Qui n’a pas été tenté de se glisser, petite souris, dans le cabinet d’un psychanalyste ? Hélène Vecchiali a exercé ce métier pendant des années et lève le voile sur les histoires que d’anciens patients lui ont confiées, tout en brouillant les cartes. Installés sur le divan, adultes, enfants ou adolescents se livrent. Mutisme, anorexie, dissociation, emprise… à chacun une énigme qu’ils tentent de résoudre avec la psychanalyste. Et c’est passionnant : nous lisons ces témoignages avec l’impression d’entendre chacun, de partager leurs maux, sous l’œil bienveillant d’Hélène Vecchiali.
Pour elle, pas question d’être neutre, distante, ou impassible : elle laisse parler son intuition. Une vie est en jeu. Il y a Julie, jeune fille anorexique nourrissant un redoutable appétit pour la mort, Noémie, jolie fiancée qui se remémore avec effroi son viol subi à 4 ans et l’oublie à la séance suivante, ou ce petit garçon, Maxence, qui sortira de son mutisme grâce au Roi Lion.
17 récits, des premières séances au moment de bascule, à la guérison. Pour chacun, un parcours initiatique, une explication pédagogique avec des clefs pour comprendre et analyser le drame qui se joue. À chacun est associé un film qui éclaire les mécanismes fascinants de la psyché.
Auteure de nombreux ouvrages à succès parmi lesquels Mettre les pervers échec et mat, La Tragédie des sauveurs (Marabout) et Un zèbre sur le divan (Albin Michel), avec Bienvenue en thérapie, Hélène Vecchiali réussit sans doute son livre le plus personnel. D’une plume élégante et sincère, il se lit comme des nouvelles policières. Dans la veine de la série télé En thérapie, il nous familiarise avec l’analyse et donne un visage terriblement humain aux séances sur le divan.
https://www.linkedin.com/in/hvecchiali/
https://m.facebook.com/helene.vecchiali.auteur/?ref=m_notif¬if_t=aymt_biz_growth_gain_fan_upsell_tip
Afin d’en savoir plus sur les raisons qui ont incité Hélène Vecchiali à écrire ce livre, ainsi que la manière dont elle a travaillé, nous l’avons rencontrée.
Emmanuelle de Boysson
Opinion internationale : Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Hélène Vecchiali : Alors que la psychanalyse est souvent décriée, je voulais en prouver l’efficacité avec ces dix-sept courts récits que je traite comme des énigmes policières résolues. Je souhaitais surtout montrer qu’il y a des moments magiques dans une cure, le fruit d’une rencontre entre un patient déterminé à sortir de sa souffrance et d’un psy qui a lui-même expérimenté ce chemin initiatique d’une rencontre avec sa vérité.
Je voulais aussi déjouer les fantasmes sur les psychanalystes qui ne sont pas tout le temps silencieux. Ce livre est aussi un hommage au courage des patients et à l’abnégation des psychanalystes qui exercent un métier aussi inouï que romanesque : pendant des mois, voire des années, ils écoutent des histoires, des secrets, des peines, des joies, dans une abnégation totale, en acceptant d’être quittés pour toujours par ces personnes aussi attachantes soient-elles.
Pourquoi avoir choisi cette structure : pour chacun des cas, vous avez trois parties, le récit de la cure avec son moment de bascule, la vulgarisation du concept en lien avec la problématique évoquée, puis un film correspondant à chacune des histoires évoquées ?
H. V. : Je souhaitais d’abord écrire ces récits en accompagnant le lecteur, de la salle d’attente à l’épilogue après la thérapie, en passant par la période d’apprivoisement, la découverte de mes intuitions, de mes doutes, et insister sur le moment crucial de la bascule vers la guérison. Puis, dans un deuxième temps, je voulais expliquer sur quoi se fondent les intuitions du psychanalyste.
Enfin, j’ai voulu qu’à la fin de chaque cas, il y ait un temps de respiration, un interlude. Pour cela, j’ai glissé ces dix-sept films, analysés eux aussi. Un hommage à mon oncle, Paul Vecchiali, cinéaste passionné, décédé pendant l’écriture de mon livre.
Aviez-vous pris des notes dans le but de publier cet ouvrage ?
H. V. : Non, je n’ai jamais pris de notes. Lorsqu’on est aussi présent à l’autre, à son histoire, à ses états d’âme, avec la volonté absolue de lui apporter tout le soutien possible pour franchir des étapes initiatiques, on se souvient de tout, même trente ans après…
Même si vous changez leurs noms, vous modifiez leur histoire, ne craignez-vous pas qu’ils se reconnaissent, vous reprochent de rompre le pacte secret ?
H. V. : Je n’ai aucune crainte : ces thérapies datent d’il y a au moins trente ans ! Et j’ai bien sûr modifié tout ce qui pourrait permettre de les identifier en changeant parfois le sexe des personnes lorsque le récit était trop reconnaissable.
Quels sont les patients qui vous ont le plus marqués et pourquoi ?
H. V. : Ils m’ont tous marquée, cependant certaines « guérisons » sont plus spectaculaires que d’autres : Maxence, quatre ans, qui refuse de parler depuis la naissance de sa petite sœur et sort de son mutisme grâce au roi Lion ; Éléonore, cette dame âgée qui plonge dans une dépression à la mort de son mari mais dont on découvre qu’il s’agit en fait de la réactivation d’un amour décédé dans sa jeunesse.
Êtes-vous souvent ébranlée par les drames que traversent vos patients ?
H. V. : J’avais tellement la conviction de tout mettre en œuvre pour eux afin qu’ils s’impliquent totalement que je laissais ces problématiques dans mon cabinet. Sinon, j’aurais travaillé avec mon superviseur.
Estimez-vous que la psychanalyse soit la meilleure thérapie face aux maux comme le mutisme, l’anorexie, la dissociation, l’emprise, la dépression… ?
H. V. : Je suis convaincue de l’utilité de la psychanalyse. Plus les problèmes sont graves, plus il faut creuser en soi pour en découvrir l’origine, ce qui se joue, se répète, ce qui a ses racines dans l’enfance…
Pour autant, je ne suis pas une passionaria de la psychanalyse ! Je ne pense pas que tout le monde doive faire ce genre de thérapie. Beaucoup de gens s’en sortent bien sans. D’autant que c’est un investissement énergétique et émotionnel intense.
Justement à ce sujet, quelle est la durée d’une analyse en moyenne ?
H. V. : Je vous répondrais, avec humour, « un certain temps » ! Bien sûr cela dépend de chacune, de chacun. Cela dépend surtout de nos résistances : on vient en analyse avec la volonté de changer mais aussi avec la crainte de toucher à notre équilibre, si précaire soit-il. Plus on arrive à déjouer cette double contrainte, plus on avance. La durée d’une analyse se compte en années. Mais cela ne paraît pas long du moment qu’on est sûr d’être avec la bonne personne et qu’on voit assez vite les effets positifs.
Propos recueillis par Emmanuelle de Boysson