Opinion Eco & Entrepreneurs
14H32 - vendredi 1 novembre 2024

1er novembre 2024 : ce qui change et ce qui demeure en France. La chronique de François Perret

 

C’est vrai que sous l’effet de la déclaration de politique générale de Michel Barnier il y a tout juste un mois, le quotidien des Français en ce 1er novembre est quelque peu impacté. Mais en s’arrimant au temps long, cette date inscrit aussi beaucoup d’entre eux dans une tradition très ancienne : celle de la fête de la Toussaint, dont il ne faut pas négliger la portée symbolique et fédérative qu’elle porte.

 

Ce qui change au 1er novembre

Adoucir les fins de mois difficiles des Français : c’était l’un des objectifs que le Premier ministre s’était assignés en arrivant à Matignon. Plusieurs mesures entrent en vigueur aujourd’hui en répondant à cette feuille de route : revalorisation du SMIC, baisse du prix du gaz ou encore légère hausse des retraites complémentaires.

Dans un environnement économique plutôt déprimé, où la seule bonne nouvelle des derniers jours aura été l’annonce d’une croissance en légère progression (+0,4%) dopée au troisième trimestre par les Jeux olympiques, l’humeur de nos compatriotes est plutôt morose. Aussi, en pleine discussion parlementaire sur un budget 2025 si délicat à élaborer, il fallait bien redonner de l’espoir aux classes populaires. C’est ce à quoi le nouvel homme fort du gouvernement s’est employé.

Alors que d’ordinaire c’est plutôt le premier jour de l’année que les revalorisations interviennent, Michel Barnier a voulu montrer sa détermination à ne pas attendre pour venir en soutien à ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Le SMIC est donc revalorisé de +2% à compter de ce jour, ce qui le fait passer de 1 398,69 euros (nets) à 1 426,30 euros. Avec deux mois de gagné, c’est 55,22 euros en plus pour les bénéficiaires.

Et ce n’est pas tout : les retraites du secteur privé augmentent de +1,6%, soit un gain de +50,94 euros mensuels pour les petites pensions des personnes ayant une carrière complète. À noter également que la facture de gaz des Français devrait aussi baisser, même si le prix des abonnements ne devrait pas bouger avec 114,30 euros pour un contrat cuisson/eau chaude et 277,43 euros pour un contrat de chauffage. Structurellement, les dépenses contraintes des Français (loyer, transports, énergie…) restent élevées. Ces petits signes envoyés par le gouvernement, plus particulièrement à ceux d’entre eux qui ont des revenus modestes, sont par conséquent les bienvenus.

Des petits changements qui ne doivent pas faire oublier l’importance symbolique, par ailleurs, du 1er novembre aux quelque 38 millions de personnes qui se reconnaissent aujourd’hui comme chrétiens dans notre pays.

 

Ce qui demeure

La Toussaint : l’une des huit fêtes chrétiennes à côté de Pâques, Noël et beaucoup d’autres. C’est bien connu, l’Église honore à cette occasion tous les saints avant de commémorer les morts le jour suivant.

Un jour de repos bienvenu pour les Français, y compris pour tous les parents dont les enfants sont actuellement en vacances. Un jour consacré comme férié par le Code du travail (article L. 3133-1) au même titre que le jour de l’An (1er janvier) ou encore le lundi de Pâques et le 8 mai.

Mais d’où vient cette fête exactement ? Pas du récit biblique. Elle plonge ses racines au IVe siècle de notre ère à une époque où l’Église d’Orient décida d’instituer une journée dédiée à la célébration des martyrs le dimanche suivant la Pentecôte. Au siècle suivant, c’est à Rome que se tint pour la première fois une fête en l’honneur des saints et des martyrs, toujours célébrée le dimanche après la Pentecôte. En 609, le Pape Boniface IV se voit offrir le Panthéon, temple païen au cœur de la cité romaine, en l’honneur de tous les dieux. Des ossements de martyrs provenant des catacombes y sont alors transportés et le 13 mai, le Panthéon devient officiellement l’Église Sainte Marie aux Martyrs. Longtemps, de nombreux chrétiens du monde entier viennent alors assister à cette célébration, devenue la Fête des martyrs et de tous les saints.

Une tradition qui sera définitivement gravée dans le marbre chrétien sous le pape Grégoire IV qui, en l’an de grâce 835, en fixe la nouvelle date au 1er novembre.

Si la France a ajouté dans sa législation du travail ce jour à ceux qui ne sont pas travaillés, c’est sous l’influence d’un autre chef de l’Église romaine, Pie X (1903-1914), qui avait décidé au cours de son pontificat de rallonger sa liste des fêtes chrétiennes.

En cette Toussaint 2024, sans doute est-il important de se rappeler le sens originel de cette tradition en forme de message adressé à tous les chrétiens – et sûrement au-delà d’eux : goûter la joie de ceux qui ont mis le Christ au centre de leur vie et vivre dans l’espérance de la Résurrection comme sont réputés l’avoir fait au fil du temps les saints ayant vécu de manière parfaitement conforme à l’enseignement de Jésus.

François PERRET
Economiste, professeur affilié à ESCP-Business School, vice-président du think-tank Etienne Marcel, et auteur de « Non. Votre salaire n’est pas l’ennemi de l’emploi ! Vaincre l’austérité salariale, c’est possible » (éd. Dunod)