La chronique de Patrick Pilcer
16H05 - jeudi 24 octobre 2024

La ministre du travail a raison. La protection sociale ne doit plus reposer uniquement sur les salaires. La chronique de Patrick Pilcer

 

Selon Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du travail la protection sociale ne doit plus reposer uniquement sur les salaires.Quand les propos du gouvernement vont dans le bon sens, il est important de le dire haut et fort et d’applaudir.

Les critiques furent vives et abondantes face au projet de la ministre d’augmenter les charges sur les salaires tout comme l’assujettissement à la CSG et CRDS des revenus des apprentis. Il faut espérer que le gouvernement, dans sa grande sagesse, revienne sur ces deux mesures. Il ne faudrait pas que, pour lutter contre les « trappes à bas salaires », nous augmentions le chômage en créant des « trappes à emplois » !

Le plein-emploi doit demeurer un objectif crucial. Nous ne pouvons pas nous permettre de détruire des emplois. Les extrêmes et l’obscurantisme en seraient les seuls bénéficiaires.

Rappelons un principe économique simple : plus de chômeurs, c’est plus de coûts pour la collectivité. Plus de chômage, c’est plus de déficit ! Notre taux de chômage est encore trop haut, nous sommes à 7,3% quand il est de 6,4% dans l’Union européenne. Pire, notre taux d’emploi pour les 15-64 ans était de 68% en 2022 inférieur aux 70% de l’Union européenne et aux 77% de l’Allemagne, notre principal partenaire économique.

Si nous avions simplement les mêmes taux de chômage et d’emploi que l’Europe des 27, dont celui de l’Allemagne, voire mieux, nous ne serions plus en déficit budgétaire mais en excédent ! Les discussions ne tourneraient plus sur la réduction des dépenses publiques, sur la hausse des impôts, sur l’austérité, mais sur nos investissements d’avenir : des enseignants mieux formés et mieux rémunérés, la reconstruction de notre système de santé, la transformation complète de tous nos services publics à l’ère de l’Intelligence Artificielle et du web 3.0, l’amélioration de la sécurité dans nos rues, la lutte contre les stupéfiants et les mafias, comme contre l’islamisme et l’obscurantisme, la modernisation de notre justice, la construction de prisons, l’investissement dans la recherche et dans l’innovation, autrefois fleurons de notre pays.

La ministre a parfaitement raison d’inciter les partenaires sociaux à améliorer l’entrée dans la vie active des plus jeunes, à améliorer l’employabilité des seniors et celle des femmes, à diminuer la pénibilité, à lutter contre les accidents du travail. Tout cela permettra en effet d’augmenter notre taux d’emploi et d’atteindre toujours un peu plus le plein-emploi pour contribuer à l’équilibre des comptes de la nation.

La ministre a également raison lorsqu’elle souligne qu’auparavant il fallait 15 ans pour doubler son salaire ; aujourd’hui une vie entière de labeur ne suffit plus. 80 ans sont à présent nécessaires, impensable. Ce n’est ni juste, ni humain, totalement contraire à l’esprit du quasi-contrat social qui nous fait nation.

Encore faut-il éviter d’alourdir le coût du travail qui ruinerait tous les efforts entrepris ! Un contresens économique…

 

Se pourrait-il alors que le message du bon sens ait été entendu ?

La ministre du travail modifie depuis quelques jours ses éléments de langage et souhaite à présent que le coût de la protection sociale ne repose plus uniquement sur les salaires. Bravo, nous applaudissons des deux mains cette évolution du discours. Mille fois bravo !

Reste à passer des mots aux actes.

Nous plaidons depuis longtemps dans nos éditoriaux pour des mesures qui permettent d’augmenter le revenu net disponible de la France qui travaille, d’améliorer le pouvoir d’achat des salariés, et surtout de ceux qui gagnent entre une à deux fois le SMIC.

Nous recommandions, pour mettre en œuvre ce changement drastique, d’exonérer les salaires et les retraites de CSG sur les 500 premiers euros tout en augmentant la TVA de 3%. Ce mécanisme permettrait d’une part d’augmenter le pouvoir d’achat d’une grande part de nos salariés et retraités, de faire porter le coût de notre protection sociale non plus seulement sur les revenus mais aussi sur la consommation de tous, et, d’autre part, d’augmenter les recettes de l’Etat. En effet, cette ponction rapportera bien plus que l’exonération de CSG. Plusieurs milliards qui permettront de diminuer nos déficits abyssaux !

Les lecteurs et la ministre, retrouveront dans nos précédents éditoriaux la description plus complète de cette mesure importante.

 

Hausse du pouvoir d’achat de la France qui travaille, baisse du déficit public, répartition plus juste du coût de la protection sociale de tous nos citoyens… Et si le virage entamé ainsi par le gouvernement permettait à notre pays de reprendre le chemin d’une meilleure gestion de notre pays et de sortir, par le haut, de cette crise ?

Nous avons gémi, nous gémissons, mais il est peut-être temps d’espérer. Madame la ministre, notre espérance est entre vos mains. Passez à présent des mots aux actes…

 

Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers