Biden ? « Un tas de m**** en ruine. C’est un mauvais gars. »
« Kamala Harris est handicapée mentale, elle est née comme ça ! »
« C’est une folle », « un monstre », « elle était une clocharde il y a 3 semaines »…
Ces propos sont de Donald Trump, lequel a toujours employé l’outrance et les injures (même le New York Times les a recensées sur des centaines de citations, recensement qui s’est malheureusement arrêté en 2019).
Si Trump faisait du Trump contre Trump, cela donnerait donc quelque chose comme : « Donald Trump est une m…, un fou et il finira comme clochard… ou en prison ». Qui accepterait et prendrait comme un argument de tels termes ? Faites du Trump pour être élu, même à ses dépens ? Non !
L’ancien président des États-Unis et candidat à un nouveau mandat, a fait de la vulgarité son arme favorite. Chaque prise de parole devient une nouvelle occasion de dépasser les limites du raisonnable.
On peut être en faveur de certaines idées de Trump, penser qu’il a eu de beaux succès en tant que chef de l’Etat (les Accords d’Abraham ou une politique résolument pro-business par exemple) et refuser de le soutenir à cause de ses outrances, de son dégoût de ses adversaires, de son style abject.
Ses insultes, le joueur de golf et milliardaire ne les réserve pas qu’à ses concurrents directs : il se délecte à qualifier les migrants de « violateurs » et de « criminels », et suggère même d’utiliser des termes déshumanisants pour traiter ces questions complexes.
Hier encore, Trump disait des migrants : « Ces meurtres, vous savez, je pense que c’est dans leurs gènes. Et nous avons beaucoup de mauvais gènes dans notre pays en ce moment ».
Trump redouble aussi de vulgarité lorsqu’il s’en prend aux femmes (notre cravate orange voit rouge !). Son sexisme insupportable devrait finir par inquiéter les femmes qui souvent, pourtant, votent pour ce grossier personnage.
Peut-être que Kamala Harris pourra rétorquer à Donald Trump, pour l’énerver un peu, la phrase que Michel Barnier adressa aux outrances de Mathilde Panot : « J’ai du mal à comprendre votre ton et votre agressivité (…). Plus vous serez agressive, plus je serai respectueux ».
La question est simple : les États-Unis comme n’importe quelle démocratie civilisée et développée peuvent-ils être gouvernés par une personne aussi vulgaire ? Trump incarne un style politique qui s’éloigne dangereusement des standards de dignité et de respect attendus de ceux qui dirigent une puissance démocratique à vocation universelle.
Le président d’une nation n’est pas seulement un gestionnaire de politiques publiques, il doit aussi être un modèle, un symbole de ce que la démocratie peut produire de meilleur. Or, que se passe-t-il lorsque l’on fait de l’insulte un mode de gouvernance, de la brutalité un instrument de communication ? Une dégradation de la vie politique, un effondrement des valeurs de respect et de dialogue qui sont pourtant à la base de toute société civilisée.
La vulgarité, la violence verbale, peuvent-elles vraiment avoir leur place en politique, même aux États-Unis où la liberté d’expression est parfois perçue comme un bouclier pour justifier toutes les dérives ? La réponse devrait être évidente : non. Pourtant, Trump a démontré qu’il est possible de briser ces conventions, et pire, d’en tirer des bénéfices électoraux. En insultant, en ridiculisant, en usant d’un langage de cour d’école, il a séduit une partie de l’électorat fatiguée par la retenue des élites politiques.
Mais cette vulgarité a un coût. Elle entraîne une banalisation de la violence dans le débat public et polarise à l’extrême la société américaine, déjà largement fracturée. L’effet corrosif de ce langage outrancier a un impact bien au-delà des États-Unis. L’image de la politique s’en trouve dégradée, ouvrant la voie à d’autres leaders populistes qui s’inspirent de cette méthode.
Trump est une figure complexe, certes, mais sa vulgarité n’est pas une fatalité. Les États-Unis, comme toute démocratie, méritent mieux qu’un langage de caniveau et un chef d’État qui confond force de conviction et brutalité verbale.
De là à élire une rivale aux relents wokistes et socialistes ?
Les Américains jugeront.
Michel Taube