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11H20 - jeudi 29 août 2024

L’école en péril : le naufrage de notre système éducatif. La Tribune de Sofiane Dahmani

 

La rentrée scolaire est à nos portes et, une fois de plus, elle est marquée par des polémiques et des inquiétudes. Notre système éducatif, autrefois fleuron de la République, est en pleine déliquescence. Les réformes successives, loin de résoudre les problèmes, n’ont fait qu’aggraver la situation. Face à ce naufrage annoncé, il est impératif de poser un diagnostic lucide et de proposer des solutions radicales pour sauver notre école.

 

Le niveau des élèves ne cesse de baisser. Les résultats des évaluations nationales et internationales sont sans appel : nos enfants maîtrisent de moins en moins les fondamentaux. La lecture, l’écriture, le calcul, ces piliers de l’instruction, sont sacrifiés sur l’autel de la modernité pédagogique. Les enseignants, démunis, peinent à transmettre des savoirs de base, pris en étau entre des programmes trop ambitieux et des élèves de plus en plus hétérogènes.

La discipline, autrefois socle de l’école républicaine, est en berne. Les incivilités se multiplient, les violences se banalisent. Les enseignants, souvent livrés à eux-mêmes, sont confrontés à des situations intenables. Leur autorité est constamment remise en question, non seulement par les élèves, mais aussi par des parents devenus hyper-protecteurs. Comment peut-on espérer enseigner dans de telles conditions ? Le respect, valeur cardinale de toute société civilisée, doit être rétabli de toute urgence.

Les inégalités se creusent. L’école, censée être le creuset de l’égalité des chances, est devenue un amplificateur des inégalités sociales. Les élèves des quartiers défavorisés sont les premières victimes de cette dégradation. Leurs établissements manquent de moyens, leurs enseignants sont souvent les moins expérimentés, et leurs chances de réussite sont dramatiquement faibles. À l’inverse, les écoles privées et les établissements d’élite concentrent les ressources et les meilleurs éléments. Cette fracture est inacceptable dans une République qui se veut égalitaire.

La formation des enseignants est elle-même en crise ? Les instituts de formation, loin de préparer efficacement les futurs professeurs, les noient sous des théories pédagogiques déconnectées du terrain. Les jeunes enseignants, une fois en poste, sont souvent livrés à eux-mêmes, sans accompagnement ni soutien. Il est temps de repenser en profondeur la formation initiale et continue des enseignants, en mettant l’accent sur la maîtrise des savoirs et des méthodes pédagogiques éprouvées.

Le rôle des parents doit également être reconsidéré. Trop souvent, la relation entre l’école et les familles est marquée par la méfiance et l’incompréhension. Les parents doivent être des partenaires de l’éducation, non des adversaires. Il est essentiel de rétablir un dialogue constructif, basé sur le respect mutuel et la coopération. L’école ne peut réussir sa mission sans l’appui et l’implication des familles.

Face à ce tableau sombre, quelles solutions envisager ?

Il est temps de rompre avec les demi-mesures et de prendre des décisions courageuses. Tout d’abord, il est impératif de recentrer les programmes sur les savoirs fondamentaux. La maîtrise de la langue française, des mathématiques et des sciences doit redevenir la priorité absolue. Les disciplines annexes, si elles ne sont pas abandonnées, doivent être subordonnées à cet objectif primordial.

Ensuite, il est crucial de rétablir la discipline et l’autorité des enseignants. Cela passe par une tolérance zéro vis-à-vis des incivilités et des violences, mais aussi par une revalorisation du statut et du rôle des enseignants. Ceux-ci doivent être soutenus, respectés et mieux rémunérés. La formation initiale et continue des enseignants doit être profondément revue, en privilégiant la pratique et l’expérience de terrain.

Enfin, il est indispensable de lutter contre les inégalités en allouant davantage de moyens aux établissements les plus en difficulté. Cela implique une révision des critères de répartition des ressources, mais aussi un accompagnement renforcé des élèves les plus fragiles. Les internats d’excellence, les dispositifs de tutorat et les partenariats avec le monde professionnel doivent être développés.

La situation de notre système éducatif est critique, mais il n’est pas trop tard pour agir. L’école est le pilier de notre République, le creuset de notre identité nationale. La sauver est un devoir impérieux. Cela exige du courage, de la lucidité et une volonté politique sans faille. La France mérite une école à la hauteur de son histoire et de ses ambitions. Il est temps de relever ce défi, pour l’avenir de nos enfants et de notre pays.

 

Sofiane Dahmani
Chroniqueur à Opinion Internationale

 

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