Monsieur le premier ministre, Monsieur le ministre chargé des Outre-mer,
Les Outre-mer français sont comme un volcan qui connaît de plus en plus d’éruptions. Les violences urbaines s’intensifient et menacent l’intégrité et l’avenir de ces territoires de la République française.
La Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui à genoux depuis les violences déclenchées le 13 mai dernier, meurtrie par déjà 13 morts, dont deux gendarmes, des incendies d’entreprises, de commerces et d’écoles, et des barrages insurrectionnels. Les décideurs néo-calédoniens évaluent à 4 milliards d’euros les besoins de reconstruction. Une « Déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies sur leurs territoires coutumiers » risque de relancer le cycle de la violence.
En Martinique, un mouvement contre la vie chère dégénère en violences urbaines, intimidations et menaces de mort, obligeant les autorités à instaurer un couvre-feu et à faire venir des CRS, fait inédit depuis 1959.
A Mayotte, la pression migratoire est telle que nos compatriotes de Mayotte se sentent étrangers sur leur propre sol. L’insécurité au quotidien, la misère sociale ajoutent aux tensions qui menacent ce département de France.
De la Guyane à La Réunion, de Tahiti aux autres îles ultra-marines, l’inquiétude monte partout sur l’avenir des Outre-mer.
Doit-on le rappeler ? La République française ne serait pas la France sans ses Outre-mer qui assurent à notre pays une présence sur les trois océans et en font l’une des toutes premières zones maritimes mondiales. La France des Outre-mer concentre 80% de notre biodiversité, des richesses minières et agricoles stratégiques. Mais surtout, avec près de 3 millions d’âmes, elle est riche de 1 000 cultures, de 1 000 histoires singulières au carrefour de toutes les civilisations.
Malgré ses formidables atouts, la France des Outre-mer souffre d’une baisse inquiétante du niveau de vie, de handicaps structurels, de contraintes économiques, sociales et administratives, d’un effondrement démographique particulièrement inquiétant (notamment aux Antilles).
Des mouvements populistes instrumentalisent ce mal-développement par le truchement de bandes de jeunes ultra-violents dans une stratégie insurrectionnelle et parfois indépendantiste.
Il faut le dire haut et fort : les destructions de biens, les barrages routiers, les agressions physiques, les coups de feu, voire les assassinats, contre les forces de l’ordre et les acteurs économiques et sociaux sont inadmissibles et installent un climat de terreur et de sidération dans les populations. Dans tous ces mouvements récents, des relents racistes et anti-Français s’expriment sans complexe.
Dans nos territoires des Outre-mer, la question sociale, à laquelle il faut répondre, est de plus en plus souvent un prétexte pour attaquer la République française et menacer le vivre-ensemble.
Pour le retour de l’autorité contre les violences
Monsieur le premier ministre, Monsieur le ministre chargé des Outre-mer, la situation est d’une extrême gravité !
La France des Outre-mer a besoin d’une réponse urgente, à la fois politique, économique et sociale, non seulement de l’État, mais aussi des forces vives de la nation pour remettre ces territoires sur le chemin du développement et de la concorde.
Tout d’abord, les violences appellent une réponse ferme de la République. Toutes les mesures d’ordre public doivent être prises pour arrêter et juger les fauteurs de troubles. Il faut redonner au plus vite force à la loi, à la liberté de circuler et de vivre ensemble en toute sérénité.
Dans ce sens, nous appelons tous les élus locaux des Outre-mer à assumer leur devoir républicain et à condamner avec la plus grande fermeté les violences commises. Tous les élus doivent expliquer sans réserve qu’aucune revendication, aussi légitime soit-elle, ne justifie l’outrance, la terreur et le chaos.
Nous constatons aussi avec inquiétude que les territoires français d’Outre-mer sont les cibles d’une guerre hybride menée par la Russie et l’Azerbaïdjan. La participation de députés ultra-marins les 17 et 18 juillet derniers à Bakou au « Congrès des colonies françaises » et la création du « Front international de libération des colonies françaises », financé par le Baku initiative Group (BIG), sont particulièrement choquantes.
Ne soyons pas dupes ! Des forces étrangères visent à déstabiliser la République française en aidant au déploiement d’une stratégie insurrectionnelle dans les territoires d’Outre-mer. Les similitudes dans la mécanique de la violence entre la Nouvelle-Calédonie et la Martinique doivent tous nous interpeller.
A cette violence, seul l’État peut apporter une réponse politique, pénale et géopolitique de la plus grande fermeté.
C’est notre premier message, Monsieur le premier ministre, Monsieur le ministre chargé des Outre-mer.
Pour une grande Conférence nationale des Outre-mer et une Zone Franche Sociale !
Mais l’autorité ne suffit pas. Face à une baisse inquiétante du niveau de vie et à cette question sociale qui gangrène le climat ambiant, les Outre-mer réclament une réponse économique et sociale forte et ambitieuse. C’est notre deuxième message.
Monsieur le premier ministre, Monsieur le ministre chargé des Outre-mer, convoquez une grande Conférence nationale des Outre-mer !
Cette initiative devrait permettre à toute la nation, à l’État mais aussi aux forces économiques, sociales, culturelles, spirituelles ultra-marines et de tout le pays, de s’engager dans un grand sursaut de solidarité avec les Outre-mer.
Les sociétés civiles de chaque territoire doivent plus particulièrement s’engager de façon responsable et ambitieuse pour les Outre-mer.
Ce grand débat national sur l’avenir des Outre-mer permettrait de redonner force au dialogue contre la violence des uns et la désespérance des autres et d’apporter des solutions durables aux Français des Outre-mer.
Par exemple, la mise en œuvre d’une Zone Franche Sociale dans les territoires ultra-marins permettrait d’instaurer une franchise de cotisations sociales et patronales qui augmenterait mécaniquement le pouvoir d’achat et relancerait l’emploi et l’économie. Elle amorcerait un nouveau cycle vertueux pour les prochaines décennies.
Une réponse culturelle est aussi nécessaire : la suppression de la chaîne France O de la TNT a été très mal vécue. La relancer serait un signe fort d’attachement des Français aux Outre-mer. Les universités et les Grandes Écoles de métropole n’enseignent plus, ou presque, les réalités ultra-marines. Elles doivent y consacrer à nouveau une partie de leurs programmes.
L’avenir des Outre-mer est dans la République française, car ils sont la France ! Et c’est le troisième message, Monsieur le premier ministre, Monsieur le ministre chargé des Outre-mer, que nous vous demandons d’adresser à tous les Français comme à l’opinion internationale.
Il y a urgence à faire retomber cette petite musique, insupportable, de la décolonisation, qui s’installe dans les esprits et qui voudrait, par exemple, que la Nouvelle-Calédonie soit perdue pour la France. Nous devons tous agir pour éviter le pire.
Dans un contexte politique national de grande instabilité, Monsieur le premier ministre, Monsieur le ministre chargé des Outre-mer, nous sommes convaincus que les Outre-mer feront consensus autour d’une nouvelle grande ambition française !
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