Opinion Eco & Entrepreneurs
09H47 - mercredi 21 août 2024

Sandrine Chanéac (Le Grappin sur la Quille) : « une passionnante passionnée, amoureuse du vin et de ses clients »

 

C’est avec un enthousiasme non dissimulé que je me connecte ce matin pour réaliser l’interview de Sandrine Chanéac, formatrice œnologique, dirigeante de l’atelier de dégustation « Le Grappin sur la Quille » à Paris (20ème) 

Un véritable accomplissement pour cette pétillante Parisienne qui, issue d’une école hôtelière, a passé dix années dans la finance, sans cesser pour autant d’entretenir sa passion pour le vin.

Et c’est ainsi que par un beau matin de février 2014, Sandrine décide de tout plaquer – une entreprise de renom, un salaire confortable, une super équipe, un patron qui lui fait confiance – pour devenir caviste.

Ayant exercé le métier de caviste durant 6 ans à Saint-Mandé (Val-de-Marne), cette expérience très enrichissante lui a permis de mettre en pratique son expertise et de faire partager sa passion pour le vin. Conseiller ses clients pour réussir l’accord mets-vins, leur transmettre ses connaissances dans le cadre d’ateliers de dégustation, leur faire découvrir des appellations, rencontrer des vignerons…, tous ces moments lui ont permis de nourrir des échanges fructueux autour du vin et des spiritueux.

Passionnée par l’univers du vin et ses acteurs, Sandrine Chanéac est de ces personnes qui ont toujours soif de connaissance : visiter régulièrement les régions viticoles françaises et partir à la rencontre des viticulteurs, lui permet de satisfaire son objectif de dénicher des petites pépites et de les faire découvrir !


Laisser de la place à son projet de vie personnelle

En juillet 2020, Sandrine décide de vendre son fonds de commerce « pour laisser de la place à son projet de vie personnelle ». Rapidement, cette intrépide jeune femme s’ennuie et décide de reprendre ses formations en passant le WSET Niveau 3 (Wine & Spirit Education Trust – formation continue délivrée par un établissement anglais, reconnue à l’internationale). « J’ai obtenu cette certification avec distinction. Quelle fierté ! »

Entre dégustations, parcours sur les routes de France, voire d’Europe, rencontres avec les récoltants et visites de caves, Sandrine prend toujours plaisir à partager son amour du métier en prodiguant ses précieux conseils auprès d’une clientèle toujours plus curieuse, avide de découvertes et de petits secrets d’expert. Mais désormais autrement.

Novembre 2020, une nouvelle aventure commence. Sandrine devient formatrice œnologique, initialement pour les particuliers à domicile. Et notre passionnée devient très rapidement formatrice en œnologie pour les professionnels des restaurants. Activité qui, avec le temps, évolue vers la formation des caves à vin, des traiteurs, des épiceries fines, des fromagers, des bouchers… « Tous les métiers de la bouche qui ont un rayon vin et qui ont besoin d’avoir une expertise vin avec les produits qu’ils vendent. Ces professionnels passionnés qui veulent apporter un service complémentaire à leurs clients. Je trouve cela génial d’avoir des commerçants avec un tel état d’esprit ».

Cette activité représente aujourd’hui 80% de son business. Mais Sandrine, l’hyper active formatrice en œnologie, veut se diversifier.

 

Embaucher rapidement une personne avec la même philosophie qu’elle

Sandrine développe l’évènementiel sur-mesure en entreprise (afterwork ou soirée commerciale) sous forme d’ateliers de dégustation de vins ou spiritueux. « Je veux que mes clients passent un moment agréable favorisant les échanges. C’est aussi idéal pour me faire connaître et nouer de nouveaux contacts professionnels ».

S’en suivent des clubs d’œnologie auprès des entreprises et associations. L’occasion de faire le tour du monde des meilleurs vignobles, mais attention avec crachoirs obligatoires. Nous sommes dans le milieu de l’entreprise, la loi Evin s’applique.

Le développement de cette dernière activité est d’ailleurs le défi de Sandrine. Elle y croit beaucoup. Ce qui lui permettrait d’embaucher rapidement une personne avec la même philosophie qu’elle. La future patronne a déjà sa petite idée, mais elle ne nous en dira pas plus.

 

 

 

Paradoxalement, la désalcoolisation est peut-être la nouvelle tendance des viticulteurs, même si cela me peine, mais s’il le faut, je m’adapterai !

Sandrine Chanéac, comment qualifiez-vous votre relation avec vos clients ?

