En annonçant en pleine crise institutionnelle sa candidature à la prochaine élection présidentielle, Edouard Philippe enferme un peu plus Emmanuel Macron dans l’impasse politique dans laquelle le chef de l’Etat s’est fourvoyé lui-même et y a entraîné la France.
La candidature surprise mais attendue du maire du Havre constitue un double revers pour le président de la République.
À court terme, et contrairement à sa déclaration de loyauté à l’égard de Bernard Cazeneuve et de Xavier Bertrand dans l’éventualité de leur nomination à Matignon, le choix du moment pour se déclarer candidat à l’Elysée isole un peu plus l’actuel hôte du Palais présidentiel. L’interview dans Le Point donne aussi l’impression troublante que les mois à venir n’ont plus trop d’importance au vu de la situation d’impasse dans laquelle se situe l’Assemblée.
La bombe à fragmentation de la dissolution brutale du 9 juin au soir continue donc à produire ses effets. Les sous munitions subséquentes continuent à exploser et à diviser tous les camps politiques, à l’exception notoire du Rassemblement national et de son allié Eric Ciotti qui restent en embuscade en comptant les points des brouilles internes à leurs blocs concurrents.
Mais la déclaration d’Édouard Philippe est surtout funeste pour le président de la République en vue de la fin de son second quinquennat. Elle sonne le glas de la macronie en inaugurant une valse de divisions qui vont faire exploser le « mouvement » centriste.
Il fallait bien qu’un des poids lourds de la macronie donne le coup d’envoi de la course à l’élection présidentielle.
Mais comme nous l’écrivons depuis plus d’un an, à la seconde où commencera la valse des déclarations d’ambitions élyséennes au sein de la macronie, c’en sera fini des chances de voir un candidat centriste se qualifier au second tour de la Présidentielle en 2027 voire avant. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon arriveront loin devant les candidats macronistes divisés.
Car évidemment, ni Gabriel Attal, ni Gérald Darmanin, ni Laurent Wauquiez pour ce qui est de LR ne s’en laisseront compter et rejoindront tôt ou tard la cohorte des candidats à la succession d’Emmanuel Macron.
Tel un cheval de course trop pressé voulant surmonter deux obstacles à la fois, Edouard Philippe, qui n’est pas dénué de talent, risque fort de s’épuiser trop vite. Sera-t-il un Balladur dont la campagne élyséenne fit pschitt dès son déclenchement ? Ou assiste-t-on à la rencontre entre un homme et le peuple ?
Les Français en décideront.