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17H53 - vendredi 8 novembre 2024

« Ensemble, nous pouvons vaincre le cancer ! » Michel Oks, Président bénévole de l’Association Vaincre le Cancer.

 

© Veeren/Bestimage

Depuis 2009, Michel Oks vous présidez bénévolement l’association VAINCRE LE CANCER – nrb, aux côtés du professeur Annelise Bennaceur Griscelli qui anime le Conseil Scientifique. En décembre 2020, Opinion Internationale avait eu l’honneur de présenter votre association et le remarquable travail réalisé par les médecins et chercheurs que vous accompagnez.

Vous organisez prochainement votre grand gala annuel permettant à votre association VAINCRE LE CANCER – nrb, de poursuivre son action.

Lors de notre dernier entretien, vous nous confiez que votre engagement a pour objectif d’offrir généreusement de votre temps pour permettre aux médecins et aux chercheurs de se concentrer sur l’essentiel : leurs travaux de recherches.

 

 

Nous comprenons que votre engagement est donc prioritairement consacré à la recherche de fonds.

D’après l’Observatoire des générosités, une enquête Odoxa réalisée* pour Leetchi et France Bleu, le don moyen des Français aux associations s’élève de 206 euros cette année, en hausse de 15 euros par rapport à 2023. Parmi les causes soutenues, la recherche médicale arrive en tête (39 %).

 

À la veille de votre grand gala annuel, qui permet à votre association VAINCRE LE CANCER – nrb, de faire appel à la générosité de vos invités, avez-vous observé cette tendance en 2024 ? Votre budget est-il toujours à 100% composé de dons privés ?

Michel Oks : Il faut regarder les chiffres en détail. Parler de don moyen est seulement un indicateur parmi d’autres tout aussi révélateurs. Ce que nous constatons ne va pas particulièrement dans ce sens. En fait, les dons sont peut-être plus importants mais ils se concentrent sur moins de donateurs. Les Français sont touchés par l’inflation. Bien que demeurant solidaires et généreux, nous observons une baisse des dons ponctuels et en particulier des « petits » dons.

Malheureusement, notre association ne perçoit aucune subvention publique. Elle ne peut compter que sur la générosité de ses donateurs privés,  particuliers et entreprises, conscients de la nécessité de soutenir la recherche contre le cancer en France.

C’est l’affaire de tous et nous nous battons, avec l’aide des membres d’honneur, ambassadeurs, administrateurs, équipe opérationnelle pour faire connaître les programmes d’avenir, collecter des dons indispensables et ainsi permettre aux programmes sélectionnés par notre comité scientifique d’avancer. Notre objectif est de focaliser les efforts de la recherche médicale sur ces thérapies de nouvelle génération contre le cancer, une maladie qui touche des millions de personnes tous les ans.

Un jour, dit la légende amérindienne, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

 

Alors soyons tous les colibris de la lutte contre le cancer et donnons à l’association Vaincre le Cancer les moyens de faire avancer la recherche pour le grand bien des malades et de l’ensemble de la population.

Je souhaite agir, je fais un don : https://www.vaincrelecancer-nrb.org/nous-soutenir/

 

Comment expliquez-vous que cette première cause de maladie en France  et de décès, ne soit pas désignée comme « grande cause nationale » à l’instar de la santé mentale ?

MO : C’est effectivement surprenant. Le cancer est la première cause de mortalité prématurée en France. Les derniers chiffres disponibles par l’INCa montrent que le nombre de cas estimés en 2023 est de 433 136 nouveaux cas et le nombre de décès est estimé à 162 000 décès. Chaque année, comme d’autres associations, nous œuvrons pour que la lutte contre le cancer soit une grande cause nationale, car le combat est permanent. Il y a bien la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, qui succèdent à de précédents plans nationaux, dont l’objectif est de réduire le poids des cancers dans le quotidien des Français (voir encadré ci-dessous), mais il faut aller plus loin. Une grande cause nationale et une mobilisation nationale sont plus que nécessaires.

