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11H19 - lundi 26 août 2024

L’impératif d’un nouveau leadership au Moyen-Orient. La chronique d’Eric Gozlan

 

Comme le montre la situation de ce jour après l’attaque du Hezbollah contre Israël, chaque jour, le conflit israélo-palestinien fait de nouvelles victimes, des deux côtés de la frontière. La violence semble s’intensifier sans fin, alimentée par des actions militaires, des attaques terroristes, et des représailles incessantes. Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant particulièrement sombre dans cette tragédie avec l’attaque du Hamas contre Israël, un événement qui peut être décrit sans exagération comme un pogrom moderne.

Alors que le monde entier observe cette crise avec un mélange de stupeur et de confusion, il devient clair que ce conflit est non seulement mal compris par beaucoup de chancelleries à travers le monde, mais qu’il est également alimenté par des leaderships défaillants et des forces terroristes, comme le Hamas et le Hezbollah, qui menacent de déstabiliser toute la région. Il devient impératif de comprendre pourquoi un nouveau leadership est nécessaire pour briser ce cycle de violence et quelles actions concrètes pourraient être prises pour instaurer une paix véritable.

Le 7 octobre : Un pogrom moderne

Le 7 octobre 2023, le Hamas a mené une attaque coordonnée contre Israël, qui a frappé des communautés civiles et causé des centaines de morts et de blessés. Cet assaut brutal, marqué par des massacres de familles entières, des enlèvements, et des actes de barbarie, rappelle les pogroms qui ont endeuillé les communautés juives en Europe de l’Est au cours des siècles passés. Les images des violences infligées aux civils israéliens, y compris des femmes et des enfants, ont choqué le monde entier, mais ont également révélé l’ampleur de la haine antisémite que le Hamas continue de propager. Cette attaque n’était pas une agression militaire, mais une tentative délibérée de semer la terreur et de déshumaniser un peuple entier.

Le Hamas et le Hezbollah : deux faces du terrorisme

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, est largement reconnu comme une organisation terroriste. Son engagement dans des actions violentes, notamment les tirs de roquettes sur des zones civiles et la prise d’otages, reflète une stratégie qui cherche à déstabiliser la région par la peur et le chaos. Mais le Hamas n’est pas seul dans cette entreprise de terreur. Au nord, le Hezbollah, basé au Liban et soutenu par l’Iran, représente une menace tout aussi grave.

Le Hezbollah est également classé comme une organisation terroriste par de nombreux pays, dont les États-Unis, l’Union européenne et le Canada. Ce groupe a un historique de confrontations militaires avec Israël, et sa rhétorique, tout comme celle du Hamas, appelle à la destruction de l’État d’Israël. Si le Hezbollah décide de s’impliquer davantage dans le conflit en cours, cela pourrait transformer un conflit déjà complexe en une guerre régionale majeure. Une telle escalade entraînerait des pertes humaines massives non seulement en Israël et au Liban, mais dans toute la région, avec des répercussions internationales potentiellement catastrophiques.

Le silence inquiétant des mouvements féministes

Un aspect troublant est le silence des mouvements féministes internationaux après le 7 octobre. L’attaque du Hamas a été marquée par des violences particulièrement atroces à l’encontre des femmes israéliennes. Des témoignages ont fait état de viols, d’agressions sexuelles et de meurtres brutaux, perpétrés avec une violence inouïe. Pourtant, les voix féministes, habituellement promptes à dénoncer les violences faites aux femmes, sont restées étrangement silencieuses.

Cela soulève une question inconfortable : une femme israélienne peut-elle être violée sans que cela suscite l’indignation internationale ? Pourquoi cette indifférence face à des actes de barbarie aussi évidents ? Ce silence pourrait-il refléter un biais politique ou idéologique qui empêche certains mouvements de dénoncer des crimes lorsque les victimes sont israéliennes ? Cette situation montre à quel point certaines causes humanitaires peuvent être instrumentalisées ou ignorées en fonction de la nationalité ou la religion des victimes.

Un conflit mal compris par les chancelleries du monde

Le conflit israélo-palestinien est l’un des conflits les plus anciens et les plus complexes au monde, mais il est souvent mal compris par les chancelleries internationales. Beaucoup de gouvernements et d’organisations internationales tendent à réduire ce conflit à une simple question de territorialité ou à un combat asymétrique entre une armée puissante et un peuple opprimé. Cette vision simpliste ne tient pas compte des réalités sur le terrain, ni des profondes racines historiques, religieuses, et culturelles qui alimentent cette violence.

Nombre de chancelleries sous-estiment l’influence des idéologies extrémistes qui animent le Hamas et le Hezbollah, et leur engagement à poursuivre la destruction d’Israël coûte que coûte. De plus, il est souvent ignoré que ces groupes terroristes utilisent des civils palestiniens comme boucliers humains, ce qui complique toute réponse militaire d’Israël et exacerbe les souffrances des innocents. Pour beaucoup, les actions d’Israël sont systématiquement condamnées sans considération pour le contexte global, ni pour la nature terroriste de ses adversaires. Cette incompréhension renforce la polarisation et entrave les efforts de paix.

