Edito
15H25 - lundi 21 octobre 2024

LFI votera l’abrogation du RN sur la réforme des retraites.

 

Selon nos informations, après une réunion au Palais Bourbon, La France Insoumise (LFI) pourrait opérer un changement de stratégie. C’est ce que proposent plusieurs parlementaires au sein du groupe d’extrême-gauche.

Le parti d’extrême-gauche annoncera-t-il qu’il votera en faveur de la proposition d’abrogation de la réforme des retraites que le Rassemblement National (RN) proposera lors de sa niche parlementaire du 31 octobre ? Les paris sont ouverts.

Cette alliance de circonstance entre LFI et le RN, jusque-là adversaires farouches, pourrait être renforcée par les voix du Parti socialiste, des écologistes et du groupe LIOT. Si ces partis unissent leurs forces sur ce sujet, la réforme des retraites, pierre angulaire du quinquennat Macron, pourrait être abrogée en un vote historique. Ce serait un séisme politique d’une ampleur inattendue, mais révélateur des fractures qui existent au sein des oppositions.

Au fond, l’équation est rude, autant pour le RN que pour LFI : « tolérer » Barnier ou privilégier leurs convictions ?

Car la question des retraites a toujours été un terrain miné pour les gouvernements successifs. La réforme menée par Emmanuel Macron a cristallisé les colères sociales et a ravivé des fractures idéologiques profondes dans le pays. Le RN, en proposant cette abrogation, espère sans doute récupérer une part de cet électorat populaire qui s’est senti trahi par Macron. LFI, en se joignant à cette initiative, semble vouloir incarner une opposition sans concession à ce qu’elle considère comme une injustice sociale doublée d’un déni démocratique de ne pas être au gouvernement, quitte à s’associer, temporairement, avec ceux qu’elle combat sur presque tous les autres fronts.

Mais cet épisode ne pourrait-il pas être un prélude à une crise plus grave encore ? Car si une telle alliance venait à renverser la réforme des retraites, d’autres fronts pourraient rapidement s’ouvrir. Le budget des recettes du gouvernement Barnier, déjà sous pression, pourrait être la prochaine cible d’une motion de censure réunissant cette même coalition hétéroclite. Si LFI et RN parviennent à s’entendre sur ce dossier, avec l’appui probable d’autres partis de gauche, le gouvernement pourrait bien vaciller sous les coups conjugués de ces forces antagonistes.

Il est tout à fait possible que cette abrogation de la réforme des retraites marque un avant-goût de ce qui attend Michel Barnier dans les semaines à venir : une opposition multiforme, qui se cherche encore, mais qui pourrait trouver dans la contestation sociale un ciment commun.

En tout cas, si cette stratégie aboutit, elle signifiera bien plus qu’une victoire symbolique sur les retraites : elle marquera l’entrée dans une nouvelle ère politique où les alliances traditionnelles se dissolvent au profit d’accords inattendus et ponctuels, dictés par des urgences sociales et économiques.

Dans cette configuration, la « majorité » de Barnier risque de connaître des semaines agitées, avec des batailles au Parlement qui pourraient remettre en question la stabilité même du gouvernement. Car après les retraites, d’autres sujets brûlants attendent, comme celui du budget. Cette abrogation pourrait bien être le déclencheur d’une motion de censure à venir. Une chose est sûre : la scène politique française ne cessera jamais de nous surprendre.

 

Michel Taube

Directeur de la publication