Depuis de nombreuses semaines, les plateaux télévisés sont envahis d’experts autoproclamés bardés de certitudes.
Trump ne peut que gagner, affirment péremptoirement les uns, tel cet officier à la retraite qui déclarait en janvier 2022 que « la Russie n’envahirait jamais l’Ukraine » ! Harris va s’installer à la Maison Blanche prophétisent d’autres, tel cet éminent universitaire qui soulignait avec force en février 2022 que « la guerre en Ukraine ne durerait que quelques semaines, eu égard à la puissance de feu de l’armée russe »… Passons.
En ce qui nous concerne, nous nous garderons bien de faire un quelconque pronostic. En revanche, nous croyons plus que jamais, quel que soit le futur locataire de la Maison Blanche, que nous sommes à l’aube de lendemains qui déchantent.
Donald Trump gagne ? Nombre de ses promesses électorales, démagogues, populistes et souvent contradictoires, ne seront naturellement pas appliquées. À deux réserves près, loin d’être négligeables : sur le plan national, sa politique xénophobe, sa vision de l’immigration, et un faisceau de mesures susceptibles au plan sociétal d’accentuer le fossé opposant de facto les » deux Amériques « . À l’international, sa « proximité », pour ne pas dire plus, avec Netanyaou et Poutine pourrait causer quelques soucis du côté de Gaza, de Beyrouth ou de Kiev.
Kamala Harris gagne ? Sur le plan national, notamment, la politique sociétale volontariste en matière de droits humains devrait se poursuivre, voire s’approfondir. Et les grandes lignes de la politique étrangère affichée au cours des dernières années poursuivies. Encore faudrait-il que Trump abandonne son costume de mauvais perdant, déjà revêtu en 2020… Mais on connaît l’animal et le noyau dur de ses troupes, un tantinet éloignés des pratiques démocratiques les plus élémentaires.
Trump ou Harris ? « L’empire américain », à notre humble avis, est loin de décliner, comme certains l’affirment. Les voyants de son économie sont au vert et le « complexe militarisé industriel » cher à Eisenhower, loin d’être moribond, tant s’en faut.
Au bal des empires qui régit le monde, Washington devrait continuer à conduire la danse, aux côtés de ses comparses de Pékin et de Moscou. Un bal des empires, où avec plus ou moins de bonheur, tentent de participer quelques prétendants, de New Dehli à Pyong Yang ou à Téhéran, voire du côté d’Ankara et de son petit-Maître des horloges… au grand dam de la masse des pays du Sud.
En revanche, la vieille Europe, empêtrée dans de multiples difficultés, semble inexorablement condamnée à faire tapisserie ! Mais ceci est une toute autre histoire !
Mais que penser de l’ineffable Bernard Henri Lévy qui avait entrepris urbi et orbi de voler au secours de la démocratie américaine en refaisant deux siècles après, le parcours effectué par Alexis de Tocqueville… Risible ou pathétique ?