Toutes mes clients n’ont pas les mêmes besoins, les mêmes intérêts.
Former un professionnel de restaurant est plus technique que de former un particulier sur l’art de la dégustation. J’ai besoin que ce soit ludique et hyperactif, que tout le monde participe avec un langage décomplexé pour que chacun comprenne et prenne du plaisir. Je veux transmettre ma passion. D’ailleurs, souvent ceux qui font appel à moi sont des passionnés. Ils aiment le vin. Ils veulent s’enrichir, continuer à apprendre. Je veux partager toutes mes connaissances pour que mes clients puissent les mettre en pratique tout de suite.


Votre activité professionnelle vous laisse-t-elle encore le temps de partir à la découverte du terroir viticole ?

Depuis que je n’ai plus mon commerce, j’ai beaucoup de temps pour aller dans les vignobles et surtout aller voir les vignerons, notamment ceux pour lesquels j’ai eu un coup de cœur lors d’une dégustation. Ils m’accordent souvent deux à trois heures de leur temps, ce qui est précieux, pour découvrir toutes leurs gammes, leur sol, leur technique…
C’est un vrai relationnel qui me permet de mettre en avant leur travail au travers de mes réseaux sociaux. J’invite les consommateurs à découvrir directement leurs domaines, sans intermédiaire et donc sans coût supplémentaire. Je ne vends pas de vin. Je veux juste faire découvrir des producteurs dont j’aime le travail. C’est ma façon d’aider la filière.


Justement, le vin est une filière que l’on décrit souvent en difficulté. Qu’en est-il de votre domaine d’activité ?

Depuis la COVID, les animations à domicile se sont renforcées. Les clients ont gardé cette habitude de rester à la maison.
Au niveau des formations des professionnels des métiers de la bouche, le besoin demeure, car c’est une expertise demandée par leurs clients. Quant à la restauration, c’est plus compliqué avec les pénuries de main-d’œuvre (car beaucoup ont profité du covid pour changer de métier). Pour mon activité d’évènementiel dans les entreprises, je ne m’inquiète pas. Tant qu’elles sont en développement, j’aurai du travail.
Ma seule inquiétude, pourrait-être la chute de la consommation du vin avec le changement des habitudes, notamment des jeunes générations (boire moins mais mieux), et le développement des vins sans alcool. Je comprends que cela fasse bondir les professionnels de mon univers. Mais il faut s’adapter pour sauver sans doute une partie de notre économie en baisse. Des vignerons travaillent déjà le sujet.

À nous de comprendre le concept de désalcoolisation pour pouvoir l’expliquer à nos élèves, futurs cavistes, qui pour certains exploiteront peut-être cette niche et ses nouveaux consommateurs de « vin ».
Pour le moment, il faut aller à la découverte des viticulteurs qui pratiquent cette technique pour en goûter un maximum et se faire une vraie idée. Il faut que je prenne du temps de dénicher de bonnes bouteilles. Je compte énormément sur l’expertise des vignerons pour nous faire de bons produits sans alcool en gardant le goût, les sensations au nez et en bouche que nous aimons aujourd’hui. Phénomène de mode ou avenir ? Je n’ai pas la réponse.

 

Pourquoi avoir décidé d’adhérer à la CPME ? Quels avantages y trouvez-vous ?

Je suis ravie d’avoir découvert la CPME-Paris. Je ne savais pas qu’il existait un organisme pour les autoentrepreneurs qui propose un tel éventail de services et de formations. J’ai par exemple fait dernièrement une formation sur l’IA, une autre sur les obligations légales de ventes, j’ai eu l’opportunité de rencontrer une avocate sur la protection du droit et de l’image… Sur les questions RH, ils sont au top. Et ceux qui y travaillent sont hyperéactifs. C’est appréciable de se sentir ainsi soutenue et encadrée.

Adhérer à la CPME Paris, c’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres entrepreneurs pour nouer du réseau et ne pas se sentir seule. C’est une niche à pépites, à rencontres.

J’y vais pour apprendre des compétences des autres comme le juridique, l’obligatoire au niveau entrepreneur, rencontrer des avocats si nécessaire…

Au regard de l’investissement, cela m’apporte beaucoup. J’ai hâte de participer aux afterworks dès que mon agenda me le permettra.

 

Sandrine Chanéac
8 rue de Lagny
75020 Paris.

Tél. : +33 (0) 6 48 06 84 41

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Propos recueillis par Charlotte Cooper