicains, de droite comme de gauche.

En revanche, je vous demande de faire barrage à tous les extrêmes. Le RN prétend ne plus être le FN. Mais sa prétendue mue est encore un rideau de fumée. Et que dire de son projet économique insensé et dangereux, bref socialiste.

L’extrême gauche, elle, a montré durant la campagne des européennes qu’elle méritait parfaitement d’être qualifiée d’islamogauchiste, avec des dérives antisémites qui la rendent aussi infréquentable que l’extrême droite qu’elle prétend combattre, alors qu’elle lui ressemble à bien des égards, ne serait-ce que par ses promesses économiques dont il vaut mieux espérer qu’il s’agit de mensonges, car si elles étaient tenues, la France sombrerait rapidement dans la faillite budgétaire avec des conséquences dramatiques pour tous les Français, notamment les moins favorisés.

Sous la houlette de Gabriel Attal, la majorité a pris ces derniers mois des décisions essentielles qui ont d’une certaine manière anticipé le résultat des élections européennes. Elles ont à peine commencé à porter leurs fruits, malgré les entraves systématiques de l’opposition qui ne cesse de démontrer son dogmatisme et son défaut de maturité démocratique.

C’est pourquoi, en même temps, j’appelle à reconduire et renforcer l’actuelle majorité pour accélérer et amplifier les mutations indispensables déjà engagées et à me donner les moyens de mettre en œuvre celles que vous exigez.

Et je suis prêt, si tel est votre choix, à élargir cette majorité à l’issue du scrutin en excluant bien évidemment les extrêmes de tous bords.

Mes chers compatriotes, sachons dépasser nos divergences, sachons dans les urnes faire preuve de l’unité nationale dont nous avons été capables derrière nos athlètes et une organisation extraordinaire des Jeux de Paris 2024. »

Vive la République et vive la France ! 

 

Michel Taube

Directeur de la publication