Edito
09H19 - samedi 2 novembre 2024

Sciences po Strasbourg doit rétablir son partenariat avec une université israélienne. L’édito de Michel Taube, ancien élève de l’IEP de Strasbourg

 

Loin de prendre une simple décision de circonstances, Sciences Po Strasbourg tourne le dos à l’universalité académique et à l’histoire même de l’Alsace. Les universités sont certes des lieux de débat mais elles ne peuvent être le théâtre des conflits qui ensanglantent la planète.

La suspension de ce partenariat a été décidée en catimini et au terme d’un point tardif « questions diverses » lors de la séance du Conseil d’administration de l’IEP le 26 juin dernier. Le procès-verbal n’a été rendu public que fin octobre. Il est tout de même regrettable de constater qu’aucun membre du CA n’a dénoncé cette décision depuis quatre longs mois.

Heureusement, depuis que cette décision est publique, les protestations fusent de toutes parts… ou presque ! De Patrick Hetzel, Alsacien et ministre de l’Enseignement supérieur à Jacques Barrot, ministre des Affaires étrangères, tous deux dans le gouvernement de Michel Barnier, d’éminents membres du Conseil d’administration de l’IEP comme Franck Leroy, président de la Région Grand Est, à tous les élus d’opposition à la mairie de Strasbourg, de la droite à la gauche centristes, la colère monte !

Même le directeur de l’IEP de Strasbourg, Jean-Philippe Heurtin, s’est désolidarisé de cette décision honteuse à la Une du Parisien, en rappelant qu’Israël est une démocratie, que le sionisme est un patriotisme, et en concluant que « ce vote est un péché contre l’esprit ». Merci monsieur pour la leçon de choses dont vos étudiants devraient s’inspirer !

 

Silence de la Ville de Strasbourg

Malheureusement, comme elle nous y a habitués depuis qu’une alliance des écologistes, des Insoumis et des islams gauchistes gouverne la capitale européenne des droits de l’homme, la Ville de Strasbourg refuse de condamner une telle décision. Ce lundi 4 novembre, le Conseil municipal de la capitale alsacienne est saisi d’une demande de protestations, mais elle a été écartée par la majorité municipale tandis que, comme le dénonce le chroniqueur Daniel Aaron, le point 14 de l’ordre du jour prévoit le vote d’une subvention pour le Liban… Deux poids, deux mesures.

 

Boycott des étudiants de l’IEP Strasbourg

Des Alsaciens vigilants ne l’entendent pas de cette oreille et la riposte contre la décision de l’IEP s’organise : à l’initiative d’Eric Vial, journaliste, de chefs d’entreprise, et non des moindres, comme Patrick Adler, appellent à boycotter tout recrutement de nouveaux stagiaires venant de l’IEP de Strasbourg. « Une bonne leçon », comme l’écrit Eric Vial, à ces « jeunes wokistes qui s’attaquent aux savoirs, à la connaissance et à l’Université ».

Ce boycott contre un boycott n’est que justice puisque c’est un groupuscule d’étudiants de Sciences-Po Strasbourg, « Solidarit’Etudiants », qui a initié, avec la complicité, selon nos sources, de professeurs de l’IEP et d’élus municipaux, cette décision de la honte. Le 7 octobre dernier, des étudiants pro-palestiniens avaient bloqué l’entrée de l’université de Lettres de Strasbourg. Il est certain que peu d’entreprises voudront recruter de jeunes idéologues forcenés.

 

Appel à la tenue d’un CA pour rétablir ce partenariat

La seule issue possible, parfaitement légale, est que, conformément à l’article 11 de ses Statuts, le président du Conseil d’administration de l’IEP de Strasbourg, ou un tiers des membres du Conseil, demande une convocation urgente d’un nouveau CA pour annuler la décision de juin et rétablir ce partenariat académique avec l’université israélienne.

D’ailleurs, la composition du Conseil d’administration de l’IEP fait pâlir au vu de la passivité de la réaction de ses membres depuis fin juin : qu’en pense par exemple Mme Marija Pejcinovic-Buric, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe (sans parler du Représentant de la France à Strasbourg, un certain Pap Ndiaye), institution démocratique et humaniste s’il en est, gardienne du temple des libertés en Europe, et membre de droit du CA ? Et Madame Estelle Pietrzyk, directrice du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg : finira-t-elle, elle aussi, par censurer des artistes israéliens comme l’a fait éhontément le cinéma Star de Strasbourg en juin dernier ? Le groupe Lohr, mastodonte de l’économie alsacienne, dont le vice-président siège au Conseil d’administration, continuera-t-il à recruter des stagiaires wokistes et antisémites de l’IEP ?

Il appartient à Emmanuel Suard, Conseiller maître à la Cour des Comptes et Président du Conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg, de s’exprimer au plus vite, de soutenir les propos courageux de son directeur dans Le Parisien.

Ce dernier, lui, qui n’a que voix consultative au CA, et ne peut se contenter d’espérer « qu’une fois les hostilités achevées dans la région [au Proche-Orient, NDLR], le partenariat pourrait reprendre ». Nous savons bien que sans une réaction rapide cette suspension d’un partenariat honorable deviendra définitive.

Il est urgent que d’anciens directeurs, d’anciens profs, des Alumni (anciens élèves) et, au final, tous les Alsaciens et les Français se mobilisent pour obtenir la tenue de ce Conseil d’administration de la rectification.

Des cris d’orfraie ne suffisent pas ! Nous demandons des actes. Nous demandons la reprise de ce partenariat académique avec l’université israélienne.

 

Michel Taube 

*La résolution de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), pourtant signée par des métropoles du monde entier, dont New York et Paris, condamne l’antisionisme comme une forme moderne d’antisémitisme.

 

 

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