J’ai souvent l’impression que nous n’avons pas assez conscience de deux choses :

– La dangerosité de cette maladie et sa large diffusion dans la population. Qui n’a jamais entendu un de ses proches ou un collègue dire «moi, je suis concerné, quelqu’un dans ma famille a eu un cancer.. » ?

– D’énormes progrès ont été faits ces dernières années et devraient encourager à redoubler d’efforts pour atteindre un objectif, celui que le cancer devienne une maladie, qui, si on n’arrive pas à la soigner totalement soit une maladie chronique dont on ne meurt plus et qui permette au patient de vivre le plus normalement possible.

En termes de survie, par exemple, entre 2010 et 2018, le nombre de décès par cancer poursuit sa baisse (baisse de 0,7 % par an entre 2010 et 2018 chez la femme et baisse de 0,2 % chez l’homme). Derrière ces baisses, grappillées par point de pourcentage, ce sont des vies humaines sauvées et ça n’a pas de prix.

Ces progrès sont dus en partie à des meilleures politiques de prévention, une amélioration du dépistage mais surtout et avant toute chose à des progrès incroyables réalisés par la recherche contre le cancer et appliqués aux patients.

C’est grâce au développement des nouvelles thérapies ciblées, à l’arrivée de l’immunothérapie qui réveille notre système immunitaire rendu aveugle devant les cellules cancéreuses, grâce au développement des nouvelles techniques de séquençage génétique, que tous ces progrès sont rendus possibles.

D’où l’urgence d’agir et de maintenir les efforts, au risque sinon que la filière de recherche d’excellence en France ne se tarit et ne soit plus compétitive et de dépendre des priorités d’autres acteurs de recherche dans d’autres pays, avec d’autres objectifs économiques, qui renchériront les coûts de traitement en France.

Plus que jamais, nous devons agir au quotidien pour maintenir une recherche de qualité en France et j’encourage tout le monde à agir, à sa façon, pour s’approprier et soutenir la lutte contre le cancer pour pallier nos budgets de recherche qui, même s’ils augmentent, sont très loin comparés aux budgets américains ou chinois.

 

Lors de votre discours à l’occasion du gala de 2022, vous dénonciez l’absence de « Cancerthon » au même titre que d’autres émissions emblématiques sur des sujets de santé publique. Votre initiative a-t-elle trouvé depuis une oreille attentive ?

MO : En effet, une grande émission de télévision type télécancer permettrait de financer la recherche contre le cancer. Malgré tous nos efforts et les différents rendez-vous, nous n’avons pas encore obtenu gain de cause, mais nous ne perdons pas espoir.

 

Pourriez-vous nous présenter quelques exemples clés de vos engagements de soutien aux programmes les plus novateurs ?

Professeur Annelise BENNACEUR-GRISCELLI (Présidente du Conseil Scientifique), onco-hématologue, directrice de laboratoire INSERM UMS 1310 et directrice du laboratoire CiTHERA de thérapie cellulaire et génique à EVRY.

MO :Chaque année, en fonction des dons collectés et des orientations de l’association, notre association Vaincre le cancer participe au financement  de 10 et 15 projets, à des bourses de recherche post doctorant ou à celles d’ingénieurs d’étude.

A titre d’exemple, dernièrement nous avons financé :

  • Un équipement pour améliorer la détection des risques d’embolie pulmonaire ou de récidives chez les patients atteints de cancer. Le risque de thrombose chez les patients atteints de cancer est élevé et représente la deuxième cause de mortalité.

  • Des équipements et du personnel pour le développement des analyses permettant d’améliorer la détection d’anomalies génétiques cliniquement significatives, pour à terme avoir une meilleure prise en charge des patients.

 

En 2023, vous avez créé le « centre de soins de suite » à Villejuif. Pourriez-vous nous préciser ses enjeux ?

MO : Nous avons effectivement créé un « centre de soins de suite et de mieux être » pour les patients atteints de cancer, près des hôpitaux sud de Paris : Le Kremlin Bicêtre, Paul Brousse ou encore l’Institut Gustave Roussy.

