La chronique de Daniel Salvatore Schiffer
20H46 - lundi 30 septembre 2024

Le « Nouvel Ordre » d’Israël. La chronique de Daniel Salvatore Schiffer

 

Certes, et on l’a dit et redit partout dans nos médias : l’élimination ce 27 septembre 2024, par l’armée israélienne (Tsahal), d’un terroriste tel que Hassan Nasrallah, chef politique et militaire du Hezbollah, responsable notamment de l’assassinat, lors d’un attentat-suicide perpétré le 23 octobre 1983, de 58 parachutistes français et de 241 soldats américains, constitue un tournant majeur, probablement décisif, dans la guerre mettant à feu et à sang, depuis trop longtemps déjà, le Proche et Moyen-Orient. C’est même très certainement là, à n’en pas douter, une date historique : Israël aura ainsi décapité, après avoir également éliminé ces jours derniers près d’une vingtaine de commandants de ce même Hezbollah, le principal bras armé, dans cette turbulente région du monde, de ce régime criminel, tant à l’encontre de son propre peuple que des citoyens israéliens, qu’est l’Iran des mollahs !

Davantage, et on le sait également : cette opération israélienne, préparée de longue date et hautement sophistiquée sur le plan technologique, avait été précédée, de main de maître là encore, par la très spectaculaire explosion synchronisée, une dizaine de jours auparavant, les 17 et 18 septembre derniers, de centaines de « bipers » et de « talkies-walkies », anéantissant ainsi l’ensemble de la chaîne de communication au sein des principaux commandants du Hezbollah. Dont acte !

Il y a toutefois un élément de taille, et non des moindres, sur lequel nos médias occidentaux n’ont pas suffisamment insisté pour comprendre, dans sa globalité stratégique, la véritable portée, tant géopolitique que plus proprement militaire, de cette vaste opération israélienne : c’est le nom – « Nouvel Ordre » – par lequel Israël l’a baptisée !

 

L’intention d’Israël : remodeler le paysage politique du Proche et Moyen-Orient en vue d’un plan de paix

Qu’est-ce à dire, plus exactement ? Réponse aisée à fournir, du moins pour ceux, dont je me targue d’être personnellement, portant une attention toute particulière, bienveillante et positive, à la survie d’Israël en tant qu’Etat normalement, et officiellement, constitué : Israël, en anéantissant tous ses ennemis, dont l’abject moteur est un antisémitisme viscéral, plus encore qu’un antisionisme haineux, a aussi l’intention de remodeler ainsi, par cette neutralisation des divers commanditaires du terrorisme international, tout le paysage politique du Proche et Moyen-Orient ; Cela vaut aussi bien – qu’on se le dise une bonne fois pour toutes ! – pour le Hezbollah au Liban et autres Houthis au Yémen que pour les Ayatollahs d’Iran et, bien sûr, le Hamas dans la Bande de Gaza !

C’est dire si, paradoxalement et comme en filigrane, cela s’apparente aussi en définitive, par-delà les apparences (et, bien évidemment, le nombre trop élevé de morts, blessés et victimes, parmi les populations civiles est, très sincèrement, à déplorer en cette dramatique situation) et fût-ce certes à long terme, à un véritable plan de paix qui, certes, ne dit pas son nom !

 

L’historique combat d’Israël contre le terrorisme international

Du reste, l’Occident en son ensemble, nos démocraties modernes et sécularisées, devraient, pour cet historique combat, remercier, au lieu de le stigmatiser ou de le condamner, Israël, le seul pays au monde, aujourd’hui, à avoir ainsi le cran, l’immense courage et la force mentale, de s’attaquer directement, de plein front et avec une détermination sans pareille, aux pires tortionnaires de l’(in)humanité ! 

 

L’abominable pogrom du 7 octobre : l’erreur monumentale du Hamas

Et le Hamas, précisément, dont le leader de la branche politique, Ismaïl Haniyeh, a été lui aussi liquidé, le 31 juillet de cette année 2024, en plein centre de Téhéran, par les services secrets israéliens, le très performant « Mossad » ! C’est une erreur monumentale, aussi tragique que fatale, qui lui coûtera très cher, comme à tous ses complices, soutiens et sympathisants, qu’il a commise, le 7 octobre 2023, en perpétrant, à l’encontre des Juifs d’Israël, le plus abominable des pogroms depuis, de sinistre mémoire, la Shoah ! Sans oublier cet autre ignoble fait que, dès le lendemain de cet atroce massacre, le 8 octobre 2023 donc (il y a déjà près d’un an), le Hezbollah lui-même se mit également à bombarder continuellement, de façon tout aussi indiscriminée, injustifiée, les civils du nord d’Israël, entraînant ainsi l’exode, cruel, de près de 80 000 d’entre eux !

Non, jamais Israël, à juste titre, ne pardonnera ce gigantesque crime à l’encontre des siens ! D’où précisément, après cette date fatidique du 7 octobre, qui a irrémédiablement changé le cours de l’Histoire, et déclenché par la même occasion la réplique de ce même Etat d’Israël, son inébranlable volonté aujourd’hui, de sa part, de mettre enfin un définitif terme à ce type de menace existentielle pour lui !

 

L’Iran, tête du serpent terroriste

Et, oui, l’Iran de l’épouvantable ayatollah Ali Khamenei, tête du serpent en matière de terrorisme international, pour qui le Hezbollah de Hassan Nasrallah n’était qu’un de ses plus sanguinaires proxis, doit s’inquiéter aujourd’hui de la très destructrice riposte là aussi, sur le plan militaire, qu’Israël (qui dispose de 3.000 têtes nucléaires, toutes immédiatement opérationnelles, réparties sur son territoire) pourrait lui administrer si, d’aventure, il osait encore s’attaquer à lui !

Car, qu’on se la dise, ici aussi, une bonne fois pour toutes : Israël, qui ne fait légitimement que se défendre là, ne veut en aucun cas, contrairement à l’intention de ses ennemis à son encontre, la destruction de l’Iran, pays d’une incomparable richesse historique, pas plus d’ailleurs qu’il ne veut la guerre avec le Liban, qu’il respecte tout autant pour son remarquable héritage culturel et humain ; tout ce qu’Israël veut, et demande, c’est de pouvoir vivre enfin en paix, sans qu’il soit constamment menacé dans son existence même, avec ses voisins arabes et musulmans !

Israël, pour la libération de tous les démocrates d’Iran, du Liban et de la palestine

Il est d’ailleurs fort à parier que, lorsque les passions de ces jours cruciaux, pour l’avenir même du monde, se seront apaisées et que la raison aura retrouvé droit de cité, ce seront tous les démocrates du Liban comme de l’Iran ou de la Palestine à remercier Israël, seul contre tous comme trop souvent, de les avoir enfin libérés, débarrassés et purgés de l’impitoyable et obscurantiste joug de ces monstres sans nom, sans véritable foi ni authentique loi, que sont les terroristes, fanatiques, totalitaires et fascisants islamistes !

 

DANIEL SALVATORE SCHIFFER

Philosophe, écrivain, auteur d’une quarantaine de livres, dont « La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » (Presses Universitaires de France) ; directeur des ouvrages collectifs « Penser Salman Rushdie » (Editions de l’Aube/Fondation Jean Jaurès), « Repenser le rôle de l’intellectuel (Editions de l’Aube), « L’humain au centre du monde – Pour un humanisme des temps présents et à venir. Contre les nouveaux obscurantismes » (Editions du Cerf).

Tribune publiée ce 30 septembre 2024 dans le magazine « Causeur »