Edito
22H11 - lundi 14 octobre 2024

Qui est Rodrigue Petitot, alias « le R », qui, sous prétexte de lutte contre la vie chère, veut mettre le feu à la Martinique ? L’édito de Michel Taube

 

Mais qui est donc ce Rodrigue Petitot, alias « le R », autoproclamé leader de la lutte contre la vie chère en Martinique et qui orchestre les violences qui secouent la patrie d’Aimé Césaire ?

Derrière les discours enflammés et les vidéos virales du porte-voix des opprimés en Martinique, derrière « un enfant du peuple » comme il aime à se présenter dans un entretien – décryptage avec Barbara Jean-Elie sur la chaîne Zitata, se cache une réalité beaucoup plus sombre. Celle du passé criminel d’une figure contestataire qui devrait disqualifier quiconque prétend incarner la justice sociale. Celle d’un « hater » de la France et des pouvoirs de l’argent, vulgate devenue classique dans la galaxie des partisans d’une insurrection violente contre l’ordre en place.

Rodrigue Petitot n’est pas un inconnu des tribunaux. Condamné à plusieurs reprises pour trafic de stupéfiants, cet activiste a fait quatre passages en prison pour des faits graves, en métropole. Sa dernière incarcération a duré quatre années (pour dix ans de peine prononcée). Avec des condamnations pour trafic de drogue et violences multiples, « le R » a été mêlé à la criminalité organisée. Grand professionnel des aides sociales, ce monsieur aurait bénéficié, selon nos sources, de 110 000 € d’aide du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions… pour avoir, tenez-vous bien, été blessé d’une balle dans la jambe au cours d’un règlement de compte pour trafic de drogue en métropole dont il a gardé des séquelles.

Petitot ne s’est jamais repenti de ses actes. Au contraire ! La violence fait partie de son projet politique. Il s’en sert pour construire son image de « rebelle » qui défie l’ordre établi. Mais que signifie vraiment cette rébellion ? L’homme s’auto-proclame président du RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes). Mais, la réalité est que politiquement et psychologiquement, l’homme semble surtout avoir trouvé le moyen de prolonger dans les rues de Martinique sa trajectoire personnelle, habilement maquillée sous les traits d’un activisme social.

Sous couvert de lutte sociale, « le R » est le principal instigateur des violences qui secouent l’île depuis un mois et demi. Des commerces incendiés, des véhicules détruits, les forces de l’ordre régulièrement attaquées…Il attise les violences par ses agissements, ses harangues dans les supermarchés, ses posts sur les réseaux sociaux (55 000 abonnés sur TikTok…).

Il n’est pas sûr que Rodrigue Petitot ne vise que sa propre gloire. Tel qu’il agit et annonce de jour en jour la couleur de ses ambitions, « le R » contribue non seulement à l’insécurité de l’île (la Martinique était en 2023 dans le trio de tête des territoires français les plus violents en nombre de morts par armes blanches ou armes à feu), mais il participe aussi de la stratégie de plus en plus visible, observée aussi en Nouvelle-Calédonie depuis mai dernier, d’insurrection et de déstabilisation politique.

« Le R » ne s’en cache même plus. Pas plus tard qu’hier, dans une interview audio sur Télé Antilles, il annonce la couleur : pillage, destructions, traque des chefs d’entreprise.

Bref, il veut l’escalade de la violence, c’est-à-dire l’embrasement de l’île, l’insurrection contre les pouvoirs locaux, les beckés, Paris. Le discours anticolonialiste, les revendications pour une « autonomie totale » dont il ne se cache plus en attendant l’indépendance [voir la vidéo TikTok ci-dessous], les charges à l’encontre des béckés s’expriment désormais sans vergogne.

Céder aux pressions de « R » serait d’autant plus regrettable qu’en Martinique le discours indépendantiste a toujours été très isolé. La volonté de certains jusqu’au-boutistes d’écarter le préfet des discussions visant à enrayer la spirale de la violence illustrait déjà cette stratégie anti-Française.

D’ailleurs, comme le souligne avec pertinence Marie-Laurence Delor, professeure de philosophie, dans un billet très inspiré dans Mediapart, « ce à quoi on assiste depuis quelques jours n’a rien de populaire, de spontané et encore moins de non organisé ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce qu’une petite minorité instrumentalise un problème réel […] qu’elle peut prétendre représenter le peuple, prétendre parler et agir en son nom alors même qu’elle le violente, qu’elle l’agresse dans les faits. »

L’ordre doit être rétabli au plus vite et cela passe par une justice d’une grande fermeté avec les fauteurs de troubles, justement pour laisser la place et la sérénité à la discussion entre les partenaires sociaux et politiques de l’île sur le sujet légitime, mais qui ne saurait justifier aucune violence, de la lutte contre la vie chère.

« Le R », lui, semble prêt à s’en prendre aux biens publics pour servir ses propres intérêts dans une surenchère insurrectionnelle. Derrière ce caïd qui joue sur les souffrances sociales, pointe un militant politique qui veut faire exploser le contrat qui lie les Martiniquais à la France.

Longtemps proche des milieux indépendantistes martiniquais, Rodrigue Petitot apparaît dans un improbable documentaire azéri intitulé « La Martinique : une île aux fleurs dans l’esclavage français ». Cette émission en russe de vingt-cinq minutes a été tournée en octobre 2023 dans le département français par CBC TV, une chaîne située à Bakou. Aux côtés d’Aude Goussard, la secrétaire du RPPRAC, le micro parti de « R », on comprend que la stratégie insurrectionnelle qui secouait hier la Nouvelle-Calédonie et la Martinique aujourd’hui trouve des ramifications internationales à Bakou en Azerbaïdjan et à Moscou. Horizon sur lequel nous reviendrons très vite.

 

Michel Taube

 

Directeur de la publication