La chronique de Patrick Pilcer
16H13 - jeudi 17 octobre 2024

L’insincérité des budgets de l’ère Macron est-elle un motif de destitution du chef de l’Etat ? La chronique de Patrick Pilcer

 

On attend avec une très grande impatience la Commission d’Enquête Parlementaire sur l’état des comptes de la Nation et sur le déficit budgétaire qui, si rien n’est fait, devrait approcher les 7% !

Il s’agit là d’un sujet extrêmement grave.

Comment nos gouvernants ont-ils pu laisser déraper à ce point nos déficits ? Cela d’autant que la situation était supposée être surveillée comme le lait sur le feu par la haute administration de Bercy, par le Ministre de l’Economie, en place pendant 7 ans, par les Premiers ministres successifs et par le Président ?

Dès 2017, dès 2022, comme fin 2023, il ne fallait pas être un grand devin pour comprendre qu’il fallait diminuer les dépenses publiques drastiquement. Tous les « Républicains raisonnables » le clamaient haut et fort. Fillon, et même Juppé, le disaient en 2017, comme tous les candidats aux primaires chez LR en 2022. Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, à la tête de leur région, ont réussi à diminuer leurs dépenses. Ce qui est possible pour une grande région doit l’être aussi pour le pays.

En mars/avril Bruno Lemaire, en rien soutenu par Gabriel Attal, le Premier Ministre d’alors, avait proposé de procéder à un budget rectificatif ce que semble avoir refusé le Président, obnubilé par les échéances électorales et son projet secret de dissolution.

En juin, le Sénat a publié un remarquable rapport, « Dégradation des finances publiques : entre pari et déni » dans lequel il est écrit, noir sur blanc : « Les recettes fiscales s’avèrent toutes inférieures à des prévisions gouvernementales mal justifiées et imprudentes ». Même Eric Coquerel, le Président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, passe pour un sage quand il évoque l’état des comptes publics face à l’attitude désinvolte du Président, supposé « Mozart de la Finance », c’est pour dire… À la vitesse à laquelle s’emballent nos déficits, il va bientôt plus ne rester que nos « amis » du Qatar pour acheter notre dette, et nous imposer leurs intérêts !

Les auditions et les conclusions de cette Commission d’Enquête devraient être riches d’enseignements, surtout si Bruno Lemaire passe de la parole aux actes et dévoile, devant tous, la « vérité ». Il faudra alors que le Président se justifie, s’il le peut. Il faudra qu’il explique pourquoi il a laissé filer les déficits, pourquoi il a continué à dépenser, à organiser des événements fastueux, et donc très coûteux, à Versailles comme à l’Elysée, à laisser dépenser 1,4 milliard d’euros pour assainir la Seine avec un système qui ne fonctionne pas quand il pleut trop (sic !), pourquoi il a préféré avoir recours aux cabinets américains comme McKinsey plutôt qu’aux grands Corps de l’Etat. Il devra expliquer pourquoi il continue de faire des chèques faramineux à l’Ukraine quand, le même jour, son gouvernement est contraint de proposer de rogner le pouvoir d’achat des apprentis et des retraités !

L’heure est grave. Non pas tant sur l’état des comptes publics, car comme toujours, nous citoyens paierons les erreurs de nos dirigeants avec notre sueur, et la France est surtout encore riche, mais parce que nous ne pouvons plus faire confiance dans l’équipe qui était au pouvoir jusqu’en septembre dernier. Gabriel Attal a été remplacé comme Bruno Le Maire, et ils devront s’expliquer, mais le principal responsable de l’insincérité de la parole gouvernementale semble être, ni plus ni moins, que le Président Emmanuel Macron, toujours en place.

Si la Commission d’Enquête démontre non pas l’erreur, non pas la mauvaise appréciation de la situation économique, mais bien la faute intentionnelle, il faudra se demander sérieusement si le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée Nationale, conjointement, ne devraient pas proposer la destitution du chef de l’Etat, en vertu de l’article 68 de la Constitution, pour « un manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat », ce qui pousserait l’actuel locataire de l’Elysée à la démission, façon Richard Nixon !

Alors vivement cette commission d’enquête, vivement ses conclusions et préparons-nous déjà aux prochaines élections, qui pourraient arriver bien plus vite qu’on ne pense. La France a besoin d’une plateforme programmatique, une véritable alliance électorale et une incarnation pour que les « Républicains raisonnables » gagnent et remettent notre beau pays sur les bons rails !

 

Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale