Kamala Harris, Vice-Présidente des États-Unis, figure d’une Amérique dite « progressiste », n’aura cessé de se perdre dans la même ornière qui semble aujourd’hui sonner le glas de ses ambitions politiques. À force de pointer du doigt l’épouvantail Trump, de s’ériger en rempart autoproclamé contre la « menace populiste », elle a oublié un principe fondamental : une élection ne se gagne pas uniquement contre un ennemi commun, mais pour une idée, une vision, un projet.
Là est tout le paradoxe de Kamala Harris. Dans la lutte acharnée contre le « danger Trump », elle a laissé s’étioler le peu de substance politique qu’elle pouvait apporter. Elle s’est montrée inflexible dans l’attaque, redoutable dans la dénonciation, mais a-t-elle su convaincre de sa propre compétence ? Son programme est devenu fantomatique, une série de propositions fades et floues, toujours éclipsées par un discours tourné vers l’ex-président.
En refusant d’incarner véritablement autre chose qu’une opposition frontale et permanente, elle s’est enfermée dans une dynamique où elle ne fait que réagir, sans jamais proposer. Ce jeu de cache-cache est dangereux : on attendait d’elle une force nouvelle, un projet clair, or Kamala Harris a préféré les coups d’éclat aux propositions concrètes.
Le peuple américain, lassé des discours d’alarme et d’une polarisation excessive, attendait du leadership, un horizon. Mais Harris a laissé passer sa chance. À trop parler de Trump, elle n’a jamais su parler d’elle-même. Elle a donné à ses détracteurs la matière nécessaire pour contester sa légitimité et mit ses propres idées en sourdine.
L’Histoire retiendra peut-être que dans cette course effrénée pour battre un adversaire, Kamala Harris n’a jamais vraiment couru pour elle-même.
Sofiane Dahmani, Chroniqueur