Edito
11H30 - lundi 14 octobre 2024

Samuel Paty et Dominique Bernard : au-delà des commémorations. L’édito de Michel Taube

 

En France, quelques dizaines de collèges, de lycées, de places, de rues portent déjà le nom des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard, assassinés par l’islam radical et la haine de la France.

Leur crime ? Avoir accompli leur devoir : enseigner, éduquer à l’esprit critique, ennemi des dogmes.

Les criminels qui ont tué ces deux professeurs ont volé l’insouciance de nos enfants, brisant le sanctuaire de la République que devraient constituer les écoles, étape de plus dans l’entreprise visant à terroriser nos institutions républicaines tout comme les citoyens.

Certes, il est essentiel que des établissements scolaires, mais aussi des espaces publics, à travers tout le pays, rendent hommage à ces martyrs de l’éducation et de la laïcité. De Paris à Nice, de Rouen à Toulouse, chaque plaque gravée en leur nom rappelle l’horreur des actes, mais aussi le devoir de mémoire que nous portons collectivement.

 

Nous proposons que dans chaque établissement scolaire de France, dans chaque collège, chaque lycée, une salle de classe porte le nom de Samuel Paty et de Dominique Bernard. Pour que tous les élèves, partout en France aient le souvenir du sort tragique qu’ont connu certains de leurs enseignants. Pour que tous les enseignants eux-mêmes, parfois complices d’un climat de terreur par petite lâcheté voire conviction religieuse se souviennent de ce qu’il en coûte que de céder à la terreur de la haine islamiste.

Mais est-ce suffisant ? Une salle de classe, une rue, une école à leur nom, et ensuite ? Comment préserver leur héritage face aux assauts répétés contre nos valeurs républicaines ?

Nous découvrons avec horreur que cette génération perdue de la République, ces jeunes collégiens nés entre 2010 et 2014, ne comprennent rien à la laïcité. Ils y sont souvent même hostiles et la considèrent comme étant une valeur islamophobe. Ces jeunes Français n’ont rien compris à la France et Samuel Paty et Dominique Bernard sont les victimes expiatoires de cette incompréhension hostile.

La République leur doit plus que des hommages. Elle leur doit une riposte ferme et sans concession contre l’islamisme.

C’est pourquoi nous regrettons vivement qu’au-delà de la minute de silence observée en ce 14 octobre dans tous les collèges et lycées, la ministre de l’Éducation nationale n’ait pas imposé, mais juste proposé, « un temps d’analyse et de réflexion avec les élèves ». Et une circulaire ministérielle d’ajouter « Sa durée et son contenu sont laissés au choix des équipes en fonction de leurs situations respectives. »

Quelles situations respectives ? Des quartiers où trop d’élèves préféreraient mimer des « Samuel Paty » plutôt que d’apprendre les valeurs de la République ?

Alors que faire ? Il est de notre devoir d’éduquer sans relâche, de défendre la liberté d’expression et de veiller à ce que la laïcité, pilier fondamental de notre République, soit expliquée et respectée.

La transmission de leur mémoire passe par des gestes concrets. Nous devons renforcer l’éducation au respect, à la tolérance, et surtout au débat d’idées. L’école doit redevenir ce lieu inviolable où l’on apprend à penser, à critiquer, et à comprendre le monde, sans la peur de représailles. C’est là l’héritage que nous devons à Samuel Paty et à Dominique Bernard. Mais cela ne se fera pas sans un sursaut national.

L’éducation nationale doit recruter des brigades laïcité, inscrire au programme un cours spécifique de 1 ou 2 heures par semaine sur la morale républicaine et l’enseigner comme on enseigne l’histoire-géographie, les maths et le français.

Samuel Paty et Dominique Bernard sont les martyrs d’une société et d’une civilisation qui reposent sur l’éducation, le savoir et l’esprit critique. Ils nous ont montré le prix à payer pour la liberté. Nous n’avons pas le droit de les oublier.

 

Michel Taube