Edito
09H24 - mercredi 23 octobre 2024

Muslim d’apparence, Arabe de service… Le grain de sel d’un sale juif. L’édito de Michel Taube

 

Michel Taube dénonce les propos racistes tenus par Pascal Boniface à l'encontre du maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane.Ils ont inventé une nouvelle race : les Blancs ! Et leurs collabos : les Arabes, les Noirs, les musulmans, tous les autres qui pensent comme les Blancs !

Aujourd’hui, la race, les races sont de retour. Tel un ouragan qui commence à se former mais finira par dévaster tout sur son passage, le wokisme de gauche redonne ses lettres de noblesse au racisme, celui qui enferme une personne dans ses origines culturelles et religieuses.

Aux Etats-Unis, en France, mais aussi dans les coulisses des réunions du BRICS à Kazan en Russie, partout les Blancs, et derrière eux les Occidentaux, souvent aussi les juifs, sont stigmatisés et de plus en plus détestés. Comme un retour du refoulé, on prétexte des siècles de colonisation, d’esclavage et de conquêtes terrestres pour attaquer les Blancs de 2024.

C’est dans ce contexte tectonique que les propos du géopoliticien et très influent Pascal Boniface résonnent avec fureur.

Il accuse Karim Bouamrane d’avoir refusé de s’exprimer sur le conflit qui frappe le Proche-Orient. Crime de lèse-majesté ! Le silence du maire de Saint-Ouen relève-t-il de la collaboration avec l’ennemi israélien ?

Pourquoi parler de « muslim » ? Et si le maire de Saint-Ouen n’était pas muslim ? Et s’il était agnostique ? Et si cela ne vous concernait pas, Monsieur Boniface ?

Se faisant, Pascal Boniface traite le « muslim » ou « l’arabe » comme une race. Terrible lecture du monde tel qu’il s’impose aujourd’hui dans les esprits d’une jeunesse dévoyée et haineuse.

 

Petite leçon de choses

Il faut donc réexpliquer, encore et encore, que cette racialisation est culturellement une erreur historique, culturelle et scientifique.

L’auteur de ces lignes a commencé sa vie de citoyen engagé en adhérant à la Licra en 1984 : à l’époque le mot « race » était presque banni. Il n’y avait pas de race : de grands scientifiques nous expliquaient qu’il ne peut pas y avoir de race parmi les hommes (faut-il en redonner les raisons ?). Point d’orgue de cette période idéaliste, le projet avorté de François Hollande qui, le 10 mars 2012, avait annoncé lors d’un grand rassemblement d’Ultramarins de métropole, son projet de réviser la Constitution de la Cinquième République française pour en enlever le mot race inscrit dans son article 1er : la France « assure l’égalité de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Il n’en sera rien…

Nous en sommes donc à devoir réexpliquer pourquoi il ne peut y avoir de race parmi les hommes, même pas une race blanche !

Résumons-nous : pour que des races existent parmi les hommes, tel que nous l’a enseigné le grand professeur Jean Bernard dans nombre de ses livres, il faudrait qu’entre la race A et la race B, trois conditions fussent remplies :

  • les propriétés intrinsèques de la race A devraient être très différentes de celles de la race B,

  • la race A et la race B ne pourraient se mélanger,

  • tous les membres de chaque race devraient avoir des propriétés génétiques communes voire identiques en leur sein.

Aucune de ces trois conditions n’est remplie dans l’espèce humaine, ni biologiquement bien entendu ni d’ailleurs de façon suffisamment hermétique sur le plan culturel. Seuls les extrémistes penseront par exemple qu’un Suédois ne peut épouser un Mauritanien, ou qu’un juif ne peut épouser une brahmane indienne, pire, qu’un Blanc puisse épouser une Noire, et encore pire, qu’un Noir puisse voter Trump et un Blanc Kamala Harris, ou encore pire qu’un Béké puisse ne pas être esclavagiste dans l’âme, et, suprême insulte, qu’un Karim Bouamrane puisse s’abstenir de tout commentaire sur la guerre totale d’Israël contre le Hezbollah et le Hamas.

Au fond, les Pascal Boniface, les Rokhaya Diallo sont profondément racistes car ils assignent à résidence identitaire et souvent religieuse les personnes en fonction de leur nom, de leur origine et/ou, c’est plus simple encore car visible immédiatement, de leur couleur de peau.

 

Un débat public nauséabond

Les propos de Pascal Boniface, visant le maire de Saint-Ouen, révèlent cette prise en otage des Français portant des noms à consonance arabe, musulmane ou africaine dans le débat public ? Parler de « Muslim d’apparence » ou d’« Arabe de service » revient à enfermer des citoyens dans une identité assignée, à laquelle ils ne pourraient échapper. C’est une attaque non seulement contre des individus, mais aussi contre le socle de l’égalité républicaine.

Le journaliste Radouan Kourak, comme d’autres avant lui, a été victime de ces invectives en début d’année. Ces mots déshumanisants, émis au nom d’une certaine critique ou analyse politique, s’inscrivent dans une tendance inquiétante : la racialisation du débat, qui émerge insidieusement dans notre société.

En essentialisant l’origine ou l’apparence, on court-circuite les discussions de fond. Ce ne sont plus les idées qui sont débattues, mais l’identité supposée de celui qui les porte. Une démarche dangereuse, qui fragilise encore davantage un vivre-ensemble déjà malmené et qui renforce le sentiment d’exclusion chez les Français qui portent des noms de même consonance.

La gauche est comme Boniface : elle voit une France ethnicisée, ce en quoi elle sape le projet républicain à la française, profondément universaliste. Or, la force de la France résidait jusque-là dans sa capacité à dépasser ces assignations identitaires pour offrir une égalité de droits et de devoirs à chacun, peu importent ses origines ou son apparence. C’est parce que cette digue universaliste est en train de rompre que peut-être la France est en train de s’effondrer sur elle-même.

Loin d’apaiser les tensions, les attaques à la Boniface les attisent. L’histoire nous a montré les dangers d’une telle dérive. Le devoir de chacun, en particulier dans la sphère publique, est de veiller à ce que nos paroles, nos critiques, ne se transforment pas en carburant d’une guerre civile annoncée.

En juillet dernier l’auteur de ces lignes a révélé, devant l’explosion de l’antisémitisme en France, et en solidarité avec ses coreligionnaires, qu’il est de confession juive. C’était et cela reste un jardin privé.

Mais en tant que juif de service ou en tant que sale juif (c’est un pléonasme pour les antisémites), nous sentons le besoin vital de manifester la même solidarité aux Arabes de service et aux muslims d’apparence.

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

Directeur de la publication

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