L’objectif de cet espace est d’aider les patients sur les effets secondaires liés à la maladie et aux traitements et d’assurer une meilleure qualité de vie, en support des traitements médicaux.

Dans ce lieu unique, plusieurs types d’ateliers de soins, animés par des intervenants qualifiés, sont proposés : comme de l’art-thérapie, des soins socio-esthétiques (en individuel et en groupe), de l’activité physique adaptée, des séances de sophrologie, des groupes de parole patients.

Ce programme aide les patients à mieux appréhender les changements physiques liés à la maladie et aux traitements ; à apprendre comment vivre la maladie, et à améliorer le plus possible sa qualité de vie tout au long de son traitement. Ces ateliers sont proposés gracieusement pour tous les patients qui peuvent être dans des situations de précarité ou de vulnérabilité. Nous voulons apporter de l’aide et de l’assistance. Le coût annuel est de 100 000 €.

Pour cet espace de « soins de suite », nous avons sollicité l’Ordre des Médecins en mai dernier pour avoir l’autorisation d’intégrer un jeune médecin généraliste, qui pourrait notamment recevoir les patients dans notre centre. Le médecin généraliste joue un rôle essentiel dans le suivi et l’accompagnement des malades après le cancer. Bien que nous ayons proposé de prendre en charge notamment le loyer et les frais de fonctionnement, nous n’avons pas eu de retour de l’Ordre des Médecins à ce jour, malgré nos relances. Sur ce sujet, nous ne désespérons pas non plus.

 

Avez-vous un message à adresser à Geneviève Darrieussecq, nouvelle ministre de la Santé, et au Premier ministre, Michel Barnier ?

MO : Nous demandons à Monsieur le Premier ministre et à Madame la ministre de la Santé que la première cause de mortalité en France soit classée comme grande cause nationale permanente.
Nous sollicitons également leur aide pour réussir enfin à mettre en œuvre un télécancer sur un des chaînes publiques indispensable pour continuer à financer la recherche.

 

Propos recueillis par Géorgia Sarre-Hector

 

Le Gouvernement se fixe des objectifs ambitieux, qui doivent être des supports de mobilisation et qui doivent placer notre action dans le quotidien de nos concitoyens :
  • Réduire de 60 000 par an le nombre de cancers évitables, à horizon 2040 (on l’estime aujourd’hui à environ 153 000 par an) ;
  • Réaliser un million de dépistages en plus à horizon 2025, sur le périmètre des dépistages existants (aujourd’hui, environ 9 millions de dépistages sont réalisés chaque année) ;
  • Réduire de 2/3 à 1/3 la part des patients souffrant de séquelles 5 ans après un diagnostic (en 2017, 3,8 millions de personnes vivent en France avec un cancer ou en ont guéri) ;
  • Améliorer significativement le taux de survie des cancers de plus mauvais pronostic, à horizon 2030 (en 2016, 7 localisations de cancer présentent un taux de survie à 5 ans inférieur à 33 %, à cela s’ajoutent les types, sous-types ou stades de cancers ne relevant pas de ces 7 localisations mais dont l’évolution reste très défavorable).

Quatre axes composent la stratégie décennale de lutte contre le cancer :

  • Axe 1 : Améliorer la prévention,

  • Axe 2 : Limiter les séquelles et améliorer la qualité de vie,

  • Axe 3 : Lutter contre les cancers de mauvais pronostic,

  • Axe 4 : S’assurer que les progrès bénéficient à tous.

 

*Pour un panorama complet de la générosité en France, voir le baromètre de la générosité publié par France Générosité, syndicat des associations et fondations, dont VAINCRE LE CANCER est membre : https://www.francegenerosites.org/ressources/barometre-de-la-generosite-2023-france-generosites-mai-2024/#:~:text=Progression%20de%202%2C1%25%20des%20dons%20en%20euros%20courants,appel%20d%27urgence%20médiatisée)