Alors que les élections européennes et les élections législatives anticipées ont donné le Rassemblement national en tête, tant en nombre de voix qu’en représentants élus, les combinaisons non assumées devant les électeurs donnent de fait une minorité de blocage aux partis de gauche. La distorsion du suffrage est le principal enseignement de la situation actuelle et obligera le gouvernement de Michel Barnier à intégrer les attentes des Français en dépit du chaos attendu à l’Assemblée nationale.
La nomination de Michel Barnier dans les fonctions de Premier ministre semble en phase avec les attentes des Français. Toutefois, la tripartition de l’Assemblée nationale due à l’alliance contre-nature de quatre partis de gauche divisés sur l’essentiel risque indubitablement d’entraîner des blocages et manœuvres déloyales lorsque le gouvernement voudra mettre son programme à exécution.
Les propositions politiques identifiées à droite sont majoritaires
Les consultations électorales organisées en France depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017 ont toutes montré que la France était en attente de mesures fortes identifiées à droite comme la sécurité, l’ordre et la revalorisation du travail.
Attachés à l’ordre républicain et à l’égalité devant la loi, les Français sont ébranlés par les innombrables atteintes à l’ordre public, aux violences publiques et politiques, à l’insécurité et aux déferlements haineux causés par les discours de la France insoumise.
Attachés à la laïcité, ils récusent l’extrémisme religieux et le séparatisme qui mine la cohésion nationale et s’attaque à l’école et aux enseignants.
Attachés à la bonne gestion publique, ils se sont inquiétés de la difficulté d’opérer à cet égard des choix politiques. Ils sont tout aussi préoccupés par la procédure ouverte par la Commission européenne contre la France pour déficit public excessif alors que c’est notre participation au marché européen qui permet de puiser notre puissance internationale.
Attachés au sens du travail et du mérite, ils sont déçus par les politiques publiques incohérentes qui permettent à un chauffard de nationalité étrangère condamné à de multiples reprises, de toucher le RSA sans que son titre de séjour ne lui soit retiré. Ils aspirent à une juste allocation des ressources en fonction de l’activité de chacun et non à financer par leurs impôts un guichet d’allocations qui fuit.
Ces préoccupations semblent bien prises en compte dans la résolution de l’équation politique par Emmanuel Macron qui a nommé Michel Barnier Premier ministre, homme d’Etat, de droite, d’expérience, fin connaisseur des institutions européennes, engagé sur les services publics et les questions régaliennes.
Les moyens de blocage de la gauche
Pour autant, la tripartition de l’Assemblée nationale entre un bloc multipartisan de gauche, un camp macroniste qui semble voué à se déchirer entre les partisans de différents candidats potentiels pour les élections présidentielles de 2027 et un bloc de droite qui connaît lui-même ses propres fractures permet à la gauche de retenir un pouvoir de blocage au mépris du verdict des urnes.
La création du « Nouveau Front populaire » résulte d’un accord de non-concurrence entre des sociaux-démocrates et des communistes, des partisans du progrès technique et de l’innovation et des tenants de la décroissance, ou entre des défenseurs de la laïcité contre des antisémites convaincus. Pourtant, les députés du camp macroniste ont cru bon d’offrir aux députés de cette alliance l’élection de deux vice-présidentes et neuf secrétaires de la chambre basse en leur apportant leurs voix, toujours dans l’optique de « faire barrage ».
Cette situation offre désormais toute latitude aux obligés de Jean-Luc Mélenchon pour refuser d’adopter les sanctions disciplinaires qui s’imposent lorsque des députés de la France insoumise réitéreront les outrances déjà commises.
En outre, le poids démesuré du Nouveau Front populaire par rapport aux votes des Français au premier tour de scrutin permet à cette alliance de se présenter en vainqueur et de prétendre que l’élection a été volée après avoir voulu imposer la nomination d’une Première ministre dont les Français ignorent tout. Qui est-elle ? Que pense-t-elle ? À quel titre intervient-elle aujourd’hui dans les médias ? De qui voulait-elle s’entourer pour gouverner ? On se demande tout juste si cette énarque a lu le premier alinéa de l’article 8 de la Constitution qui dispose que c’est le Président de la République, et lui seul, qui nomme le Premier ministre.
Les défis pour le futur gouvernement
Les proches conseillers d’Emmanuel Macron cherchaient pour occuper Matignon le « mouton à cinq pattes » insusceptible de subir la censure de l’Assemblée nationale. Michel Barnier est un homme d’Etat qui devra franchir les haies dressées par les groupes parlementaires de gauche s’étant fourvoyés dans un nouvel antiparlementarisme.
Le Premier ministre devra nécessairement s’armer sur les questions régaliennes, le pouvoir d’achat, la fiscalité, l’ordre, la sécurité, le travail des agriculteurs, l’énergie, et ce, en dépit du poids ubuesque des forces prônant le relativisme ou la démesure sur ces questions vitales pour le quotidien des Français.