L’auteur de ces lignes est un fervent partisan d’un Islam à la française, composé d’imams français recrutés en France et, évidemment, parfaitement francophones. Il est également convaincu que l’Etat doit savoir encadrer la religion musulmane, comme c’est le cas dans tous les pays musulmans : le politique encadre le religieux ou le religieux finit par prendre le pouvoir. Les lois de 1905, conçues sous l’empire d’une religion catholique fort différente de l’Islam, pourraient freiner cette gestion du fait religieux musulman français, sauf à employer tous les moyens de police des cultes et de contrôle des lieux d’enseignement coranique. Sinon, encore une fois, la France se fera dépasser par un islam radical qui est en train de prendre le pouvoir parmi les musulmans français.
Or le Maroc pourrait, paradoxalement en apparence, inspirer quelques voies et moyens d’action pour promouvoir un Islam pacifié en France. Bruno Retailleau, en tant que ministre français des cultes, et qui est du voyage d’Etat au Maroc, pourrait prendre conseil auprès des autorités chérifiennes pour gérer l’islam en France et lutter contre les islamistes qui gagnent tant de terrain sur notre sol.
Le Maroc, dont le Roi est le Commandeur des croyants, est un bastion de l’islam modéré, empreint de diversité et de tolérance dans un monde arabo-musulman trop souvent secoué par le fanatisme. Par exemple, la visite du pape François au royaume chérifien en 2019, n’était pas qu’une simple rencontre interreligieuse, mais un symbole fort de cette coexistence pacifique entre les différentes confessions. De même, la Constitution du Maroc reconnaît la part de judaïté du Royaume. Dans ce contexte, la reconnaissance des minorités, y compris celle de la communauté juive, souligne l’engagement du Maroc envers une société pluraliste et respectueuse des différences.
Nous pensons que cette sérénité marocaine avec autrui explique aussi le soutien du Royaume aux accords d’Abraham, qui promeut des relations diplomatiques entre Israël et plusieurs pays arabes.
Le roi Mohammed VI, en tant que Commandeur des croyants, joue un rôle central dans la promotion de cette vision éclairée de l’islam, où le dialogue et la paix prévalent sur les tensions historiques. Ce modèle mérite d’être étudié et, surtout, doit inspirer les politiques françaises.
En 2016, à la suite des terribles attentats terroristes qui avaient ensanglanté la France tout au long de l’année 2015, le roi Mohammed VI avait commis « une fatwa » demandant aux musulmans dans le monde de respecter les lois des pays dans lesquels ils vivent et d’adopter un islam contextualisé, seul garantie d’une pacification du monde musulman. François Hollande, alors président de la République, avait publié un communiqué de presse pour saluer ce discours clair et engagé.
La visite d’Emmanuel Macron au Maroc constitue une occasion cruciale pour renforcer les liens entre les deux nations. En se rendant à Rabat, le président français a l’opportunité de s’inspirer du modèle marocain d’inclusion et de dialogue interreligieux.
Dans un moment où les discours de rejet et de division semblent dominer le paysage politique européen, Emmanuel Macron pourrait tirer des leçons précieuses de l’exemple marocain. Plutôt que de se laisser enfermer dans des postures rigides, la France doit embrasser une approche qui valorise la diversité et l’acceptation tout en luttant sans merci contre les islamistes, comme le font les autorités marocaines avec efficacité.
Étrangement, d’année en année, et plus particulièrement depuis le 7 octobre 2023, Emmanuel Macron a bien du mal à dialoguer avec toutes les composantes de la société française, y compris les communautés musulmanes et juives, dans le cadre d’un respect mutuel et de partage des valeurs républicaines. Car ce n’est qu’en forgeant des alliances solides basées sur la compréhension et le respect que la France pourra retrouver la concorde civile à l’intérieur et son rôle de leader dans la diplomatie mondiale.
En somme, et toutes choses égales par ailleurs, le Maroc offre une leçon précieuse : l’islam modéré, nettoyé de sa gangrène islamiste, peut non seulement coexister avec d’autres croyances, mais aussi enrichir le tissu social. En s’inspirant de cette alchimie marocaine, la France a l’opportunité de bâtir un avenir où les différences ne seront plus une source de conflit, mais un fondement de solidarité. Le temps est venu pour la France de suivre cette voie, de promouvoir avec force un islam modéré, condition d’un véritable vivre-ensemble français, tout en renforçant ses relations avec le Maroc et en s’engageant résolument sur la voie de la paix et du dialogue.