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11H46 - lundi 30 septembre 2024

Un procès-verbal « Très Confidentiel » des services secrets qataris innocente Tayeb Benabderrahmane

 

Un document « très confidentiel », récemment transmis par une source qatarienne de haut niveau, dévoile de nouvelles preuves qui innocentent Tayeb Benabderrahmane, homme d’affaires et investisseur français, accusé à tort d’espionnage pour le compte des Émirats Arabes Unis.

Ces révélations exclusives de Géostratégie Magazine, tirées d’un procès-verbal d’enquête émanant des services de sécurité qataris, confirment que les accusations d’espionnage portées contre lui étaient non seulement infondées, mais servaient à instrumentaliser ses activités en Libye afin de le discréditer en raison de ses liens avec le maréchal libyen Khalifa Haftar, ennemi juré de Doha.

 

Un document qui blanchit Tayeb Benabderrahmane

Le procès-verbal, daté du 1er janvier 2020, soit 13 jours avant l’arrestation arbitraire de Tayeb Benabderrahmane, démontre clairement qu’il a été ciblé en raison de ses activités en Libye et non pour des faits d’espionnage. Le document souligne que son véritable « crime » était ses relations avec le maréchal Khalifa Haftar, une figure clé du conflit libyen, ce qui suffisait pour que Doha monte un dossier d’espionnage de toutes pièces à son encontre.

https://twitter.com/marcendeweld/status/1644628545501634560

Selon les éléments révélés, Tayeb Benabderrahmane a fourni des « informations sensibles au ministre du travail Ali Bin Samikh Al Marri », à la demande de ce dernier, dans le cadre d’une lutte contre la corruption et du détournement de la richesse du Qatar, mais ces informations ont ensuite été utilisées pour le piéger.

Le procès-verbal d’enquête affirme clairement qu’il n’existe aucun fondement juridique à l’arrestation de Tayeb Benabderrahmane. Les accusations portées contre lui sont fabriquées de toutes pièces, prouvant le caractère arbitraire de sa détention. Cette manœuvre visait uniquement à servir les intérêts politiques du Qatar, sans justification légale valable, confirmant ainsi que Tayeb a été injustement pris pour cible.

 

Manipulation politique et injustice

Les pièces jointes au dossier montrent également que les services secrets qataris ont utilisé des « moyens techniques secrets » pour surveiller et manipuler Tayeb Benabderrahmane, notamment en recueillant des informations qu’il avait obtenues de bonne foi et remises à des fins légitimes à un ministre occupant le poste de président de la commission nationale des droits de l’homme du Qatar. Ces données, impliquant notamment Nasser Al-Khelaïfi  et des soupçons de corruption, ont été retournées contre lui sous l’accusation de chantage et d’espionnage.Le procès-verbal souligne aussi que la véritable raison de son arrestation était de l’empêcher de fournir des informations à des parties tierces qui auraient pu compromettre l’organisation de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Cela confirme non seulement que les accusations d’espionnage étaient fabriquées, mais renforce également les soupçons sur l’irrégularité de l’attribution de cet événement au Qatar.

 

Détention Arbitraire et Torture

En plus d’une détention arbitraire de 307 jours, Tayeb Benabderrahmane a été soumis à des tortures psychologiques et physiques. Les documents révélés montrent que les autorités qatariennes ont employé des méthodes coercitives pour obtenir sa coopération, notamment en lui infligeant des traitements inhumains et dégradants , et en menaçant sa famille. Ces pratiques brutales, dénoncées par plusieurs ONG de défense des droits de l’homme, montrent à quel point Doha était prête à tout pour protéger ses intérêts nationaux.

 

Une vérité longtemps cachée

Ces nouveaux éléments, appuyés par des preuves irréfutables incluses dans le procès-verbal et d’autres documents, démontrent que Tayeb Benabderrahmane a été utilisé comme bouc émissaire dans une affaire politique bien plus vaste. Alors que ses déclarations constantes sur son innocence sont désormais corroborées par des sources internes, il devient clair que Doha a manipulé les faits pour défendre ses propres intérêts et protéger des figures influentes comme Nasser Al-Khelaïfi.

Dans la continuité de l’article publié sur le scandale impliquant le juge Ali Abdulla Al-Jusaiman lors de la 112ème session du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU, cette nouvelle révélation sur le dossier de Tayeb Benabderrahmane accentue les accusations de falsification judiciaire systématique au Qatar. L’affaire Al-Jusaiman avait déjà mis en lumière des manipulations flagrantes dans le cadre de la gestion de la détention de Benabderrahmane, notamment des documents falsifiés et des contradictions manifestes dans les procédures judiciaires. Le procès-verbal confidentiel, que nous révélons aujourd’hui, confirme non seulement la fabrication de preuves, mais expose également l’utilisation de ces manipulations à des fins politiques et géopolitiques.

Les autorités qatariennes n’ont pas seulement tenté d’accuser à tort Tayeb Benabderrahmane d’espionnage, mais ont également utilisé ces accusations pour protéger leurs propres intérêts, notamment en lien avec Nasser Al-Khelaïfi. Ce dernier, impliqué dans des affaires de corruption avec Jérôme Valcke, l’ancien secrétaire général de la FIFA, était soupçonné d’avoir conclu des accords secrets pour l’attribution des droits de diffusion des Coupes du monde 2026 et 2030 Ce document montre comment le Qatar utilise son système judiciaire pour étouffer les voix dissidentes et masquer les dysfonctionnements internes. Les liens directs entre l’affaire Al-Jusaiman et le dossier Benabderrahmane révèlent un schéma récurrent de falsification des documents judiciaires et de montage d’accusations infondées, mettant en lumière la gravité des manipulations orchestrées au plus haut niveau de l’État. Ces révélations fragilisent encore davantage la crédibilité du Qatar sur la scène internationale et appellent à une révision urgente des pratiques judiciaires du pays.

 

Claudie Holzach