L’influence des extrémistes israéliens : un obstacle à la paix

Le conflit israélo-palestinien est également entravé par l’influence des extrémistes israéliens. Bien que ces groupes ne soient pas impliqués dans des actes de terrorisme, leur impact sur le processus de paix est significatif et nuisible. Les extrémistes israéliens, souvent issus de l’extrême droite politique, prônent des positions intransigeantes concernant les territoires palestiniens et les droits des Palestiniens. Ils s’opposent fermement à toute concession territoriale et au compromis politique, alimentant une atmosphère de méfiance et d’hostilité.

Ces groupes exercent une pression considérable sur les politiques israéliennes, en utilisant leur influence pour bloquer les initiatives de paix et empêcher des négociations sérieuses. Leur rhétorique violente et leur résistance aux accords de paix contribuent à la polarisation au sein de la société israélienne, rendant encore plus difficile pour les dirigeants israéliens de prendre des mesures courageuses pour parvenir à une solution durable.

La présence et l’influence de ces extrémistes compliquent le dialogue avec les Palestiniens et exacerbent les tensions. Leurs actions et leur discours renforcent les stéréotypes et la méfiance des deux côtés, créant un environnement où les compromis nécessaires pour la paix semblent inaccessibles. Pour qu’un véritable progrès soit possible, il est crucial que le gouvernement israélien prenne des mesures pour atténuer l’influence de ces groupes.

Le besoin urgent d’un nouveau leadership

Le leadership actuel, tant du côté israélien que palestinien, est enfermé dans une logique de confrontation qui laisse peu de place à la négociation ou au compromis. Benjamin Netanyahou, en s’appuyant sur une politique de sécurité stricte et de répression, ne propose pas de véritable vision pour une paix à long terme. De l’autre côté, le Hamas, en tant qu’organisation terroriste, ne cherche pas la paix mais la destruction d’Israël, utilisant la violence comme seul moyen de pression.

Un nouveau leadership, capable de dépasser ces schémas destructeurs, est nécessaire des deux côtés pour avancer vers une résolution du conflit. Ce leadership devrait s’appuyer sur plusieurs principes clés :

Dialogue et négociation : un nouveau leadership doit prioriser le dialogue ouvert et honnête, en engageant des discussions directes non seulement avec les acteurs locaux, mais aussi avec la communauté internationale. Cela inclut la relance de pourparlers de paix sérieux,

Renoncement à la violence : le nouveau leadership palestinien devra s’engager à renoncer à la violence et à désarmer les groupes terroristes comme le Hamas. Cela peut être soutenu par une assistance internationale pour restructurer les forces de sécurité palestiniennes et encourager un processus de démilitarisation progressif.

Reconnaissance mutuelle : un pas décisif vers la paix serait la reconnaissance mutuelle des droits légitimes des deux peuples à vivre en sécurité et en dignité. Pour Israël, cela signifierait accepter la création d’un État palestinien souverain, tandis que pour les Palestiniens, cela impliquerait de reconnaître Israël comme un État juif et d’abandonner l’idée de sa destruction.

Réformes intérieures : Du côté israélien, un nouveau leadership pourrait engager des réformes politiques pour réduire la polarisation interne. Du côté palestinien, il faudrait instaurer un système politique plus transparent et démocratique, permettant aux citoyens de choisir des dirigeants qui représentent véritablement leurs aspirations.

Initiatives régionales : un nouveau leadership devrait également explorer des initiatives régionales, en collaborant avec des pays arabes modérés pour soutenir la paix et la stabilité. Des accords de coopération économique, environnementale, et sécuritaire pourraient servir de base pour construire une paix durable.


Conclusion

Le conflit israélo-palestinien a atteint un point critique où les leaderships actuels sont incapables de proposer une solution viable. Un nouveau leadership, tant en Israël qu’en Palestine, est essentiel pour rompre avec le passé et ouvrir la voie à une paix durable. Ce leadership devra être courageux, prêt à prendre des risques pour la paix, et à engager un dialogue véritablement inclusif, tout en s’attaquant aux racines profondes de la violence.

Le silence de certains acteurs internationaux, y compris des mouvements féministes, face aux atrocités du 7 octobre montre à quel point ce conflit est mal compris et mal traité. Seule une approche nouvelle, axée sur la compréhension mutuelle, la justice, et la dignité pour tous, peut offrir un espoir de paix durable au Moyen-Orient.

 

Eric GOZLAN

Fondateur du site Géopolitique et action.

Spécialiste en Géopolitique et en diplomatie parallèle, Eric GOZLAN est conseiller de Gouvernements et dirige l’International Council for Diplomacy an Dialogue (www.icdd.info). Eric Gozlan est appelé comme expert à l’Assemblée Nationale et au Sénat sur les sujets traitant de la diplomatie parallèle et de la laïcité.
En juin 2019, il contribue au rapport sur l’antisémitisme du Rapporteur Spécial des Nations Unies.

Il a reçu du Prince Laurent de Belgique en septembre 2018 le prix de la paix pour son combat pour la laïcité en Europe.
Il a participé à deux nombreux colloques sur la paix en Corée, Russie, Etats-Unis, Bahreïn, Belgique, Angleterre, Italie, Roumanie…