Solutions pour la France
02H59 - samedi 5 octobre 2024

Transition énergétique et déficit public : peut-on concilier la nécessaire réduction des dépenses et la lutte contre le changement climatique ? Tribune de Rudi Valente

 

Alors que l’ouverture du débat d’orientation budgétaire approche, dans un contexte où le déficit public dépasse les 5% (et pourrait atteindre les 6%), le gouvernement se retrouve coincé entre deux fronts : d’une part l’augmentation des dépenses pour accélérer la transition énergétique et d’autre part le nécessaire baisse des dépenses publiques.

Il est de notoriété publique que la décarbonation de notre société nécessitera de profondes évolutions, au coût élevé.

En 2021, un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et un rapport du gouvernement français indiquaient que la France devait investir environ 60 à 70 milliards d’euros par an pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone d’ici 2050. Ce montant comprend les investissements nécessaires pour décarboner les secteurs de l’énergie, des transports, du bâtiment, et de l’industrie, ainsi que pour le renforcement du mix énergétique.

Pourtant, comme nous le voyons aujourd’hui, les marges financières de l’État sont extrêmement réduites, voire inexistantes, ce qui nous confronte à un dilemme : faut-il laisser dériver les finances publiques où devons-nous réduire les investissements ?

Aucune de ces deux options n’est souhaitable. Il nous faut ainsi faire preuve d’adaptabilité pour trouver d’autres solutions.

La première option pouvant être envisagée est les partenariats public-privé (PPP). En effet, ces derniers présentent quelques avantages comme le partage de la charge des investissements, la combinaison entre l’expertise des services publics avec la capacité d’innovation et l’efficacité du secteur privé. 

En outre, les PPP permettent de partager les risques des différents chantiers à mener tout en accélérant la mise en œuvre des projets. Les acteurs privés sont prêts à accompagner les pouvoirs publics dans la transition énergétique, pour cela ils ont besoin d’injonctions claires.

Une deuxième option pourrait être la mobilisation de l’épargne des Français par la mise en place d’un livret « vert », sur le modèle du livret A – donc garanti par l’État – afin d’associer les Français à l’effort national sans pour autant qu’il y ait de prise de risque de leur part.

D’après la Banque de France, en 2023, l’épargne réglementée des Français s’élevait à 935,5 milliards d’euros ; une infime partie orientée vers la transition énergétique aiderait d’ores et déjà l’Etat à financer ses investissements.

Enfin, mesure plus symbolique, il serait pertinent de mettre fin aux exonérations de la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques (TICPE) allouée à l’industrie aérienne et maritime, ce qui représenterait une économie de près de 3 milliards d’euros d’après le Haut Conseil pour le Climat.

La transition énergétique est impérative face à l’urgence climatique. Il est primordial de ne pas la sacrifier, même dans le contexte économique fortement dégradé dans lequel nous sommes.

Il est temps d’arrêter d’opposé le secteur privé au secteur public pour qu’enfin les deux agissent de concert pour le bien commun.

 

 

Rudi VALENTE

Secrétaire général du laboratoire d’idées Écologie Responsable